samedi, 29 octobre 2016 10:00

Des religieuses catholiques féministes est-ce possible ?

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Francis

Est-il possible que des religieuses catholiques fassent aujourd'hui la promotion du féminisme? Aussi surprenant que ça puisse paraître la réponse est oui. J'ai fait cette affirmation lors d'une discussion avec un ami tout récemment et il en était très supris. Il se disait que le catholicisme et le féminisme étaient opposés. Les raisons sont multiples, mais une des principales est que nombre de communautés religieuses féminines se cherchent en quelque sorte une vocation nouvelle en ce monde sécularisé.  C'est surtout le cas des religieuses spécialisées dans l'action sociale, sachant que le travail social ayant été largement laïcisé, qui ont de la difficulté à définir leur spécificité dans le monde actuel. La lutte féministe est ainsi devenue un champ d'action pour ces religieuses. Certaines congrégations comme les Soeurs de St-François d'Assise et les Soeurs Missionnaires Notre-Dame des Apôtres sont membres de la Fédération des femmes du Québec qui défend pourtant le droit à l'avortement et demeure plutôt hostile à l'Église catholique. Ces bonnes soeurs ne se rendent sûrement pas compte qu'elles travaillent main dans la main avec des femmes qui sont parmi les pires ennemies de l'Église dont elles font partie et qui n'en ont rien à cirer des principes et des valeurs catholiques.

La crise de l'Église, qui fait rage depuis les années 50, est marquée entre autres par la remise en question de l'autorité et certaines religieuses réclament plus de pouvoir pour les femmes dans l'Église, pour imiter en quelque sorte les sociétés occidentales. Dans le sillage du concile Vatican II, nombre de femmes religieuses et laïques espéraient vivement que les femmes pourraient accéder au sacerdoce et devenir en quelque sortes "les égales" des hommes dans l'Église.  On n'a qu'à penser à l'intervention de Sr Theresa Kane lors de la visite du pape Jean-Paul II aux États-Unis en 1979, quand elle a demandé à l'Église d'accepter la prêtrise féminine. Mais aussi bien Paul VI que Jean-Paul II ont rappelé que le sacerdoce était un ministère réservé aux hommes, notamment du fait que Notre Seigneur Jésus-Christ a choisi exclusivement des hommes pour faire partie de ses apôtres. Les femmes ne sont pas pour autant méprisées ou laissées pour compte, elles sont simplement appelées à exercer d'autres fonctions. Une quantité impressionnante de religieuses ont occupé et occupent encore des fonctions de directrice d'écoles, d'hôpitaux, d'orphelinats, exercent un ministère auprès de femmes, qui n'est pas le sacerdoce, mais qui est tout aussi précieux. Mère Teresa a été un des personnages les plus importants de l'Église catholique au XXème siècle. Sainte Thérèse d'Avila, Sainte Catherine de Sienne et Sainte Thérèse de Lisieux ont été promues au rang de docteurs de l'Église. Pas mal pour une institution soi-disant misogyne!

Au Québec nous ne sommes pas en reste avec l'association Femmes et Ministères fondée en 1982 par Soeur Gisèle Turcot de l'Institut Notre-Dame du Bon Conseil de Montréal et un groupe de théologiennes féministes (1). Il y a aussi l'Assocation des religieuses pour les droits des femmes, qui regroupent plusieurs communautés dont les Soeurs du Bon-Conseil de Montréal, les Soeurs Auxiliatrices et les Soeurs des Saints Noms de Jésus et Marie. L'ARDF a envoyé la lettre suivante à Pauline Marois suite à son élection comme Premier Ministre du Québec en 2012 (2). Le féminisme a donc pénétré dans nombre de communautés religieuses féminines, comme l'avait remarqué le cardinal Ratzinger, devenu par la suite le pape Benoit XVI, dans les années 80. C'est devenu une sorte de cheval de Troie de l'humanisme dans l'Église. Il y a quelques années il y a eu un bras de fer entre la LCWR (Leadership Conference of Women's Religious), qui est le principal regroupement des religieuses américaines, et le Vatican sur la question du féminisme.  

La doctrine catholique (et j'ajouterais même par extension : chrétienne) s'oppose au féminisme, mais pas à la promotion des femmes dans la société. L'Église valorise grandement et avec raison le rôle des mères au foyer. Seulement, il ne s'agit pas de contraindre les femmes à rester au foyer, comme le prétendre certaines féministes. Comme le rappelait Paul VI en 1976, le rôle des femmes au foyer est essentiel et contribue à former des personnalités humaines qui formeront la société de demain. Le Saint Père mentionnait aussi que l'égalité des droits ne doit pas conduire à un nivellement égalitaire et impersonnel qui se ferait au détriment de la famille. Jean-Paul II, quant à lui, mettait en garde en 1980 contre le fait d'effacer la vocation féminine spécifique de mère et d'épouse au profit d'une fausse libération. Une authentique promotion féminine ne doit pas aller à l'encontre de la morale chrétienne nous rappellent les papes et ce, depuis le développement du mouvement féministe. Les religieuses féministes auraient intérêt à méditer les paroles du Magistère de l'Église avant de s'engager dans une cause douteuse eu égard à leur vocation et leurs voeux.

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