vendredi, 29 novembre 2013 13:00

Souhait des Fêtes

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Ray Y. Adamson

Une légère excitation se fait sentir: le temps des Fêtes approche. Les parents rappellent à leurs enfants que Papa Noël donne les cadeaux seulement aux enfants obéissants.

Les écoliers se mettent aux études avant les examens de fin de session. Chacun s'empresse de finir son travail pour s'occuper des achats de Noël. Les vacances arrivent! La première semaine de décembre est passée et voilà: les cartes de souhait réelles et virtuelles ont commencé à remplir la boite aux lettres et le compte courriel.

Sans surprise, Noël n'y figure pas. Le phénomène n'est pas nouveau; nous sommes témoins d'une désacralisation de notre société à tous les niveaux. Pourtant, le congé reconnu par les états québécois[i] et canadien[ii] est bien Noël, le jour ou près de deux milliards deux cent millions[iii] de Chrétiens autour du monde célèbrent la Nativité, l'histoire selon leur tradition de la naissance du fils de Dieu[iv]. En fait, seulement 5.8% de la population du Québec se dit sans appartenance religieuse et 90.3% est chrétienne[v]. Il est donc normal que fervents et pratiquants aiment cette Fête. Il y a aussi des gens d’autres religions qui donnent des cadeaux à leurs enfants à Noël. Même les athées et les Québécois qui se disent libérés du joug de l'Église catholique par la Révolution tranquille veulent célébrer Noël. Ça fait partie de notre patrimoine – et ce même si le Père Noël a remplacé les Rois mages. Donc, pourquoi ne pas se souhaiter Joyeux Noël?

 

SEASON'S GREETINGS

On choisit nos mots afin de ne pas offenser notre interlocuteur, voilà pourquoi on ne dit plus « Joyeux Noël ». C'est bien beau vouloir retirer la Nativité du temps des Fêtes, mais alors pourquoi mettre une majuscule au mot « Fêtes »? Ces dernières ne font pas référence au solstice d'hiver ou le 39e anniversaire de naissance du voisin – le majuscule est en référence au caractère sacré d’une fête religieuse. Pour être cohérent dans l’esprit de rectitude politique, il faudrait donc suivre la logique jusqu'au bout et faire comme nos voisins anglophones: se souhaiter « Season's Greetings » ou… « Salutations de la saison ». C’est boiteux, mais ça a le mérite que le récipiendaire l'interprètera comme il veut, et c'est suffisamment incompréhensible pour offenser personne.

Cependant, la solution trouvée par l'industrie des cartes à souhaits n'est pas la bonne, car le problème n'est pas chez la personne qui reçoit la carte. Il serait fort étonnant que celle-ci se sente insultée, préférant lire Heureuse Kwanza à la place d’un Joyeux Noël. Les gens ont des sentiments à exprimer et le font de bon cœur – le problème n’est donc pas chez l’expéditeur. C’est un malaise de société : afficher son appartenance religieuse est découragé même entre Chrétiens. La raison est simple : une nation auquel plus de 90% se déclare d’appartenance religieuse chrétienne se fait matraquer dans son identité chrétienne sans arrêt. L’image de l’Église catholique est une de rigidité, ringardise et scandales sexuels. Les symboles religieux se font enlever par la justice[vi], les écoles ont été déconfessionnalisées malgré la Loi constitutionnelle de 1867 et l’héritage culturel est à vendre en condos[vii]. À la longue, le peuple fini par avoir honte de son identité. Et c’est souvent des minorités qui ne représentent personne ou presque qui sont les responsables : par exemple, malgré tout le battage médiatique autour de la Charte de la laïcité[viii] et l’intervention d’hystériques grossières aux slogans anglophones sur leurs seins nus[ix], la pétition pour le retrait du crucifix à l’Assemblée nationale obtient un score des plus misérables[x]. Cela étant dit, et malgré les échecs et refus populaires, les gens sont quand-même affectés par ces influences. Ils jouent alors la comédie pour préserver l'apparence qu'ils agissent de manière respectueuse et irréprochable. Mais entre des gens de bonne volonté, pouvons-nous honnêtement taxer quelqu’un qui souhaite un joyeux Noël de prosélytisme?

