L’adage attribué à Karl Marx veut que l’histoire ne se répète jamais mais qu’elle bégaye souvent. En d’autres termes, deux situations historiques ne sont jamais strictement identiques mais peuvent présenter des similitudes troublantes. À charge pour les observateurs de chaque époque d’en repérer les points communs mais aussi les différences, sachant que ce sont tantôt les uns, tantôt les autres qui dominent.

L’état actuel de la géopolitique mondiale est marqué par un fait déjà ancien : l’hégémonie des États-Unis d’Amérique, assistés par leurs vassaux, intégrés entre autres dans l’Union européenne et l’OTAN. L’ascension de Washington comme centre de la politique mondiale semble irrésistible depuis la Première Guerre mondiale, qui a considérablement affaibli les pays européens. Elle est devenue un phénomène majeur et indéniable avec la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon de l’ère Shōwa en 1945. Superpuissance du temps où l’Union soviétique contrecarrait leurs plans dans une partie de la planète, les États-Unis ont atteint le statut d’hyperpuissance avec l’effondrement du bloc de l’Est entre 1989 et 1992.

Les années 90 ont été caractérisées par la toute-puissance de Washington et de l’idéologie libérale que défendent les États-Unis depuis leur fondation. Pourtant, alors que Francis Fukuyama prédisait la fin de l’histoire par l’extension indéfinie de la démocratie libérale et de l’économie de marché, les années 2000 ont marqué le retour sur la scène internationale de la Russie en tant que puissance régionale majeure mais aussi l’essor de la Chine et l’apparition d’autres puissances économiques et politiques désireuses de s’affirmer (Inde, Brésil, Corée du Sud, Indonésie, Mexique, Argentine, etc.)

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