jeudi, 10 novembre 2016 09:53

La vraie histoire sur le rôle du Canada en Haïti

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Traduction par William

La première étape pour tous ceux qui veulent un meilleur monde devrait être d’écouter ceux qu'ils veulent aider.

Cela est certainement vrai dans le cas d'Haïti, de longue date une cible de l’« aide » du Canada. Cependant, alors que des Haïtiens continuent de critiquer le rôle d'Ottawa dans leur pays, peu de Canadiens prennent la peine de prêter attention.

Après l’annonce par l' Uruguay du  retrait de ses 950 soldats de la mission des Nations-Unies pour stabiliser Haïti le mois dernier, Moise Jean-Charles, a visé les pays qu'il considère comme les plus responsables d’ atteinte à la souveraineté d' Haïti. Le sénateur populaire du nord d'Haïti a récemment déclaré à Haïti Liberté :

" Le Brésil, l' Argentine et l' Uruguay ne sont pas les véritables occupants d'Haïti. Les forces réelles derrière l’occupation militaire d'Haïti [administrée par l' ONU]  - les puissances qui  ont amené ces pays à y participer - sont les États - Unis, la France et le Canada, qui sont de connivence dans le coup d'état  du 29 février 2004 contre le président [Jean Bertrand] Aristide. Ce fut alors qu’ils ont commencé à piétiner la souveraineté haïtienne ».

Pour la grande majorité des Canadiens, le commentaire de Jean-Charles sonne probablement comme les divagations d'un fou. Quand les médias dans ce pays parlent d’Haïti, c’est généralement pour mettre en évidence les projets d'aide canadiens. Pourtant, voici l'un des hommes politiques les plus populaires d'Haïti racontant à la presse (et le public dans toute l'Amérique du Sud) que le Canada a aidé à renverser son gouvernement élu et continue de saper sa souveraineté.

L'avis de Jean-Charles est largement partagé en Haïti. Depuis que le gouvernement d'Aristide a été renversé en février 2004, les journaux Haïti Progrès et Haïti Liberté ont décrit au moins une centaine de fois le Canada comme une "force d'occupation", un « partisan du coup d’état » ou «impérialiste». Les hebdomadaires de gauche  d'Haïti ont détaillé le rôle d'Ottawa dans la planification du coup , la déstabilisation du gouvernement élu ; la construction d' une force de police haïtienne répressive ; la justification des arrestations et des assassinats politiques; la militarisation post-tremblement de terre du secours aux sinistrés et l' exclusion des élections du parti le plus populaire d'Haïti , le Fanmi Lavalas.

Bien que l'information mentionnée ci-dessus ait été abondamment relayée dans les journaux haïtiens, ainsi que dans des livres de langue anglaise, des rapports et par des médias  de gauche, les médias dominants du Canada discutent rarement de façon critique du rôle de ce pays en Haïti. Au cours de l' élection municipale récente de Montréal, par exemple, les médias ont largement ignoré le rôle de l'éventuel gagnant dans le sabotage de la démocratie haïtienne et la justification de la répression. Mis à part un article  dans le Media Co-op de Montréal par Dru Oja Jay, aucun média ne semble avoir discuté la position antérieure de Denis Coderre en tant que chargé d’affaire du premier ministre Paul Martin pour Haïti.

Est-ce que les médias dominants vont aussi passer sous silence le 10e anniversaire du coup d'état? Sans pression, c’est probable, même si la date demeure un puissant symbole politique.

Haïti est toujours occupée par le détachement de l' ONU laissé par l'invasion militaire US / France / Canada pour renverser Aristide. Le dédain de cette force d’occupation de l’ONU pour la vie haïtienne a conduit à une épidémie de choléra qui a causé 8500 morts et près de 700 000 malades.

Au niveau électoral, le parti qu’Ottawa a aidé à renverser, le Fanmi Lavalas, continue d'être exclu des élections. Cela a été à l'avantage de la classe politique notoirement corrompue d'Haïti, y compris l'actuel président Michel Martelly, dont l’élection a probablement été frauduleuse (et qui fait face à des protestations croissantes lui demandant de démissionner).

Il est clair que Martelly n'a pas la légitimité ou la crédibilité pour diriger le pays," confiait cette semaine  à Haïti Liberté le sénateur Jean-Charles après que 10,000 à 50,000 personnes soient descendues dans les rues de Port-au-Prince, "Nous demandons aux Américains, Français et Canadiens de venir chercher leur garçon de course parce qu'il ne peut plus diriger le pays."

Le 28 Février 2014 des dizaines de milliers de personnes sont susceptibles de descendre à nouveau dans la rue dans tout Haïti pour exprimer une fois de plus leur rejet du coup d'état des États-Unis / France / Canada. Est-ce qu'une agence de nouvelles importantes dans ce pays est prête à marquer l'occasion en disant aux Canadiens ce que leur gouvernement a fait au cours de la dernière décennie pour saper la souveraineté et la démocratie haïtienne?

Source : yvesengler.com

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