dimanche, 25 janvier 2015 08:06

La parole est à nos lecteurs : Génocide ukrainien : Silence on tourne !

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Sébastien Di Marco

Plus tôt cette semaine, je m’interrogeais sur le sujet de ma première contribution écrite pour Le Bonnet des Patriotes. Après mûres réflexions,  j’ai décidé de vous parler du dossier ukrainien, un dossier qui passe étrangement sous le radar médiatique, et ce depuis trop longtemps selon moi. Cela tombe à pic au lendemain de la manifestation organisée en Soutien pour le Donbass à Montréal, réunissant tout au plus une quarantaine de citoyens et citoyennes, d’origine ukrainienne et russe pour la plupart.

Et comme on devait s’y attendre, aucun journaliste, aucun média n’était présent bien que la manifestation était organisée par l’éditeur Michel Brûlé et ex-candidat à la mairie de Montréal aux dernières élections de 2013. [i]

 

Et ce qui est encore plus étonnant, pas un « manifestant chronique » toujours là pour protester pour mille et une causes sociales ou progressistes n’était présent. Seulement des citoyens sincères et indignés par les positions dépravantes du gouvernement canadien dans ce conflit.

Quoiqu’il en soit, selon les chiffres officiels du Bureau de Coordination des Affaires humanitaires (OCHA), le conflit dans l'est de l'Ukraine aurait causé plus de 5000 morts (y compris les 298 victimes du vol de la Malaysian Airlines) en date du 23 janvier 2015. Toujours selon l’OCHA, plus de 5,2 millions de personnes seraient touchés par le conflit, en grande majorité des civils de la région du Donbass pris sous le feu de l’artillerie ukrainienne. [ii] [iii]

 

Bref historique

Le conflit ukrainien a commencé en novembre 2013, lorsque l’ancien gouvernement ukrainien présidé par Victor Iakounovitch annonce la suspension d'un accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne le tout sur fond de sécurité nationale et économique. [iv]

"Nous devons assurer la sécurité nationale, relancer les relations économiques avec la Russie et préparer le marché intérieur à des relations d'égal à égal avec l'Union européenne".

Cette volte-face faisait suite à des négociations très intenses entre Kiev et Moscou durant les jours précédents cette annonce.

Du côté de la Russie, on offrait un crédit de 15 milliards de dollars à l’Ukraine, et un important rabais sur le prix du gaz, soit à environ 50% du prix au mètre cube vendu à l’UE. [v]

Du côté de l’UE, on imposait des conditions onéreuses à son entrée, dont la mise aux normes de l’économie Ukrainienne au coût estimé de 120 milliards d’Euros, et on exigeait la libération d’Ioulia Timochenko, ex-Première Ministre du régime figure emblématique de la Révolution Orange en 2004, farouche opposante au président Iakounovitch. [vi] [vii]

Toutes les conditions rassemblées amenèrent le gouvernement ukrainien à suspendre les négociations avec l’UE et à négocier une entente de coopération avec la Fédération de Russie.

En réaction à cette volte-face, la presse occidentale se déchaîne aussitôt contre le gouvernement en place.

C’est suivant cet événement que débutera l’EuroMaidan, qualifié de « plus grand rassemblement pro-européen de l’histoire de l’Ukraine ». [viii]

De manifestations en manifestations, la violence augmente sans cesse pour atteindre son paroxysme à la fin du mois de février 2014 lorsque des dizaines de manifestants et de policiers furent tués durant des manifestations à Kiev.[ix] [x]

Or, quoiqu’en dira la presse occidentale, les manifestants et les policiers furent tués par les mêmes balles selon les enquêteurs.

C’est d’ailleurs ce qui ressort de l’écoute électronique entre Urmas Paet, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie et Catherine Ashton, représentante de l’EU. [xi] En dépit de ces informations, qui seront corroborés par l’Estonie, les représentants de l’EU continueront à blâmer sévèrement le gouvernement de Victor Iakounovitch.

 

Révolution du Maidan ou Coup d’état ?

Ces manifestations violentes de l’EuroMaidan se solderont par la destitution Viktor Ianoukovytch et la libération de l’opposante pro-occidentale Ioulia Tymochenko,  le tout par la mise en place d'un nouveau gouvernement dirigé par Arseni Iatseniouk. [xii]

Rappelons qu’Ioulia Tymochenko, qualifiée de victime d’une « justice sélective » par Bruxelles, avait été condamnée plus tôt en 2011 à 7 ans d’emprisonnement  dans une affaire d’abus de pouvoir dans la signature d’un contrat gazier. Elle sera  inculpée de nouveau du fond sa cellule en 2012 pour le meurtre d’un député Ukrainien survenu en 1996 découlant d’une affaire de monopole de distribution de gaz en Ukraine. [xiii] [xiv]

