mercredi, 23 decembre 2015 09:24

L’avenir du bluff québécois, la chute d’un peuple hors de l’histoire

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Juriste Cure

Un bien bon livre très épicé

         Je suis aujourd’hui de bien meilleure humeur qu’à la fin de ma lecture du livre de J. Maurice Arbour. C’est que je viens de finir le livre « L’avenir du bluff québécois, la chute d’un peuple hors de l’histoire » de Christian Saint-Germain.

J’ai découvert Saint-Germain en écoutant l’émission Bazzo.tv du 29 octobre 2015. Son analyse du Québec m’a tout de suite intéressé. Il avait tenu les mots « dangereux » suivants : « l’indépendance c’est une question de survivance ethnique… ». Pour le reste du discours, j’avais mes réserves mais les notes indépendantistes discordantes sont si rares aujourd’hui que je me suis laissé prendre au jeu. Devant un Bernard Drainville interloqué, Saint-Germain, indépendantiste et prof de philo à l’UQAM, avait mis à mal la bienfaisance de la soi-disant « Révolutiontranquille » et avait ordonné que le véhicule de l’indépendance cesse de se complaire dans la gentillesse et le politiquement correct. Qu’il fallait cesser de discuter d’indépendance comme de la météo. Je parie d’ailleurs que ça l’a légèrement agacé que Marie-France Bazzo réduise le livre à un essai « colérique et drôle ». Je crois que dans les faits, il avait été invité de bon cœur, pratiquement le tapis rouge déroulé devant lui, pour la seule raison que la bobo de Bazzo aime faire mal paraître le vilain PQ, pas assez« multiculturel ». Quoiqu’il en soit,  intéressé par tout ce qui remet en cause la version officielle entourant « l’indépendantisme », je m’étais précipité à la bibliothèque. Ne trouvant pas son livre, je m’étais rabattu sur celui d’Arbour (pour ceux qui seraient intéressés, l’éditeur a répondu à mon article et sa réponse a été placée à sa fin : http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/component/k2/item/4649-lettre-d’injures). 

Je dois vous parler de la critique du livre d’Arbour écrite par le chroniqueur littéraire du Journal de Montréal Jacques Lanctot, puisque le duo Lanctot-Arbour émet une définition du colonisé qui rentre en contradiction avec celle de Saint Germain. Ce dernier écrit : « La condition de colonisé confine à l’inessentialité. Tout est écrit sur la neige ». Jacques Lanctot ainsi qu’Arbour écrivent sur la neige. L’ancien felquiste Lanctot, par exemple, se délecte à la pensée de voir un prof d’Université tel Arbour se joindre à sa gang (indépendance à tout prix), au point de conseiller à PKP de l’embaucher sur-le-champ comme directeur du nouvel institut de recherche sur l’indépendance du Québec. Il n’aura fallu à Arbour qu’à démontrer la nécessité pressante de l’indépendance, sa sympathie gagnée au fil de deux faits d’actualité et une anecdote l’ayant marqué et démontrant l’état de colonisé des Québécois pour convaincre Lanctot de l’honnêteté et la force de sa démarche.

http://www.journaldemontreal.com/2015/12/12/colonises-et-contents

Lanctot ne connaissait pas Arbour, et maintenant ce dernier est à ses yeux l’intellectuel indépendantiste de l’heure ! Si c’est Arbour qui représente son idéal d’indépendance (indépendance qui se bâtirait sur la dépouille du territoire et des valeurs antérieures [i], indépendance judiciarisée à l’os, indépendance promue par les droits l’homme et dont le siège social se situerait à New-York), Lanctot… ne mérite même pas que je relève le niveau de ma plume pour l’injurier ! Une remarque bien cynique et trempée dans le vitriole à la Christian Saint-Germain serait lui accorder trop d’importance. L’insulte suffit amplement, tellement la critique ne peut qu’être celle d’un vendu ou qui cherche à se vendre. 

Par ailleurs, je soupçonne Saint-Germain de bien châtier ceux qu’il aime bien (Parizeau, Lévesque, Bouchard, l’État québécois, les Québécois). Seuls eux méritent qu’on les brasse bien comme il faut ! Les autres, tant pis ! Ils ne méritent que l’insulte gratuite !

 

La critique

Bien que détestable à lire parce que les coups de pessimisme qu’il assène au peuple québécois font mal, le livre de Saint-Germain est réussi parce que, contrairement à Arbour, il a l’honnêteté de fesser sans se ranger du côté du plus fort. Pas de moralisme à deux sous qui fait souvent l’affaire des puissants, il fesse point final ! Il ne donne pas de solution là où il n’y en a pas. Il ne fait que pilonner tout du long. Il n’épargne personne. Parizeau (vanté comme tellement stratège à son décès) « qu’on dit de lui qu’il avait même prévu soutenir les marchés financiers après la victoire du référendum ! »)… accompagné de Bouchard…(chefs qui « avaient été choisis pour perdre »), Anne-Marie Dussault (« cherchant à quel establishment plaire »)… puis PKP, le PQ (« le syndicat boutique de l’entreprise fédérale »)… Coderre (« déguisé en cheerleaders municipales »). 

