mercredi, 25 mai 2016 11:02

Courriels d’Hillary : Renverser Assad, détruire la Syrie pour Israël

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Traduction par Jean Tavernier

L’administration Obama a contribué à déclencher la guerre civile en Syrie, vue comme le « meilleur moyen d’aider Israël », confirme un courriel d’Hillary Clinton récemment divulgué par Wikileaks.

Le document, numéro de dossier F-2014-20439, numéro C05794498, fait partie d’une publication de masse par Wikileaks de tous les courriels publiés par le Département de la justice révélant l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur privé durant son poste de secrétaire d’État entre 2009 et 2013

 :

« Le meilleur moyen d’aider Israël à composer avec la capacité nucléaire grandissante de l’Iran est d’aider le peuple de Syrie à renverser le régime de Bachar el-Assad, », ainsi débute le long courriel d'Hillary Clinton, alors secrétaire d’État.

Mme Clinton admet ensuite que les négociations avec l’Iran n'empêcheront pas la République islamique d’enrichir de l’uranium, matériau-clé pour construire une arme nucléaire :

« Les négociations pour limiter le programme nucléaire de l’Iran ne résoudra pas le dilemme de la sécurité d’Israël. Elles n’empêcheront pas non plus l’Iran d’améliorer la partie cruciale de n’importe quel programme nucléaire : la capacité d’enrichir de l’uranium. Au mieux, les pourparlers entre les grandes puissances du monde et l’Iran, qui ont commencé à Istanbul cet avril et qui vont continuer à Bagdad en mai, vont permettre à Israël de repousser de quelques mois une décision de lancer ou non une attaque sur l’Iran qui provoquerait une guerre d'envergure au Moyen-Orient.

Mme Clinton poursuit en admettant que la préoccupation réelle posée par l’avancée atomique iranienne, c'est la fin du monopole nucléaire d’Israël au Moyen-Orient :

« Le programme nucléaire iranien et la guerre civile en Syrie semblent n'avoir aucun rapport, mais ce rapport existe. Pour les responsables israéliens, la véritable menace d’un Iran doté de l’arme nucléaire ne réside pas dans la perspective d’un dirigeant iranien fou qui lancerait une attaque nucléaire non-provoquée contre Israël menant à la destruction mutuelle des deux pays. Ce dont les chefs militaires israéliens s’inquiètent vraiment – et ne peuvent pas mentionner – est la perte de leur monopole nucléaire.

« Un arsenal nucléaire iranien non seulement mettrait fin à ce monopole nucléaire, mais  pourrait également pousser d’autres rivaux tels que l’Arabie saoudite et l’Égypte à s’équiper de l’arme nucléaire eux aussi, ce qui résulterait en un équilibre précaire qui ne permettrait plus à Israël de répliquer par des frappes militaires conventionnelles en Syrie et au Liban comme c'est encore possible actuellement. Si Téhéran atteignait le statut de puissance nucléaire, elle pourrait plus facilement appeler ses alliés en Syrie et au Hezbollah à attaquer Israël, en sachant que ses armes nucléaires serviront de moyen de dissuasion contre des représailles directes d’Israël contre l’Iran. »

Mme Clinton souligne l’axe entre l’Iran et la Syrie qui constitue une menace combinée contre Israël. Renverser le gouvernement Assad, propose la secrétaire d’État, réglerait ce problème :

« C’est la relation stratégique entre l’Iran et le régime de Bachar el-Assad en Syrie qui permet à l’Iran de nuire à la sécurité d’Israël – pas au travers d’une attaque directe, qui ne s’est jamais produite au cours des trente années d’hostilité entre l’Iran et Israël, mais au travers de leurs intermédiaires au Liban tels que le Hezbollah, entretenus, armés et entraînés par l’Iran via la Syrie.

