08.04.2015 - Pleins feux sur le procès de la décennie à Ottawa

Pendant les 41 jours d’audiences, les témoignages de Mike Duffy et des proches du premier ministre s’affronteront.

Plusieurs le qualifient de plus important procès de la dernière décennie sur la scène politique. Dans un camp : un journaliste-vedette du Canada anglais, devenu un sénateur conservateur-vedette et l’un des plus grands atouts du financement de son parti. Dans le camp adverse : un Parti conservateur avec, dans sa mire, un nouveau mandat dans quelques mois, qui espère que les révélations du sénateur déchu ne l’éclabousseront pas trop.

Et la question qui sera sur toutes les lèvres, au fil des 41 jours d’audiences pour le procès de Mike Duffy qui débute ce mardi : que savait le premier ministre de ce fameux chèque de 90 000 $ que son ancien chef de cabinet, Nigel Wright, a remis au sénateur ? Et qui a eu l’idée fatidique de voir M. Wright rembourser les dépenses de M. Duffy ?

Tous les yeux seront rivés sur les témoignages de ces deux hommes, au cours des huit semaines d’audiences.

Mike Duffy s’est fait discret depuis plus d’un an. Personne ne l’a vu ou entendu depuis que la Chambre haute l’a suspendu, à l’automne 2013. Idem pour Nigel Wright, qui est reparti travailler à Londres sans jamais expliquer publiquement ce qui s’était passé entre lui et le sénateur, ainsi que dans l’enceinte du bureau du premier ministre au fil des mois qui ont précédé sa décision de mettre un terme à toute cette affaire et de verser lui-même un chèque de 90 000 $ à Mike Duffy.

S’affronteront, au palais de justice d’Ottawa, deux versions d’une saga qui a monopolisé la scène politique il y a deux ans.


La version de la GRC

Au terme de son enquête ayant duré un an et demi, la Gendarmerie royale du Canada a déposé l’été dernier 31 chefs d’accusation de fraude, d’abus de confiance et de corruption contre le sénateur. Au fil de ses travaux, la GRC a mené des dizaines d’entrevues et épluché des milliers de courriels.

Verdict : l’ancienne avocate de Mike Duffy, Janice Payne, semble avoir fait pression pendant des mois sur le bureau du premier ministre (BPM) pour s’assurer que son client n’ait pas à rembourser lui-même la facture qui lui était réclamée. Et Mike Duffy devait aussi être exonéré après les deux enquêtes sur ses comptes de dépenses. Les échanges étaient si fréquents que le sénateur et son avocate en sont venus à exaspérer leurs interlocuteurs.

Des documents déposés en cour par la GRC citent également une douzaine de noms mêlés aux discussions, tant des employés du BPM que des sénateurs conservateurs qui siégeaient au comité de régie interne qui enquêtait sur M. Duffy. Le BPM discutait avec les sénateurs David Tkachuk, Marjory LeBreton et Carolyn Stewart-Olsen pour qu’un rapport du Sénat soit plus clément à l’endroit de M. Duffy, puisque ce dernier aurait remboursé les allocations injustement réclamées. Le sénateur Irving Gerstein, de son côté, a appelé un « contact » chez Deloitte pour s’assurer que la firme cesse ses vérifications. Le sénateur Tkachuk a conseillé à Mike Duffy d’écrire à Deloitte pour réclamer la même chose.

 

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