Le traité transatlantique, voulu par les Etats-Unis, va aboutir à définir des normes mondiales pour les produits industriels. Elles s'imposeront ensuite aux autres accords commerciaux, avec la zone pacifique, notamment. par Thomas Porcher et Frédéric Farah, économistes et auteurs de "TAFTA : l'accord du plus fort (éd. Max Milo)"
Le projet du grand marché transatlantique est en préparation depuis plus de vingt ans, mais il a subi une nette accélération depuis 2009. Cette accélération des négociations s'est faite dans un contexte de bouleversement économique et géopolitique mondial avec la montée en puissance de la Chine et d'autres pays émergents. Mais, dans cette alliance stratégique visant à redéfinir la gouvernance économique mondiale, l'Europe semble être le pion des États-Unis.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États ont essayé de donner des règles au commerce international. Afin que l'ensemble des pays soient traités sur un pied d'égalité, le GATT a mis en place un certain nombre de principes : réciprocité, transparence et diffusion de la clause de la nation la plus favorisée. Cette clause veut que lorsqu'un pays accorde une faveur, notamment tarifaire, à un autre pays, il l'accorde à tous les pays commerçant avec lui et que les producteurs étrangers soient soumis aux mêmes règlementations que les producteurs nationaux. Le but du GATT, puis de l'OMC, était clairement affiché : développer un cadre pour favoriser le multilatéralisme.
Un multilatéralisme de façade
Mais derrière les beaux principes de fond comme de forme - négociations transparentes et mobilisation du plus grand nombre de pays -, le multilatéralisme n'a jamais eu lieu. Les pays riches ont souvent établi l'ordre du jour des négociations et ont fait en sorte de sortir vainqueur dans le marchandage des règles à fixer. Par exemple, ils ont toujours accepté de libéraliser les secteurs nécessitant des technologies (car eux seuls les avaient) et ont refusé d'ouvrir les secteurs où ils pouvaient être concurrencés (agriculture et textile). Même droit ne veut pas dire même possibilité. Le multilatéralisme prôné par le GATT, puis par l'OMC, n'efface pas la domination des pays riches. Il faut être bien naïf pour penser que dans les rounds de négociations, le Mali a autant de pouvoir que les États-Unis ou le Royaume-Uni.
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