La fin du régime Assad mettrait fin à cette alliance dangereuse. Les dirigeants d’Israël comprennent bien pourquoi triompher d’Assad est dans leurs intérêts. »

Le but final du renversement d’Assad est de rendre plus acceptable aux yeux d'Israël l’idée d’un Iran nucléaire, écrit Mme Clinton :

« Faire tomber Assad serait non seulement une aubaine pour la sécurité d’Israël, cela soulagerait la peur justifiée d’Israël de perdre son monopole nucléaire. Ensuite, Israël et les États-Unis pourront déterminer de concert quand le programme iranien sera devenu suffisamment dangereux pour justifier une action militaire. En ce moment, c’est la combinaison de l’alliance stratégique de l’Iran avec la Syrie et le progrès constant du programme d’enrichissement d’uranium qui ont poussé les dirigeants israéliens à envisager une attaque surprise – en dépit des objections de Washington si nécessaire. Avec Assad renversé, et l’Iran rendu incapable de menacer Israël par procuration, il sera possible pour les États-Unis et Israël de tracer ensemble la ligne rouge au-delà de laquelle le programme iranien aura franchi un point de non-retour.

En somme, la Maison-Blanche peut atténuer les tensions qui se sont développées entre Israël et l’Iran en agissant de façon adéquate en Syrie. »

La Secrétaire Clinton explique ensuite pourquoi l’administration Obama devrait se servir des forces rebelles comme factions interposées pour renverser Assad au lieu de le bombarder directement comme ce fut le cas en Libye. Elle souligne aussi la stratégie d'utiliser des alliés dans la région :

« L’administration Obama a été réticente, et c'est compréhensible, à s'engager dans une opération aérienne en Syrie semblable à celle qui fut conduite en Libye pour trois raisons principales. Contrairement aux forces d’opposition libyennes, les rebelles syriens ne sont pas unifiés et ne tiennent aucun territoire. La Ligue arabe n’a pas fait appel à une intervention militaire de l’extérieur comme elle l’a fait en Libye. Et les Russes y sont opposés.

La Libye a été un cas plus facile. Mais à part le but louable de sauver les civils libyens des attaques menées par le régime Kadhafi, l’opération libyenne n’a pas eu de conséquences à long terme pour la région. La Syrie est plus compliquée. Mais un succès en Syrie serait un événement révolutionnaire pour le Moyen-Orient. Non seulement un autre dictateur impitoyable succomberait à l’opposition de masse du peuple dans les rues, mais la région serait changée pour le meilleur puisque l’Iran ne disposerait plus d'une tête de pont au Moyen-Orient depuis laquelle il pourrait menacer Israël et ébranler la stabilité dans la région.

Contrairement à la Libye, une intervention réussie en Syrie requerrait un leadership militaire et diplomatique significatif de la part des États-Unis. Washington devra commencer par exprimer sa volonté de travailler avec des alliés régionaux comme la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar afin d'organiser, entraîner et armer les forces rebelles syriennes. L’annonce d’une telle décision causerait, par elle-même, probablement une défection substantielle dans l’armée syrienne. Ensuite, depuis des territoires en Turquie et peut-être en Jordanie, des diplomates américains et des officiels du Pentagone pourront se mettre à renforcer l’opposition. Cela va prendre un certain temps. Mais la rébellion se conduira pour un long moment, avec ou sans l’intervention américaine. »

Détail intéressant, Mme Clinton croit également que la Russie ne rejoindra jamais une coalition alliée pour bombarder la Syrie. Évidemment, la Russie a unilatéralement bombardé des cibles syriennes des années plus tard :

« La seconde étape est de développer un appui international pour une opération aérienne coalisée. La Russie ne soutiendra jamais une telle mission, alors il ne sert à rien de recourir au Conseil de sécurité de l’ONU. Certains affirment qu'une intervention américaine risquerait d'entraîner une guerre plus large avec la Russie. L’exemple du Kosovo nous montre cependant le contraire. Dans ce cas, la Russie était véritablement unie par des liens ethniques et politiques avec les Serbes, liens qui n’existent pas entre la Russie et la Syrie, et pourtant la Russie s'était contentée de protestations. Quelques officiels russes ont déjà reconnu qu’ils n'émettront aucune opposition si une intervention devait survenir. »

Il est à noter que la copie de Wikileaks du courriel est datée de façon incorrecte au 31 décembre 2000, ce qui représente une erreur évidente à cause des références dans le texte à la Guerre civile syrienne, qui commença en mars 2011, et également en raison des références aux négociations de mai 2012 à Istanbul entre l’Iran et l’Occident à propos du programme nucléaire. Il est plus raisonnable de penser que le courriel remonte exactement au 31 décembre 2012. Clinton était alors secrétaire d’État pour le président Barack Obama.

Source : therightperspective.org

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