Il se moque de l’activisme : « la montée aux barricades pour ne pas voir baisser le quota d’avortements remboursables »… Cela, dit-il, « donne une idée assez juste du caractère totalitaire et meurtrier de l’entreprise de contrôle sur l’État québécois ».

Il n’épargne personne !... La propagande du réseau de santé « humaniste » québécois qui « gagne le droit de donner la mort ». Avant de conclure la moquerie en reprenant les paroles d’ « un agent de la faune interviewé aux émissions d’informations » qui dit : « afin de leur sauver la vie, nous devrons mettre fin à leurs jours». 

Tout ! Absolument tout y passe ! La Quiet Revolution [ii] tout entière, « son pacifisme mortifère »… La loi 101, « son renforcement jamais soutenu », « la réanglicisation de Montréal écartée comme un problème réglé par l’arrivée des soi-disant « enfants de la loi 101 » »… la petite bourgeoisie nationaliste québécoise toujours alliée de la grande, autrement dit, alliée du colonisateur parce qu’elle a peur de la rébellion de son peuple. Peur de son peuple, parce qu’explique Saint-Germain via Frantz Fanon, « sa rébellion, [de laquelle il pourrait résulter un changement],ne pourrait qu’être violente. » Ça n’arrive pas souvent qu’on vous le dit ça, hein ! Le peuple détruit tout quand il se rebelle. Après tout, il n’a que les armes et sa vie à offrir pour renverser la tyrannie ! Son vote et son argent ne comptent pour rien ! Tout au plus un coup d’épée dans l’eau. C’est pour ça que les Bouchard, Parizeau, Lévesque et autres nationalistes ont toujours collaboré, négocié avec l’hyperclasse ! Ils ne voulaient pas de violence. Saint-Germain, pour démontrer cette peur des politiciens nationalistes pour la violence du peuple, utilise la scène durant laquelle René Lévesque (le démocrate) boude l’ovation accordée par les militants du parti québécois (ceux qui l’élisent) à Paul Rose (le violent)… Et vlan ! Dans les parties sensibles de démocrates ! 

Bref, le genre de « haine » nihiliste et sarcastique qu’un Louis-Ferdinand Céline ou, plus récemment, un Philippe Muray, auraient pu exprimer s’ils avaient écrit sur le Québec.

J’ai dit qu’il s’en prenait à tout… sauf la religion et la spiritualité, sans lesquelles on ne bâtira pas de pays. « Le refus de répondre à la vocation surnaturelle [de notre peuple] laisse le discours nationaliste sans idéal », dit Saint-Germain en utilisant une pensée du célèbre chanoine Lionel Groulx « traité en chien crevé » par l’intelligentsia québécoise, post révolution tranquille. Il ajoute que « le combat livré par la plus modeste ursuline de Trois-Rivières pour conserver le français après la conquête a mieux valu pour la survie du peuple que toute la brigade légère de sans-culottes du Bloc Québécois partie chercher pension à Ottawa ». Et il surenchérit : « Tout l’apitoiement grandiose sur soi ne produira jamais une once de courage », afin de résumer le résultat de l’absence de spiritualité.

Les 87 pages de ce livre sont tellement chargées de sens qu’il me faudrait quelques centaines de pages pour bien décortiquer l’œuvre. Car oui, c’est une œuvre !

Je vous assure, même bousculé dans vos moindres retranchements idéologiques, ça rend de bonne humeur. Enfin, il se passe quelque chose intellectuellement au Québec !

 

[i] Saint Germain écrit pour expliquer cette pensée : «  Ne sachant même plus ce que signifie hériter des pères, tenir son rang de vaincu jusqu’au jour venu d’en briser les chaînes, de transmettre d’autres titres à ses enfants – «  À partir d’aujourd’hui demain nous appartient ». On réinvente le Québec à partir du moment présent, de la perspective la plus courte. »
[ii] L’expression n’est même pas québécoise, rappelle Saint-Germain, elle vient d’un journaliste du Globe and Mail.

Commentaires   

 
0 #1 Juriste-curé 23-12-2015 10:33
Je conseille tout particulièremen t la courte lecture de la réponse de l'éditeur du livre d'Arbour, monsieur Baril.
Ça ne s'invente pas... Haha ! Pour joindre l'utile à l'agréable, ça permettra de comprendra ce qui justifiait la colère de cette article.
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