23.06.2017 - L’escalade américaine en Syrie et la menace d’une guerre mondiale

Après qu’un avion de chasse syrien a été abattu dimanche par les États-Unis, et après l’avertissement russe du lendemain selon lequel la Russie considérera tous les avions de combat américains qui volent à l’ouest de l’Euphrate comme des cibles pour leurs missiles sol-air, la menace d’une confrontation entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde est maintenant plus grande qu’à tout moment depuis la crise des missiles cubains il y a près de 55 ans.

Cette menace, qui entraîne la sombre perspective de l’anéantissement de l’humanité, est le produit d’une escalade calculée de la part de l’impérialisme américain.

L’avion de chasse syrien abattu a marqué l’occasion pour la première fois en ce siècle qu’un avion de guerre américain a abattu l’avion d’un autre pays. La dernière occasion d’un tel combat aérien a eu lieu en 1999 lors de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Serbie, lorsqu’un avion de combat américain avait abattu un MiG serbe.

La gravité de l’événement a été soulignée mardi par l’annonce de l’Australie qu’elle retient au sol ses avions qui effectuaient auparavant des vols en Syrie. L’Australie était l’un des rares membres de la « coalition contre l’État islamique » dirigée par les États-Unis à avoir contribué de manière notable à la campagne aérienne américaine de plus en plus meurtrière contre l’Irak et la Syrie. Alors que le chef des d’état-major interarmées des États-Unis, le général Joseph Dunford, a réagi à la menace russe par une bravade, exaltant la capacité des pilotes américains à « bien s’en sortir », l’armée australienne croit sérieusement que l’un de ses avions pourrait être abattu.

L’escalade du conflit s’est poursuivie mardi avec un drone iranien abattu par un avion de guerre américain dans le sud-est de la Syrie.

Quelles seront les conséquences si une batterie de missiles sol-air russe tire sur un avion américain considéré comme une menace imminente pour les forces de Moscou au sol en Syrie, ou d’ailleurs si un avion de guerre américain « éclairé » par le radar d’un site de missile SAM russe prend une action préventive ?

Personne ne le sait. Les « experts » complaisants de la politique étrangère américaine insistent sur l’idée que la dernière chose que Washington ou Moscou veulent est une conflagration nucléaire, et que, par conséquent, cela n’arrivera pas. Cet argument fallacieux est ensuite utilisé pour justifier une agression américaine débridée.

La supposée rationalité des classes dirigeantes capitalistes s’est à maintes reprises révélée sans aucun effet dissuasif sur le déclenchement de guerres catastrophiques. Comme l’a rappelé l’ancien secrétaire à la Défense, Robert McNamara, dans le documentaire Fog of War (Brouillard de guerre), lors de la crise des missiles cubains, « les individus rationnels » – Kennedy, Khrouchtchev et Castro – « étaient à deux doigts d’une destruction totale de leurs sociétés ».

De plusieurs façons, la situation actuelle est encore plus explosive qu’en 1962. À cette époque, la demande du chef d’état-major fascisant de l’armée de l’air, le général Curtis LeMay, de pouvoir bombarder les sites de missiles russes à Cuba était rejetée par le président Kennedy. Aujourd’hui, la politique militaire des États-Unis en Syrie et, en l’occurrence, en Irak, en Afghanistan et à travers le monde, a été déléguée par Trump à une cabale de généraux en service ou récemment mis à la retraite, dirigée par le secrétaire à la Défense James Mad Dog Mattis, ainsi qu’aux commandants de secteur, dont les opinions, dans la plupart des cas, ne se distinguent pas de celles de LeMay.

Un aperçu de leur attitude à l’égard de la crise syrienne a été fourni par un forum récent du conseil des affaires étrangères mettant en vedette la conseillère de longue date du Pentagone sur les guerres en Afghanistan et en Irak, Kimberly Kagan.

Kagan, qui dirige maintenant l’Institut d’étude de la guerre, a d’abord invoqué le prétexte galvaudé de la « guerre contre le terrorisme » comme justification de l’intervention des États-Unis. La Syrie, a-t-elle affirmé, représentait une « menace vitale pour la sécurité nationale » parce qu’elle « exportait la terreur et les groupes terroristes en dehors de ses frontières ». Elle a reconnu que l’État islamique (ÉI) représentait une menace, mais a insisté par la suite sur le fait que Al-Qaïda posait un danger encore plus grave parce qu’on a permis à ce dernier d’établir « son propre refuge dans la province d’Idlib ».

L’hypocrisie est renversante. La Syrie n’est pas un pays « exportateur » de terreur, mais plutôt la victime des milices liées à Al-Qaïda qui ont été déchaînées sur le pays par la CIA et les alliés régionaux de Washington dans une guerre de changement de régime. En ce qui concerne le « refuge » d’Al-Qaïda, il a été défendu par les États-Unis, qui ont dénoncé à plusieurs reprises le gouvernement syrien et la Russie pour avoir bombardé ces soi-disant « rebelles » et ont insisté pour que seul l’État islamique puisse être ciblé.

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