mardi, 29 aout 2017 13:06

La parole est à nos lecteurs : Qu’est-ce que la gauche et la droite ?

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Un lecteur du Bonnet

En classe d’université cette question attire les regards ahuris. Ces regards qui donnent l’impression de signifier, si t’as pas encore compris ça tu n’as pas ta place dans le cours. Pourtant, en semant ce questionnement, nous récoltons souvent autant de réponse différentes que d’étudiants s’essayant à y répondre.

J’ai posé cette question à deux reprises lors de mon parcours universitaire. La première fois, en France, l’enseignante me pardonna mon ignorance puisqu’en tant que Québécois il était normal que je confonde la manière anglaise et française d’interpréter ces concepts. Comme je préfère ne pas m’embarrasser des explications sur le système anglais et que la réponse fut tout particulièrement généreuse, je me limiterai à dire que mon aura de Canadien français n’aura jamais été autant chouchouté qu’en France et que son explication allait un peu dans le même sens que la seconde explication que voici.

À Montréal, dans une classe au sein de laquelle les français étaient en plus grande proportion qu’au sein de la classe française, la réaction des étudiants avait été beaucoup plus hautaine. Mais l’enseignant, lui, avait trouvé chaussure à son pied. Ce qui prouve bien que la question n’est pas si naïve ou innocente.

De quoi réapprendre à distinguer sa gauche de sa droite.

Il résuma de la manière suivante : « révolutionnaire à gauche, pro-ordre établi à droite. » Quand on y pense bien, il s’agit d’une réponse très logique puisqu’à l’origine du concept, les républicains, donc les révolutionnaires, se plaçaient à gauche de l’assemblée et les monarchistes, donc pro ordre établi, à droite.

J’avais ensuite posé la question à savoir quand les républicains avaient-ils commencé à incarner l’ordre établi en France ?

Réponse de l’enseignant : Quelques temps après l’avènement de la troisième république en 1870. Peut-être bien autour de la mort D’Adolphe Thiers en 1877 ou en 1879.

Les bonapartistes, les légitimistes (comte de Chambord), les orléanistes ou autres mouvements qui aspiraient à gouverner la France étaient alors affaiblis voire pratiquement anéantis. L’anéantissement de la commune de Paris rendait désespéré les agitations communistes ou populaires de toutes parts. Il ne restait donc que la République.

L’enseignant parlait de la gauche républicaine de Gambetta et j’avais alors demandé : « si Gambetta proclama la IIIe république en 1870, comment diable put-il être révolutionnaire par après ? » Comment pouvait-il vouloir renverser l’ordre établi qu’il formait alors ?

L’enseignant avait enfilé ces patins pendant quelques minutes et grâce à un salto arrière époustouflant digne de grands talmudistes ou sophistes, ils nous avaient baratiné et finalement envoyé en pause.

Au retour de la pause, il se sortit d’impasse en disant que la religion formait l’ordre établi et qu’elle n’avait pas été encore renversé, qu’elle le serait en 1905, année de la loi sur la séparation de l’église et de l’état. Des républicains anticléricaux pouvaient donc être révolutionnaires donc de gauche.

Être de gauche aujourd’hui.

Je n’ai pas eu le temps de demander ce qu’il faisait de Mélanchon - cet homme de gauche - dans sa tentative de diriger la république française donc de faire parti de l’ordre établi – un homme de la gauche selon sa définition, ça serait censé renverser le pouvoir -, mais j’avais tout de même eu ma réponse pour moi-même. Tout ce que peut renverser un politicien dans la France d’aujourd’hui et d’après 1905, ce sont les mœurs, les traditions. Ce ne sont plus les institutions politiques qui peuvent être renversés. Elles ont déjà été renversés. Aucun mouvement purement français remettant en cause l’ordre établi arrive à survivre aujourd’hui et il n’y a pas deux ordres établis, il n’y en a qu’un. Phénomène qui ne concerne pas que la France, pays d’origine de ces concepts, elle concerne tout l’occident, si ce n’est le monde. Nous avons beau être nombreux à souhaiter le renversement de Coderre, Couillard, Trudeau, bref, de tous les représentants des différents paliers gouvernementaux, nous savons très bien que les remplaçants gouverneraient à peu près de la même manière avec le même système. Donc, en théorie, nous pouvons bien nous désigner comme de gauche ou de droite ; en pratique, notre opinion importe peu. Il n’y a pas de division au sein de l’ordre établi. L’ordre établi est unique et tout puissant pendant que les différentes populations forment une vraie tour de Babel.

 

Choisir entre la banque et Dieu.


Cette façon que j’ai de décrire la joute politique vient de ceux qui perçoivent la composition de l’ordre établi comme humaine. L’on oubli trop souvent de simplement prendre en considération un point de vu fort valable qu’est celui de Dieu comme sommet de l’ordre établi. De ce point de vu, on obéit pas aux hommes mais à Dieu. Obéir à Dieu c’est un peu comme obéir aux phénomènes naturels. C’est avoir l’humilité de prendre des décisions en consultant ce qui nous entoure, ce qui nous dépasse, plutôt que soi-même. Le besoin de se référer à quelque chose de plus grand que soi vient de l’incapacité de l’homme à contrôler tout ce qui l’entoure.

Je ferme cette petite parenthèse. L’idée d’un ordre établi au sommet duquel trône Dieu est assez claire pour que je me passe d’explications supplémentaires. Ce qui est compliqué c’est la politique d’un point de vu humaniste au sens de l’humain au dessus de tout. S’il est au dessus de tout, qui le jugera ? Lui-même bien sûr. L’humain étant imparfait et un peu tricheur dans son jugement sur ce qu’il est, voilà la raison pour laquelle, il n’y a jamais de réponse définitive à ce qu’est la gauche et la droite de ce point de vu. Le relativisme est la règle en cette matière. Pour remédier au problème que cause la subjectivité et l’émotivité que l’humain a lorsqu’il analyse son espèce - subjectivité et émotivité qui ouvre la porte à d’interminables débats -, l’argent vient souvent clore débat. Elle vient mettre malgré soi tout le monde d’accord. L’argent, elle, plus personne ne conteste son autorité. Ceux qui la contestent par le verbe n'arriveront jamais à devenir indépendant vis-à-vis elle, alors ce qu'ils disent n'est que du vent.

 

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