mardi, 28 mars 2017 22:34

Kevin O'Leary n’est pas le Trump canadien, c’est un Pierre-Karl Péladeau conservateur

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Traduction par William

Kevin O'Leary a refusé de s'engager à revenir au Canada à temps plein s'il est élu chef du Parti conservateur.

Il ne semble pas se soucier de démontrer une capacité à parler français.

Malgré les exigences d’une course  à la direction, il continue ses entreprises habituelles. Son  vin peut être acheté sur l’American Home Shopping Network (si ce désir unique pour la consommation ostentatoire devait arriver à correspondre avec vos goûts pour le vin et maintenir cette empreinte de fesses sur votre canapé).

De bien des façons, sa candidature n’est pas sérieuse. Et pourtant, il est apparemment en tête des sondages parmi les membres du Parti conservateur.

De nombreux journalistes et experts ont établi des liens entre O'Leary et Trump: O'Leary est, comme Trump, une star de télé-réalité qui défie le statu quo du simple fait qu'il n’est pas un initié du parti.

De son aveux , il n’est pas un homme politique.

C'est aussi ce que disait Trump pendant les primaires.

Mais de plusieurs façons O'Leary n’est pas au niveau de Trump. Il n’est pas exactement le candidat le plus raciste [1]. Il n’est pas tout à fait le plus à droite sur l’échiquier politique. Il est à peine un conservateur, à en juger à la fois par son histoire d'appartenance au parti, ses positions progressistes sur les questions sociales, et ses dons à d'autres parties.

Ça n’en prend pas beaucoup dans cette comparaison entre  Trump et O'Leary pour commencer à compiler toutes leurs différences: O'Leary n’a pas de facteur Ivanka, la renommée de Trump lui a donné plus de crédibilité que celle d’O’Leary. Vraiment, il manque à O'Leary les éléments les plus importants: le faux-monsieur tout-le-monde, la persona anti-immigrés, anti-Mexique, nationaliste [blanc] [1], protectionniste.

Mais il y a une bien meilleure comparaison à la candidature d’ O'Leary: O'Leary est le Pierre-Karl Péladeau du Parti conservateur.

PKP fut chef du Parti québécois pendant un certain temps. Un temps relativement court. En 2014, il fait son entrée dans la vie plus publique, met ses avoirs en fiducie de façon à pourvoir en reprendre le contrôle en temps opportun et saute la tête la première dans la politique québécoise.

En avril de cette même année, il remporte la circonscription de St-Jérôme, au nord de Montréal. Un peu plus d'un an plus tard, il gagne la course à la direction, en remplacement de Pauline Marois. Il était censé favoriser la réussite et, surtout, le gouvernement au PQ.

Il était considéré comme le gars qui pourrait revitaliser le PQ. Sa partenaire était élégante et tout aussi célèbre. Il venait d’une riche et célèbre famille. Il a remporté la direction haut la main.

Mais PKP n’était pas un homme politique. Il a fait des gaffes ridicules. Son fond antisyndical a rendu difficile pour les éléments du mouvement ouvrier qui soutiennent le PQ de lui exprimer leur soutien. Son statut d'outsider est devenu une entrave tandis que les exigences quotidiennes de la vie politique devenaient trop lourdes.

Après seulement deux ans, PKP a démissionné. Ce fut brusque et inattendu.

Pendant son temps en tant que chef, non seulement le PQ a-t-il souffert de sa direction hésitante, mais la politique en général aussi. Les libéraux du Québec eurent la liberté d'imposer un programme d'austérité qui va faire mal aux Québécois pour des années à venir. Le PQ ne pouvait tout simplement pas défier les libéraux. À gauche, le gros du travail a été laissé au petit groupe de députés de Québec Solidaire.

Sous PKP, le PQ n'a pas retrouvé la forme.

En politique, il y a pas beaucoup de raccourcis. Une course à la direction est censée être une expérience éprouvante où les membres du parti peuvent voir comment les individus réagissent à la pression. Si vous pouvez résister et réussir dans ce processus, il y a de meilleures chances que votre leadership rencontre un certain succès.

Une partie de ce succès est liée à l'expérience acquise en tant que parlementaire, quelqu’en soit le niveau ou le  régime. Bien sûr, personne n’aime les politiciens, mais on ne contre pas des politiciens corrompus en les remplaçant avec quelqu'un qui n’a aucune expérience politique. Alors que les menteurs doivent être évités et l'authenticité embrassée, il est insensé de penser que la solution au problème de la politique est de trouver quelqu'un qui n'a jamais été testé sous le feu d'une centaine de points de presse, n’a aucune expérience en procédure parlementaire ou n’a jamais pratiqué l'art du faux sourire en plein débat télévisé en direct.

Si des députés conservateurs pensent que la fiche et la stature d’O'Leary seraient une mine d'or pour le parti, le socialiste en moi me dit: oui, allez-y. Élisez-le de tout coeur et nous nous reverrons dans les rues.

Parce qu’un candidat célèbre avec une campagne vide de politiques paralyserait les Conservateurs pendant quelques années. Et cela pourrait donner aux Canadiens l'oxygène dont nous avons besoin pour avoir un vrai débat sur une politique électorale progressiste avec à côté le spectacle hilarant d’une droite dirigée par un représentant en vins abonné aux vols Toronto-Boston plutôt que Toronto-Ottawa.

Au moins, il est meilleur que Bernier, Trost ou, Dieu nous en garde, Leitch.

[1] Note du Bonnet : ce sont des accusations que l’on retrouve dans la description que les médias ont fait de Trump. Ces derniers ne supportent pas un candidat qui met l’accent sur la priorité nationale.

Source : rabble.ca

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