06.08.2015 - Oman en passe de devenir la Suisse du Moyen-Orient ?

Contrairement aux autres pétromonarchies du Golfe, le sultanat d'Oman n'a pas intégré la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles houthis au Yémen. Un véritable choix politique en parfaite conformité avec la position de neutralité que souhaite occuper le sultanat.

L'apparente neutralité adoptée par Oman dans le conflit au Yémen n'est pas une première dans l'histoire du sultanat. Lors de la première guerre du Golfe opposant l'Iran à l'Irak (1980-1988), le sultanat d'Oman s'était déjà bien gardé de prendre position. Alors que l'Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn avaient pris le parti de l'Irak, le sultanat d'Oman avait choisi, quant à lui, d'adopter une attitude neutre vis-à-vis des deux protagonistes. Le sultan Qabous s'était même prononcé à l'époque pour une levée de l'embargo et le retour de l'Irak dans le giron de la diplomatie golfienne.

Dès son accession au trône, en 1970, le sultan Qabous avait donné le « la » de la diplomatie d'Oman : « Pas de mimétisme, pas de saut dans l'inconnu, mais pragmatisme et empirisme (...). Indépendance et souveraineté, voilà les clefs de la politique étrangère d'Oman. » Tirant les conséquences de l'occupation britannique et de l'influence des puissances extérieures, le sultan a, à de multiples reprises, affirmé qu'il ne souhaitait pas qu'Oman soit impliqué « dans les conflits entre grandes puissances » ou encore qu'il soit « mis au service des intérêts d'autres pays ».

Bis repetita ?

Aujourd'hui, Oman est la seule pétromonarchie du Golfe à ne pas être engagée aux côtés de Riyad dans la coalition arabe contre les rebelles houthis au Yémen. Hasni Abadi, politologue, spécialiste du monde arabe et directeur du Cernam, précise qu'« Oman ne s'est pas opposé à la coalition menée par Riyad mais a décidé de ne pas en faire partie pour préserver l'harmonie entre les communautés ibadite et sunnite, et son rôle en tant que courtier de la paix », le sultan craignant la présence de dommages collatéraux. Trigane Yégavian, spécialiste du Moyen-Orient pour la Revue Conflits, justifie l'attitude d'Oman par le fait que « la sécurité du pays est une priorité absolue ». La vision stratégique de la politique diplomatique d'Oman s'explique donc par la présence d'intérêts internes et externes. En dehors de la crainte d'une déstabilisation du pays liée notamment à des difficultés d'ordre communautaire, la proximité du sultanat avec l'Arabie saoudite, le Yémen et l'Iran permet d'envisager les contours de sa politique étrangère. Oman dispose de frontières communes avec l'Arabie saoudite et le Yémen, et partage avec l'Iran le détroit d'Ormuz. Aussi, pour M. Yégavian, « la politique étrangère du petit État obéit traditionnellement à une logique de non-aligné, de non-engagement dans les conflits régionaux ». Déjà, en 2011, Oman « n'avait pas souhaité envoyer de troupes à Bahreïn pour mater la contestation populaire ».

 

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