24.02.2017 - L’énigme Trump : entre rêve et réalité, il reste un espoir

 

Pour beaucoup de partisans de Trump la semaine dernière a été douloureuse. Que nous ayons choisi de réagir par une panique abjecte ou que nous ayons prétendu que rien ne s’était passé, quelque chose s’est produit et c’était quelque chose d’important : les agences à trois lettres ont fait un coup d’État de facto contre Donald Trump en le forçant à congédier son plus important conseiller en politique étrangère et l’homme qui avait osé déclarer qu’il voulait réformer la communauté américaine du renseignement, hypertrophiée et largement inefficace.

 

Il n’y a aucun moyen de faire bonne figure face à ce qui s’est passé. Non seulement parce que cela a montré que Trump n’était pas fidèle à ceux qui lui font confiance, mais parce que cet épisode a quasiment tué ce que j’appellerais le « rêve Trump ». J’ai bien choisi mes mots. Je parle de « rêve Trump » par opposition à la réalité Trump. Laissez-moi expliquer.

Le « rêve Trump »

Quand Trump a remporté les élections, les espoirs sur ses actions futures ont été très grands. Cela va de « Trump va remodeler à jamais le système international, mettre fin à l’Empire et apporter la paix et la prospérité aux États-Unis » à « il ne sera jamais aussi mauvais que Hillary, peu importe ce qu’il fera ». Sur ce spectre, je vais énumérer les éléments clés du« rêve Trump » :

1. Drainer le marécage, renvoyer les néocons dans les bas-fonds d’où ils ont émergé il y a 24 ans, réformer la communauté américaine du renseignement, peut-être même dissoudre la CIA ou tout au moins la subordonner au président.

2. Faire la paix avec la Russie et négocier un « grand accord » qui préciserait clairement comment les USA et la Russie agiraient les uns envers les autres et conjointement contre les menaces communes. À tout le moins, cela impliquerait un accord sur l’Ukraine et la Syrie.

3. Travailler avec la Russie pour créer un nouveau système de sécurité européen qui maintiendrait l’OTAN comme organisation politique mais qui la diluerait dans un nouveau cadre de sécurité allant du Portugal aux montagnes de l’Oural et qui inclurait une version XXIe siècle du traité des Forces conventionnelles en Europe.

4. Cesser de verser des milliards de dollars dans l’Empire et les réorienter vers les États-Unis et leurs infrastructures en décomposition, vers les soins médicaux, l’éducation, les petites entreprises, etc., d’immenses ressources étant actuellement gaspillées dans la guerre, l’agression et la subversion. Jusqu’à ce jour, les secteurs les plus profitables de l’économie américaine étaient le complexe militaro-industriel et la finance. L’espoir était que Trump relancerait l’économie réelle : la production de biens et de services.

5. Mettre fin à ce que j’appellerais la « dictature des minorités » et la remplacer par une restauration de la souveraineté de la majorité du peuple américain sur son pays. Les« Rachel Maddows » qui étaient les « maîtres idéologiques » du régime anglo-sioniste seraient doucement reconduites à la porte et remplacées par des gens auxquels la plupart des Américains pourraient s’identifier.

6. La loi et l’ordre seraient rétablis aux États-Unis et le flux incontrôlé d’immigrants serait finalement réglementé, au moins dans une certaine mesure.

7. Dernier, mais certainement pas le moindre, Trump n’adhérerait pas à cette stupide, contre-productive et auto-destructrice campagne de dénigrement rhétorique de l’Iran et de la Chine. Rappelez-vous, ce que j’énumère ici n’est pas une évaluation réaliste de ce que Trump pourrait faire une fois au pouvoir, mais ce que j’ai délibérément appelé le« rêve Trump » en mettant l’accent sur le premier mot. Bien sûr, il y a sûrement ceux qui voulaient voir Trump proférer des menaces et peut-être même commencer une guerre avec l’Iran ou la Chine, mais je ne les ai pas rencontrés – par ailleurs, ce ne sont pas des gens que j’aime avoir autour de moi. Encore une fois, c’est mon aperçu, subjectif et personnel de ce que je pense être les rêves de beaucoup (la plupart ?) des partisans de Trump, rien de plus.

Après cette dernière semaine, je dirais que, pour l’essentiel, ce rêve est maintenant terminé, en particulier les points 1,2,3 et 5, les points 6 et 7 sont dans le coma et seul le point 4 est fiévreux, avec un écoulement nasal, mais pourrait encore vivre.

Le principal, bien sûr, est le point 1 : le drainage du marais. En d’autres termes, arracher le pouvoir aux néocons et à l’État profond des États-Unis et le remettre à qui il appartient : au président avec le mandat de la majorité du peuple américain. C’est, hélas, la plus grande perte que nous ayons subie la semaine dernière : l’homme qui était censé drainer le marais a reçu une humiliante raclée par un État profond enivré par son infini culot. Le plus gros problème n’est pas que Flynn ait été renvoyé, bien que ce soit une grosse affaire, mais le fait que l’État profond a forcé Trump à trahir publiquement Flynn et à le dépouiller, au lieu de se débarrasser de ceux qui ont été impliqués dans cette révolution de palais.

Ce que l’État profond a démontré cette semaine, c’est que tout le monde au sein du pouvoir exécutif ne sert pas l’intérêt du président, mais celui de l’État profond, y compris probablement Donald Trump lui-même.

