21.04.2018 - L’intérêt national du Canada anglais pétrolier

Le projet d’oléoduc Trans Mountain déchire l’Ouest canadien. D’un côté, l’Alberta et son gouvernement néo-démocrate, dirigé par Rachel Notley, appuient sans réserve la  construction de l’oléoduc appartenant à la texane Kinder Morgan. De l’autre, la Colombie-Britannique et son gouvernement de coalition des néo-démocrates et des Verts maintiennent leur opposition, reflétant ainsi l’opinion des citoyens de la ville de Burnaby et de ses environs et des communautés autochtones touchées par le projet. L’opposition à l’oléoduc est même une condition sine qua non des Verts au maintien de la coalition gouvernementale.

L’entreprise Kinder Morgan a fait monter les enchères en annonçant qu’elle suspendait la construction de Trans Mountain, étant donnée l’opposition britanno-colombienne. Cette décision a soulevé l’ire des Albertains et, surtout, a forcé le gouvernement fédéral de Justin Trudeau à prendre position. Le gouvernement central va imposer la construction de l’oléoduc, malgré l’opposition de la population touchée par ce pipeline, malgré la volonté du gouvernement de Colombie-Britannique et de ses lois.

Au bout du compte, c’est le fédéral qui tranche, tant pis pour la Colombie-Britannique et son gouvernement. Justin Trudeau invoque l’intérêt national. Le Canada a choisi de se définir comme État pétrolier. Il doit maximiser les débouchés de son pétrole sale qui, aussi longtemps qu’il sera enclavé, se vendra moins cher. Tant pis pour l’environnement. Tans pis pour les engagements pris à la COP21 à Paris. Tant pis pour les gens confrontés aux risques du nouvel oléoduc. Tant pis pour la démocratie !

Avec cette décision, on ne peut pas accuser les Libéraux de clientélisme électoral. Ils ont présentement trois sièges en Alberta et dix-huit en Colombie-Britannique. Les Libéraux pourront difficilement augmenter leur nombre de sièges en Alberta, où on préfère les Conservateurs, mais pourront facilement en perdre en Colombie-Britannique.

De plus, comme le rappelle Jeffrey Sachs de l’Université Columbia, cette décision mine la crédibilité internationale du gouvernement Trudeau. Sachs explique que Justin Trudeau était aux premiers rangs pour prendre des engagements à la COP21, mais qu’il lui sera impossible de les honorer avec la construction de cet oléoduc.

Il s’agit bien du gouvernement au pouvoir à Ottawa, celui qui gouverne en fonction des intérêts de la nation canadienne-anglaise, incarnée ici par Toronto et Calgary, et qui se définit par le pétrole. Par exemple, ce sont les banques ontariennes qui financent les sables bitumineux. Ce sont les aciéries ontariennes qui fabriquent les tuyaux.

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