25.04.2017 - Pour comprendre le phénomène Boko Haram

Le film intitulé Boko Haram, les origines du mal est présenté à la Cinémathèque québécoise dans le cadre du Festival Vues d’Afrique. Le réalisateur, Xavier Muntz, explique dans son documentaire pourquoi la secte religieuse, du nom de Boko Haram, est devenue le groupe terroriste le plus meurtrier au monde.

« Le but au départ était de comprendre qui est Boko Haram. En France, on avait tous entendu parlé de Boko Haram lors de l’enlèvement des lycéennes de Chibok, sans plus », de déclarer Xavier Muntz, en entrevue avec l’aut’journal.

Pour comprendre le phénomène, il faut remonter à 2002. Maiduguri, capitale de l’État du Borno dans le nord-est du Nigeria, est le berceau de la secte Boko Haram. Dans cet État, les lois islamiques sont en vigueur depuis le 11e siècle.

Pour moraliser la vie politique, la majorité musulmane souhaite voir la charia être appliquée plus strictement. Boko Haram va s’appuyer sur cette revendication populaire pour émerger et s’accroître. Un jeune homme de 32 ans commence à se faire connaître dans certaines mosquées de Maiduguri.

Ses prêches sont considérés comme étant trop fondamentalistes, mais sa personnalité et son charisme impressionne de plus en plus. Mohamed Yussuf, le fondateur de Boko Haram, se fait rapidement de nouveaux adeptes. Il dénonce les dirigeants politiques. Il devient très populaire, car il est un très bon orateur et qu’il tient des sermons très politiques.

« Il s’est levé contre l’establishment et contre les abus dans la société, en leur donnant une interprétation religieuse. Le thème principal est que l’État est corrompu », raconte le réalisateur. Ainsi, il disait qu’il leur fallait avoir leur propre territoire où régnerait la justice. « On gouvernera différemment et il y aura la justice pour tous », disait-il.

C’est arrivé au moment où les idéaux socialistes et communistes se sont écroulés. Dans les universités, il y avait beaucoup de marxistes et de socialistes. Beaucoup de jeunes rêvaient à une société alternative. Avec la fin du communisme, les gens sont devenus plus religieux.

Les Britanniques ont laissé aux dirigeants du Nigeria un pays profondément divisé. Le Sud est riche en pétrole et regroupe les communautés chrétiennes qui ont profité des programmes d’éducation mis en place par l’ancienne puissance coloniale. Le Nord est pauvre et rural et regroupe les communautés musulmanes. Dans certains milieux traditionnels, l’éducation occidentale est toujours perçue comme étant une prolongation coloniale.

Le Nigeria est aujourd’hui la première puissance économique en Afrique. Pourtant, plus de la moitié de sa population vit sous le seuil de la pauvreté. Gangrené par la corruption des élites, le gouvernement perd progressivement la confiance de sa population.

Les pauvres rejoignent le discours de la secte, car on leur promet de mettre en place un État islamique rêvé et la charia qui est, pour eux, une forme de justice sociale. Désormais, les riches ne pourront plus détourner l’argent public. On rejoint la secte parce qu’on est convaincu qu’elle va permettre d’améliorer la vie quotidienne à travers une pratique plus rigoureuse de l’islam.

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