17.03.2018 - Un faux pas de Québec soulève l’ire des autochtones

Des représentants des Premières Nations sont « insultés » et « exaspérés » des « positions honteuses » prises par Québec dans une communication officielle avec Ottawa, dans laquelle le gouvernement Couillard exprime son malaise face à l’implication des autochtones dans la procédure d’évaluation environnementale de projets.

Les excuses formelles envoyées jeudi soir par les ministres Isabelle Melançon et Geoffrey Kelley ne suffisent pas : des représentants des Premières Nations ont remis en doute vendredi la sincérité de Québec dans son approche avec les autochtones.

« Est-ce que ça vaut la peine ? Est-ce que toute l’énergie que j’ai dépensée depuis trois ans et demi vaut la peine ? » a demandé le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard.

Au coeur du différend, une lettre que le sous-ministre à l’Environnement Patrick Beauchesne a envoyée au début du mois à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, au sujet du projet de loi C-69, qui prévoit une implication accrue des autochtones dans le processus d’évaluation environnementale de divers projets.

« L’intention du gouvernement fédéral de tenir compte systématiquement du savoir autochtone, au même titre que la science et les données probantes, pourrait s’avérer problématique dans les cas où le savoir autochtone et la science se révéleraient contradictoires », a écrit le sous-ministre dans une lettre dévoilée par Radio-Canada.

Le « savoir autochtone » est une notion « qui nous apparaît très large et mériterait d’être bien définie », a-t-il ajouté.

Des autochtones furieux

« La lettre ne visait ni plus ni moins qu’à limiter le rôle des Premières Nations dans le processus d’évaluation environnementale fédéral et doit être officiellement retirée et reformulée en collaboration avec les Premières Nations », ont réagi des représentants de la nation innue. « Notre droit de regard sur nos ressources semble déranger le gouvernement du Québec. Que l’on soit consulté lorsqu’il s’agit de mettre en valeur notre territoire, c’est cependant pour nous une question de dignité », a ajouté le Conseil de la nation attikamek.

La ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, a aussi fait un pied de nez à Québec en réaffirmant ses intentions dans un tweet. « Nous rendrons obligatoire la prise en compte du savoir traditionnel autochtone [dans la procédure d’évaluation environnementale], au même titre que la science et d’autres critères », a-t-elle martelé.

Dans sa lettre d’excuses, Québec s’est défendu d’avoir voulu « nier l’importance des droits et du savoir des autochtones ». « La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, notamment, nous amène d’ailleurs à mettre en oeuvre de nouvelles manières de faire. C’est ce que nous souhaitons réaliser en collaboration avec vous », ont écrit les ministres de l’Environnement et des Affaires autochtones, Isabelle Melançon et Geoffrey Kelley.

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