En éliminant le second de Trump, les néocons ont maintenant montré au monde que tous les autres, le troisième, le quatrième, etc. et peut-être même le premier, The Donald, sont tous là seulement dans la mesure où les néocons le veulent bien. Je suis personnellement convaincu que si Donald Trump ne trouve pas en lui-même le courage de mener une contre-attaque majeure, les néocons trouveront un moyen pour le virer de la Maison Blanche avant le terme de son mandat. C’est typiquement leur style : envoyer desmessages et faire un exemple.

Si Trump se soumet, ils pourraient, peut-être, lui laisser faire un peu des points 6 (la loi et l’ordre) et 4 (rediriger un peu d’argent vers la patrie). En ce qui concerne le point 7 (harcèlement de l’Iran et de la Chine), c’est la seule partie de son programme qu’ils soutiendront avec enthousiasme – ce qui ruine également le rêve de le voir agir contre ce non-sens absolu.

Alors oui ! C’est mauvais, et il n’y aura pas de miracle, le rêve est vraiment terminé.

Cependant, remettons cela en perspective.

La réalité Trump

Si le rêve est terminé, ce n’est pas une raison pour se décourager ou prétendre que le soutien à Trump a été une erreur. Je vous prie de toujours garder à l’esprit que l’alternative était Hillary Clinton.

L’un de mes commentateurs favoris, Ruslan Ostashko a dit brillamment :

« Pas une seule personne raisonnable ne s’attendait à ce que Trump montre une véritable amitié, ou un amour, pour la Russie, ou une reconnaissance immédiate de la Crimée en tant que partie de la Russie. Notre joie à l’élection de Trump était liée à un seul facteur : avec Clinton, nous n’avions aucune chance, aucune, de nous entendre sur quoi que ce soit. Si Clinton était maintenant assise à la Maison Blanche, nous ne discuterions pas de la question de la reconnaissance de la Crimée ou de l’avenir des sanctions américaines. Nous devrions essayer de deviner quand la guerre nucléaire commencera, nous étudierions nos cartes des abris anti-atomiques, comment utiliser un compteur Geiger, et comment doser correctement les comprimés d’iode. »

Il a absolument raison, bien sûr. C’est aussi exactement ce que j’ai écrit le 9 novembre après l’élection :

Ainsi, c’est arrivé : Hillary n’a pas gagné ! Je dis cela au lieu de dire que « Trump a gagné » parce que je considère le premier événement encore plus important que le second. Pourquoi ? Parce que je n’ai aucune idée de ce que Trump fera ensuite. Cependant, j’ai une excellente idée de ce que Hillary aurait fait : la guerre avec la Russie. Trump ne fera probablement pas ça.

Je n’ai jamais cru au « rêve Trump ». J’étais simplement un partisan de Trump, j’avaisl’espoir qu’il ne serait pas seulement mieux que Hillary, mais qu’il pourrait livrer, au moins, une partie de son message de « rêve ».

Mais s’il faut choisir entre voir les néocons humilier Trump ou la guerre thermonucléaire – alors je choisis le premier, avec gratitude.

De plus, si désagréable soit cette pensée pour beaucoup d’Américains, c’est un fait indéniable que les États-Unis sont actuellement l’hôte sur lequel le parasite anglo-sioniste se nourrit, et que ce parasite utilise pour essayer de dominer la planète entière.

Ce qui se passe maintenant est que les néocons et l’État profond ont réussi à reprendre le contrôle de leur hôte, mais seulement au prix d’un affaiblissement majeur de celui-ci. Et cela est objectivement bon pour notre planète. Tout comme le coup d’état en Turquie a fini par éviscérer les services militaires et de sécurité turcs, et réduire considérablement leur capacité d’influencer les événements en Syrie – c’est en partie pourquoi Erdogan joue maintenant au ballon avec les Russes et les Iraniens – la révolution de couleur en cours contre Trump a castré la puissance de l’hôte américain et, par conséquent, du parasite anglo-sioniste. D’une part, l’ensemble de l’establishment politique est si profondément impliqué dans la lutte pour le pouvoir aux États-Unis qu’il reste très peu d’énergie bureaucratique pour faire face à autre chose. De plus, sur le plan politique, laNation indispensable et la Cité sur la colline sont maintenant la risée de la planète. La prochaine fois qu’un propagandiste du Département d’État commencera à régurgiter l’habituel baratin aux classes laborieuses sur la démocratie, les droits de l’homme et les élections justes, il sera accueilli par un rire hystérique et les cris de « Médecin, va te soigner ! » Et, franchement, Dieu seul sait où ce processus peut nous mener ensuite. Pour ma part, je ne voudrais absolument pas exclure la possibilité d’une guerre civile aux États-Unis. Et avant que cette déclaration ne soit saluée par des railleries et l’ensemble habituel de sarcasmes ad hominem, permettez-moi de vous rappeler que j’ai prédit la guerre civile en Ukraine alors que presque tout le monde était dans le déni total (voir ici :Les portes de l’enfer s’ouvrent en Ukraine, écrit le 20 novembre 2013). À l’heure actuelle, je ne prédis pas une guerre civile aux États-Unis, mais je dis qu’elle est devenue une réelle possibilité.

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