 

PROSÉLYTISME

C’est curieusement le contraire qui est vrai. Un exemple poignant est la carte de Noël de notre prochain premier ministre[xi], Justin Trudeau. Sa carte de décembre 2013 (image reproduite ci-dessus) contient les mots suivants : « Une famille. Un monde. Unissons-nous en ce temps des Fêtes. » Fêtes est écrit avec un grand F, mais on parle du « temps » des Fêtes, donc la période qui englobe Hanoukka et Noël. Est-ce que Trudeau recommande aux Chrétiens de s’unir aux Juifs? Si oui, c’est mal exprimé et concrètement ça ne veut rien dire. De plus, cela exclue le reste de la population. Sinon, est-ce que tous les Canadiens forment une grande famille? ou bien formons-nous une famille avec le reste de l’humanité? Si c’est bien le message désiré, il n’est pas normal qu’une carte de Noël envoyée à tous les militants du Parti libéral du Canada fasse l’apologie d’un creuset mondial multiculturel et pluri-religieux. À la saveur de cette bouillie mondialiste, on peut se demander si ce parti fédéraliste a aussi une mission de destruction de l’identité culturelle et religieuse des Canadiens. Quel que soit le cas, il n’est pas nécessaire de l’imiter.

 

N’AYONS PAS PEUR

Voici une façon saine de s’en sortir : intéressons-nous aux personnes à qui on souhaite le bonheur. Si on s’adresse à un Musulman, il est bon de savoir quand dire Ramadan kareem. Au voisin Québécois de souche: c’est permis de prendre pour acquis qu’il est chrétien ou de culture chrétienne. Même s’il s’est converti ou est non-pratiquant, il ne sera pas insulté – bien au contraire! car vous ne lui souhaitez pas la peste mais la joie. En affaires, s’il est important d’envoyer une carte de Noël à tous vos clients et qu'il y en a trop pour les personnaliser, dites-vous que bien plus de gens seront touchés par un Joyeux Noël que par un tour de langue énigmatique. Le client qui retirerait ses affaires pour cause d’une carte de souhaits (si tel client existe) manquerait de savoir-vivre. Rejetons l’inversion accusatoire de prosélytisme. Finissons-en de ces formules bidon! N’ayons pas peur de nous exprimer librement, selon notre culture et dans la joie.

 

 [i] http://www.revenuquebec.ca/fr/nous_joindre/citoyens/feries.aspx

[ii] http://www.pch.gc.ca/fra/1266366005340/1268245237942

[iii] http://www.pewforum.org/2011/12/19/global-christianity-exec/

[iv] http://www.catechisme.catholique.fr/le-catechisme/fetes-chretiennes/vivre-noel-et-l-avent-en-famille.html

[v] http://www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l02/cst01/demo30b-fra.htm

[vi] http://www.lapresse.ca/le-quotidien/le-quotidien-du-jour/200904/01/01-842292-la-juge-pauze-fait-enlever-le-crucifix-dans-la-salle.php

[vii] http://affaires.lapresse.ca/portfolio/immobilier-commercial/201203/21/01-4507711-ces-eglises-qui-recoivent-un-nouvel-appel-de-vocation.php et http://www.patrimoine.uqam.ca/upload/files/membres/JSEAC_int_V36_N1_Bernier.pdf

[viii]Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement : http://www.assnat.qc.ca/Media/Process.aspx?MediaId=ANQ.Vigie.Bll.DocumentGenerique_76791&process=Original&token=ZyMoxNwUn8ikQ+TRKYwPCjWrKwg+vIv9rjij7p3xLGTZDmLVSmJLoqe/vG7/YWzz

[ix] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2013/10/01/003-manifestantes-salon-bleu-quebec.shtml

[x] https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/pour-le-retrait-du-crucifix-%C3%A0-l-assembl%C3%A9e-nationale-du-qu%C3%A9bec

[xi] Malheureusement, c’est fort possible: http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2013/09/20130918-211636.html

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