Ce changement de gouvernance sera qualifié de coup d’état par la plupart des Ukrainiens russophones de l’Est de l’Ukraine. Un coup d’état sans aucun doute, mais surtout un coup d’état sur fond de « Révolution Colorée ». Ce petit jeu auquel s’amusent à orchestrer les successives administrations américaines (CIA en tête) un peu partout dans le monde. La Révolution des Tulipes (Khazakstan 2003), la Révolution Orange (Ukraine 2004), la Révolution des Roses (Georgie 2005), le Printemps Arabe (2011) ne sont que quelques-unes des réussites de cette méthode de renversement de régime élaborée et utilisée depuis le renversement de Slobodan Milosevic en Serbie en 1999. [xv]

Rien pour aider, dans les premiers jours du nouveau régime, la Rada (parlement ukrainien) abroge la loi sur les langues régionales et retire au russe (comme au roumain, hongrois et  tatar) le statut de langue officielle.

La population comprend alors que ce coup d’état ne vise qu’à écarter les populations russophones de l’Est du pouvoir central situé à Kiev et désormais sous contrôle pro-occidental.

Voyant leurs droits et leurs sécurités fondre comme neige au soleil, des brigades d’autodéfense se forment à Sébastopol dès le 28 février, suivit des régions russophones à Kharkiv, Donetsk et Odessa.

C’est l’Anti-Maidan qui entend répondre au coup de théâtre pro-occidental du Maidan…

 

Le Calme avant la tempête

Le mois de mars 2014 fût marqué par une période d’accalmie qui précédera la tempête sur fond de référendum de la Crimée, ancienne province russe, une province à part entière de la Fédération de Russie. La Crimée est péninsule de l’Ukraine, riche en pétrole, cédée par l’ancien président Khrushchev en 1954.

Le 15 avril 2014, le gouvernement intérimaire de Tourtchinov lance une opération « anti-terroriste » à grande échelle afin de reprendre des bâtiments administratifs gouvernementaux aux mains des séparatistes. [xvi]

Cette opération est appuyée diplomatiquement au conseil de sécurité de l’ONU du 14 avril 2014, lorsque l’ambassadeur du Royaume-Uni en Russie annonce que 40,000 soldats russes appuyés par des avions et des chars seraient entrés en Russie.[xvii] La Russie dément immédiatement ces révélations dont les preuves ne seront jamais présentées. [xviii]

C’est à partir de cette opération « anti-terroriste » que le conflit entre les forces ukrainiennes et les forces républicaines russophones prendront une toute autre ampleur.

Le 18 avril 2014 fût le jour des premiers heurts entre l’armée ukrainienne et les forces républicaines du Donbass. Depuis ce jour, une guerre civile fait ravage dans la région du Donbass dans l’Est de l’Ukraine.

 

De manipulation en manipulations

Ici au Québec, dès les premières manifestations de l’EuroMaidan, on ne trouva pas mieux que la porte-parole des FEMEN, Xenia Chernyshova, comédienne québécoise née en Ukraine dont les parents ont immigré au Québec alors qu’elle n’avait que 13 ans, afin de nous colporter la propagande pro-occidentale envers le président Iakounovitch.  [xix]


 

Interrogée sur la composition des manifestants de Kiev, madame Chernyshova affirmera sans rire :

« C’est le peuple, des étudiants, des gens âgés, la classe moyenne, des gens très ordinaires qui en ont marre de la corruption et des oligarques… »

En bref, des paroles creuses avec en arrière-fond des drapeaux du parti Svoboda, parti d’extrême-droite anciennement connu sous le nom de Parti National-Socialiste d’Ukraine, et des étendards de la milice néonazie du Secteur Droit (Pravyi Sektor). [xx] [xxi]




Les FEMEN est ce mouvement mondial qui se réclame du « féminisme radical » et employé depuis plusieurs années à se présenter les seins nus en criant et arborant des slogans écrits sur leur corps afin d’attirer à l’attention à différentes causes « progressistes mondiales ». Avec un peu de recherche sur ce mouvement, on retourne aussitôt à des d’ONGs et des fondations milliardaires américaines, dont le principal bailleur de fond est le riche milliardaire hongrois Georges Soros, ce même individu qui a financé la Révolution Orange en 2004 et l’EuroMaidan via son Open Society Institute. [xxii] [xxiii]



 

Ce n’est donc pas un hasard si on tient compte que la porte-parole du mouvement FEMEN au Québec a été invitée par les médias québécois pour commenter la crise ukrainienne dès les premiers jours de l’EuroMaidan. 

