25.04.2018 - Le patronat canadien demande à Trudeau de réprimer l’opposition à l’oléoduc Trans Mountain

Les médias corporatifs, l'industrie pétrolière et le milieu des grandes entreprises en entier, exigent à l’unisson que le premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement libéral fassent tout en leur pouvoir afin d’assurer la complétion rapide de l’oléoduc Trans Mountain, lequel doit transporter le bitume des sables de l’Alberta vers la côte de la Colombie-Britannique.

De nombreux commentateurs dans les médias ont déclaré que le sort du gouvernement Trudeau était maintenant en jeu. Selon eux, l’incapacité à faire respecter «l'intérêt national» nuira à la position concurrentielle du Canada, nuira à la fédération canadienne et incitera les investisseurs nationaux et internationaux à retirer leur soutien aux libéraux de Trudeau.

Certains exhortent Trudeau à invoquer la Loi sur les mesures d'urgence, qui a succédé à la tristement célèbre Loi sur les mesures de guerre. D'autres demandent à ce qu'Ottawa déploie l'armée.

Trudeau et son gouvernement se sont empressés de promettre que le projet de 7,6 milliards de dollars canadiens, qui permettrait de tripler la capacité d'un oléoduc existant, sera construit, et ce rapidement. «L'échec n'est pas une option», a déclaré le ministre des Finances Bill Morneau la semaine dernière.

À la fin d'une réunion d'urgence avec les premiers ministres de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, Trudeau a réitéré ses affirmations précédentes selon lesquelles l’oléoduc est dans «l'intérêt national». «Nous sommes absolument déterminés» à faire progresser cette «saison de construction». «C'est ce que les Canadiens attendent de nous et, franchement, les investisseurs internationaux qui cherchent à créer des emplois au Canada veulent nous voir en mesure de le faire.»

Le projet Trans Mountain a longtemps été un bourbier politique. De larges pans de la population canadienne, en particulier en Colombie-Britannique, s'y opposent en raison de son impact négatif sur les groupes autochtones et l'environnement. Au cours des derniers mois, le projet d’oléoduc a fait l'objet d'une querelle entre le gouvernement néo-démocrate de l'Alberta et le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique, qui dépend du soutien de trois députés Verts pour sa majorité parlementaire.

Ce qui a provoqué le différend sur les oléoducs a été l'annonce faite le 8 avril par Kinder Morgan (KML), basée aux États-Unis, annonçant son intention de suspendre tous les travaux non essentiels sur le projet et qu’elle pourrait bientôt le larguer complètement. Si «le risque inacceptable» pour les actionnaires de KML n'est pas éliminé avant le 31 mai, a déclaré Steve Kean, président-directeur général de KML, «il est difficile de concevoir un scénario dans lequel nous pourrions poursuivre le projet».

Trudeau a déclaré que son gouvernement présentera bientôt une loi affirmant et renforçant le contrôle fédéral sur le projet d’oléoduc. Précédemment, Ottawa avait insisté sur le fait qu'une telle mesure n'était pas nécessaire, car la Constitution du Canada lui confie carrément la responsabilité de l'infrastructure de transport interprovinciale. Cela laisse supposer que la loi à venir renforcera l'autorité fédérale, peut-être en mettant de côté les processus réglementaires locaux et du gouvernement de la C.-B., en limitant les manifestations contre les oléoducs et en augmentant les pénalités juridiques pour les manifestants qui cherchent à empêcher la construction d’oléoducs.

Le gouvernement fédéral s'est joint à l'Alberta en offrant d'investir dans Kinder Morgan ou de lui fournir des garanties de prêts pour réduire le «risque» des actionnaires. Le gouvernement Trudeau envisagerait également de menacer la Colombie-Britannique de sanctions financières si elle n'abandonnait pas rapidement ses objections face au projet d’oléoduc. Selon Morneau, «Toutes les options sont sur la table».

La semaine dernière, le gouvernement néo-démocrate de l'Alberta, entièrement redevable aux grandes pétrolières, a déposé un projet de loi qui lui donnerait l'autorité juridique de restreindre les exportations de pétrole vers la Colombie-Britannique. Le gouvernement de droite en Saskatchewan a promis de faire de même.

Une telle législation est perçue avec prudence par l'élite canadienne. Il est non seulement peu probable qu’elle résolve les problèmes d’ici la date limite du 31 mai imposée par KML, mais elle pourrait très bien être invalidée par les tribunaux. De plus, si l'Alberta essayait de punir la Colombie-Britannique en coupant ou en réduisant le flot de pétrole, elle entraînerait le pays dans une guerre commerciale interprovinciale.

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