dimanche, 04 juin 2017 10:45

Trump n’apporte rien aux Palestiniens

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Traduction par William

Le détournement de sens est l’outil du magicien et de l’arnaqueur. Détourner l’attention de son public pour l’étourdir. Pour leur faire donner leurs portefeuille ou changer de vêtements devant une salle pleine sans que personne ne s’en rende compte .

Ça fonctionne aussi bien en politique. Mal à l'aise avec le discours public? Ne répondez pas à la questionchangez de sujet ; ayez recours au mode impersonnel ou bombardez quelque part (aussi connu comme la théorie de la guerre de diversion).

Au moment où Donald Trump se lance dans son premier voyage à l' étranger – paraît-il avec une certaine réticence - tout son court mandat en tant que président commence à ressembler à une méga-diversion, une distraction si grande que vous vous retrouvez à fouiller partout pour comprendre ce qui se passe réellement, et vérifier que ce portefeuille est toujours à sa place.

Trump est-il un maître manipulateur des médias? Peut-être bien. Mais quand le 45e président américain atterrit à Riyad, la capitale saoudienne, pour la première étape d'un voyage qui le verra également visiter Jérusalem , le Vatican et Bruxelles – où les responsables de l' OTAN  préparent des points de discussion adaptés à une courte durée d'attention - il pourrait être important de porter attention aux autres choses qui pourraient se produire dans le brouillard des cérémonies des ventes d'armes et de la nuée d'accusations enveloppant Trump, celles pour la seule semaine dernière étant l’entrave à la justice et des fuites de renseignements sensibles à la Russie.

Les monarchies du Golfe se rapprochent-elles d’Israël?

Lors de sa visite de deux jours en Arabie - qui promet d'être une grande affaire incluant des réunions avec plus de 50 dirigeants arabes et musulmans et un concert avec le chanteur country Toby Keith - Trump s’entretiendra avec le Conseil de coopération du Golfe.

Selon un article du Wall Street Journal cette semaine, les pays du Golfe sont prêts à intensifier la normalisation de leurs relations avec Israël.

Il y aurait déjà un large partage de renseignements.  Maintenant certains pays du Golfe, notamment l' Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis , veulent étendre cela à la levée de restrictions commerciales, établir des liens de télécommunication directs et accorder des droits de survol aux avions israéliens.

Une inimitié commune envers l' Iran constitue la base de cette relation naissante, une inimitié qui semble maintenant plus forte que tout sentiment de solidarité avec les Palestiniens, la raison officielle pour laquelle les pays arabes ont si longtemps boudé Israël.

En effet, en prévision de toute possible réaction du public, le Wall Street Journal a rapporté que les pays du Golfe veulent en retour qu’Israël offre une « ouverture de paix » aux Palestiniens: un assouplissement du blocus de Gaza et la fin de la construction de colonies dans « certaines zones » de la Cisjordanie occupée.

C’est très  loin de la déjà très conciliante initiative de paix saoudienne de 2002 qui offrait une paix globale, mais en contrepartie de la fin de l'occupation de l' ensemble du territoire saisi en 1967, de la création d'un État palestinien avec Jérusalem comme capitale et une « solution juste » au « problème des réfugiés palestiniens. »

Cela demeure la position officielle de l'Organisation de libération de la Palestine , plus récemment réitérée par Husam Zomlot , l'ambassadeur de l'OLP nouvellement nommé à Washington. Il est donc prévisible que ces dernières ouvertures saoudiennes hérissent les diplomates palestiniens.

Au lieu de cela, cependant, Zomlot a répondu avec une feinte dont même Trump aurait pu être fier.

« Cela ne nous dérange pas, une bonne relation entre Israël et le monde arabe », a-t-il dit au Journal. « [Mais] est-ce la voie vers la paix? Où est-ce un obstacle? »

Un stratagème pour la paix?

Trump a pris soin de paraître remplir ses promesses de campagne, de son mur frontalier à la réforme de l'assurance maladie.

L'une d'elles - même si elle ne semble pas avoir été inscrite au tableau de Steve Bannon, son conseiller principal  - était de déplacer l'ambassade américaine en Israël à Jérusalem.

Pour l' instant, cette promesse semble avoir été abandonnée  tandis que Trump zyeute une nouvelle initiative de paix pour fournir « l’ultime accord » - un accord entre Israéliens et Palestiniens.

Apporter la paix au Moyen-Orient ™ offrira certainement à Trump une distraction bienvenue de ses tribulations domestiques - une distraction de haut niveau.

Le seul problème, c’est que ça n’arrivera pas. Les dirigeants israéliens et du Golfe peuvent voir Trump comme une « bouffée d'air frais » , mais c’est en partie parce qu'ils le considèrent réticent ou incapable de changer un statu quo qui convient à toutes les parties concernées.

L’Arabie Saoudite y voit l'occasion de se positionner comme leader régional et à cette fin est heureuse de plaire à Washington en se rapprochant d’Israël. Riyad et Tel-Aviv y gagnent tous les deux.

La souple Autorité palestinienne

Israël ne ralentira l’établissement de colonies que lorsque des mises en garde d’observateurs israéliens l’avertissant qu’il aborde ainsi une « pente glissante vers un genre de réalité à une entité » deviendront l’incontournable conclusion.

Mais cela ne se produira qu’en l'absence de la souple Autorité palestinienne , qui s’agrippe encore à une existence qui a perdu sa raison d'être.

Il n'y a certainement pas d'opposition israélienne nationale viable à un gouvernement de coalition marié au projet de colonisation, et même l’opposition arabe disparaissant, c’est une trop belle occasion pour le lobby pro-colonisation.

Au-delà de la poursuite du financement de l'Autorité palestinienne, il n'y a pas d’offre sur la table pour les Palestiniens. Un gel de la construction de colonies « dans certaines zones » et un « assouplissement » du blocus de Gaza, selon l'offre du Golfe rapportée, ne veut rien dire de précis, ou, plus exactement, ça peut être n’importe quoi.

Cela ne signifie pas grand chose pour les Palestiniens de Gaza, qui depuis plus d'une décennie ont suffoqué sous le siège imposé par Israël et ses offensives militaires répétées qui y ont laissé près de deux millions de personnes au bord de la catastrophe.

Si Trump s’attend à ce que les Palestiniens et les Israéliens lui offrent un peu de répit du chaos intérieur de son administration, il risque d'être déçu.

 

S'il veut détourner l'attention, il serait mieux de bombarder quelque part ou tout simplement de se ruer sur le pape quand ils se rencontreront au Vatican.

Source : electronicintifada.net

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