Cette dernière s’étant illustrée à ses  premières actions avec le mouvement FEMEN en Ukraine en 2012, en sciant une croix catholique érigée à Kiev en 2005 à la mémoire des victimes de l’Holomodor dans les années 30. [xxiv]



Cette même Xenia Chernyshova se présentant à l’Assemblée Nationale en octobre 2013 pour dénoncer la Charte des Valeurs initié par le Parti Québécois. [xxv]



La Charte des Valeurs qui sera également dénoncer par la branche canadienne d’Amnistie Internationale, une ONG droit-de-l’hommiste hautement financée par des fondations américaines dont l’Open Society Institute de Georges Soros. [xxvi]

Je reviendrai sur le rôle des  FEMEN dans un prochain article.

 

Ignorance ou indifférence du conflit ukrainien

Certes le conflit ukrainien est passé complètement sous le radar de nos médias de masse, notamment sur les victimes civiles du conflit, relayé au second plan. Nos médias préférant accuser la Russie d’ingérence.

Toutefois, et c’est là qu’il faut s’interroger, c’est de constater qu’il existe un Omerta quasi complète, et très curieux d’ailleurs, des mouvements indépendantistes québécois à l’égard du dossier ukrainien, et ce peu importe leurs horizons politiques.

Nous n’avons qu’à nous rappeler des récents élans de solidarité et de capital de sympathie des  militants indépendantistes québécois à l’égard des mouvements indépendantistes écossais et catalans. Et pourquoi une telle totale indifférence pour la question ukrainienne?

Cette ignorance et indifférence totale dans le dossier ukrainien s’explique très mal, puisqu’on parle de l’émancipation d’une minorité culturelle et linguistique opprimée par un gouvernement centralisateur.

Mais cette sympathie « à deux vitesses » pourrait s’expliquer par le fait d’une préparation soigneuse de déconstruction, voir même de l’inversion totale, des événements par les médias de masse. Personne n’est à l’abri de la manipulation par nos médias.

Cette déconstruction serait l’œuvre de ce qu’on appelle la « réingénierie sociale »  qui s’appuie sur une pluralité d’actions, manœuvres et mises en scènes médiatiques minutieusement orchestrées.

Parmi les personnes visées et groupes de personnes visées, on peut facilement les représenter par leur appartenances politiques respectives, toutes tendances confondues.

Pour la droite, on nous dira qu’il faut s’opposer au président russe Vladimir Poutine, et ses alliés, qui incarnent la haine de l’Occident, et la menace qu’ils représentent pour la stabilité économique mondiale.

Pour l’extrême-droite, on nous dira qu’il faut combattre le retour de la  menace soviétique. Les méchants Soviets sont de retour à Moscou et n’attendent que le moment soit venu pour venir nous imposer une Révolution Bolchévique 2.0 partout en Occident. Pour cela, il faut supporter nos « camarades » du parti Svoboda et de la milice du Secteur Droit.

Pour la gauche, on nous dira qu’il faut s’opposer aux lois homophobes et son président conservateur Vladimir Poutine qui menace les valeurs progressistes « occidentales » en volant  son peuple avec l’argent du pétrole.

Pour l’extrême-gauche, on nous dire qu’il faut combattre le retour du « fascisme eurasien » de la Grande Russie incarnée par le tsar fasciste Vladimir Poutine et son mentor Alexandre Douguine.

Ce qui est encore plus étonnant, c’est de constater que des gens d’orientations politiques totalement opposées puissent s’entrelacer et se relayer dans une dénonciation commune contre la Fédération de Russie et son président Poutine.

Si cette « réingénierie sociale » n’est que le fruit du hasard ou simplement le fruit de la bêtise humaine, comment expliquer  qu’aucun « média alternatif » ou « média souverainiste » ne se soit donné la peine de dénoncer ce coup d’état en Ukraine et cette guerre civile qui s’en est suivi?

Étonnamment, ce sont ces mêmes « médias alternatifs » qui se réclament « progressistes » qui ont fait les gorges chaudes dans la foulée de l’affaire Charlie Hebdo jusqu’à se prétendre « Je Suis Charlie » pour 12 morts dans une salle de rédaction, mais niet nada pour 5000 morts civils.

Rien ne peut expliquer ce silence de morts dans le dossier de l’Ukraine, puisque morts il y a à la pelle, mesdames et messieurs.

Et c’est pour cela, contrairement à ceux qui aiment se faire manipuler, que…

#Je Suis pour le Donbass.

 



 

Commentaires   

 
0 #1 P. Lépine 11-03-2015 13:17
J'avais déjà une bonne partie de l'information, mais j'en ai appris sur l'implication des milices d'extrèmes droites, et les Femen ainsi que leur implication et celle de Georges Soros, contre la foi catholique ici et ailleur.

Mis en ordre comme vous le faite, le portrait est très clair, et pour le silence des médias, les généralistes on en connait l'explication, les autres se sont intéressés à des mouvements révolutionnaire s de longue haleine, mais ont sûrement une obligation morale de poser quelques questions.
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