jeudi, 08 septembre 2016 13:45

Je ne me souviens plus

Evaluez cet article
(2 vote)

Mike Deschamps

Tandis que certains voudraient voir la désacralisation du mariage [i], d’autres l’ont déjà achevé. Certains ont décidé qu’il fallait accélérer le processus de la formation perpétuelle de l’Homme nouveau [ii]. Quoi de plus efficace pour changer les mœurs que d’instaurer une réforme du droit de la famille. Ce fut chose faite en 1980 avec l’application de cette réforme par le gouvernement Lévesque. Chez les souverainistes on se rappelle encore de Lévesque pour ses prises de position en faveur de l’indépendance du Québec. En revanche, personne ne se souvient, sauf les féministes, du travail accompli par son ministre de la justice : Marc-André Bédard.

 




 
Le 10 octobre 1979, Sheila Finestone de la Fédération des Femmes du Québec écrivait dans son bulletin: « Nous recommandons que la FFQ demande au ministère de la Justice ainsi qu'au ministère de l'Education de faire des pressions pour que le gouvernement approuve sans délai les modifications du Code civil qui visent à reconnaître l'égalité des partenaires dans le couple ». 
C’est donc chose faite. En 1980 (loi du 4 décembre) sont introduites les conditions du mariage pour la femme au Québec. Cet acte mit un terme au Code civil du Bas-Canada de 1866. Marc-André Bédard argumenta :

« Parler de la famille dans le Québec moderne et pluraliste que nous connaissons, c'est évoquer une réalité mouvante, en pleine évolution. La famille fait partie de ces valeurs collectives clefs de notre histoire dont nous reconnaissons tous aujourd'hui qu'elles traversent une période de transformation. La famille fait partie de ces valeurs clefs de notre histoire. En fait, on pourrait saisir l'évolution de notre société à travers les mutations qui se sont accomplies au sein de la cellule familiale et vice versa […] C'est pourquoi le projet de loi 89 s'attache, dans tous ses  aspects, à concrétiser l'affirmation et la protection de la dignité, de la liberté et de l'égalité des membres de la famille. […] Trop longtemps, certaines conceptions figées de la famille ont fait peser sur la femme le seul poids et les responsabilités quotidiennes de la famille, tout en l'écartant du processus décisionnel

 



Un de ces articles de loi (article 442 devenu article 393 en 1991) donne le ton sur l’ensemble de la réforme :

« Chacun des époux conserve, en mariage, ses nom et prénom; il exerce ses droits civils sous ces nom et prénom. »    

Il s’agit donc d’imposer à la femme de garder son nom de jeune fille après son mariage. Dans un processus démocratique, nous aurions pu obtenir le choix mais, idéologie égalitariste des Lumières oblige, il fallut détruire le patriarcat en s’attaquant au pilier de la famille : la femme. Ainsi, une fois la famille détruite au plus profond de ses valeurs, il est facile de pervertir chacun de ses membres afin de les orienter sur une forme de libéralisme libertaire tout en alimentant des tensions. La lutte des classes fait place à la lutte des sexes. Opposer l’homme et la femme dans des luttes permet de faire oublier que le prolétariat qui touche l’ensemble des hommes et des femmes est soumis au Capital.
Bien que Fernand Lalonde, présent pendant les débats s’exclamait : « Contrairement au Code criminel, le Code civil n'est pas une loi qui défend, qui interdit, mais une loi qui permet, qui trace les limites de l'exercice des libertés individuelles dans toute société ». Il s’agit pourtant bien ici d’une interdiction sous couvert d’égalitarisme.
 
Soulignons également que Marc-André Bédard avait reçu le prix de la lutte contre l'homophobie décerné par la Fondation Émergence du Québec.
 
L’imposture des parties souverainistes n’est donc pas nouvelle. Les conséquences de la révolution française, tant crainte par les catholiques du Québec, ainsi que de la révolution tranquille ont fini par émerger de façon plus concrète dans l’univers politique québécois. A quand un parti souverainiste qui tient compte de l’histoire du Québec sans être dans le déni de sa propre identité ?

 

[i] http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/item/5887-désacralisation-du-mariage-la-mission-humaniste-des-lumières

[ii] http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/dossierslbdp/item/7816-l’homme-nouveau

Commentaires   

 
0 #1 Louis-Philippe 27-07-2018 14:03
Pourquoi ne pas avoir laissé le libre-choix aux femmes mariées quand à leur nom de famille? Tout le monde aurait été satisfait, tant les femmes conservatrices que les progressistes. On dirait que le PQ tenait absolument à mettre le Québec à l'avant-garde! C'est déplorable de la part d'un parti qui se targe d'être patriotique et indépendantiste .
Citer
 

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir