05.02.2017 - Du rêve multiculturel au cauchemar multiconflictuel

Face au déluge de commentaires empreints de grande émotion,  voire proches de l'hystérie,  relatifs à la terrible tuerie de Sainte-Foy, il apparaît essentiel d'aborder l'évènement avec un minimum de sérénité.  Devant l'horreur, il importe plus que jamais de raison garder et, a fortiori, de réfléchir sur les conséquences de cette tragédie pour l'avenir du Québec. Plusieurs niveaux d'analyse s'entrecroisent et se superposent, rendant l'événement pratiquement illisible pour le commun des mortels.

Laissant des dizaines de familles meurtries, des veuves et des orphelins arrachés à leurs maris et leurs pères, le massacre du Centre islamique de Québec est un drame humain épouvantable. De nombreuses personnes parmi les témoins ne se remettront probablement jamais de cet évènement horrible. Des dizaines de vies sont brisées par l’acte horrifiant commis par Alexandre Bissonnette.

Cependant, le drame humain que représente ce carnage ne doit pas nous empêcher de réfléchir au contexte dans lequel ce massacre s'est produit et aux conséquences qu’il aura sur le Québec .

#pasdamalgame ?

Comme nous l’avons tous constaté, la récupération politique de l’attentat ne s’est pas fait attendre. Très vite, on a désigné comme responsables le nouveau président américain, le débat sur la laïcité ou encore les radios de Québec. Les mêmes qui étaient si prompts à dénoncer l’amalgame entre islam politique, djihad et terrorisme sont aujourd’hui ceux qui associent toute critique du multiculturalisme et toute défense de la laïcité avec l’attaque de dimanche dernier.

Par exemple, au rassemblement de Montréal en l’honneur des victimes, un militant multiculturaliste a eu la malhonnêteté intellectuelle de lier le sociologue Mathieu Bock-Côté, l’éditorialiste Richard Martineau, le journaliste Christian Rioux et les présidents américain et russe à la tuerie. Vous avez bien lu : Bock-Côté, Martineau, Rioux, Trump et Poutine sont tous, à des degrés divers, solidairement responsables de l’attentat commis par Alexandre Bissonnette. Rien de moins.

Une enseignante anglophone du collège Vanier va même jusqu’à accuser l’influence des débats français sur la laïcité d’être en lien avec la tuerie de Sainte-Foy. Évidemment, pour un anglo-saxon, tout débat sur la laïcité est un débat forcément raciste et xénophobe, comme l’a prouvé la réaction de l’anglosphère à l’attentat de Charlie Hebdo. La sociologie culturelle du Canada anglais; protestant, individualiste et différencialiste ne comprend pas que le Québec, foyer lumineux de l’Amérique française, puisse avoir une conception catholique, universaliste et assimilationniste de l’intégration des immigrants et du rapport au religieux dans l’espace public.

De manière bien maladroite, c’est ce que dit en substance un joli petit texte d’une étudiante de Colombie-Britannique publiée sur le site de la CBC qui dénonce explicitement les objectifs de la Charte de la laïcité proposée par le Parti Québécois en 2014 :

The message, implicit in these examples and others is clear: non-white, non-Catholic "others" must assimilate into the Québécois identity.

Bien que présentée de manière grossière, cette analyse est juste. La majorité des Québécois veulent l’assimilation culturelle des nouveaux arrivants et rejettent la ghettoïsation identitaire du multiculturalisme anglo-saxon.

Oui, nous voulons l’assimilation des immigrants.

Oui, nous voulons une forme de laïcité dans l’espace public.

Non, nous ne serons jamais de bons petits Canadiens post-nationaux, heureux d’être une simple minorité ethnique dans un Canada multiculturel.

Il est temps que la classe politique québécoise le comprenne.

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