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Médias et ONG émeuvent les canadiens pour qu’ils acceptent l’influx massif de réfugiés

Ray Y. Adamson

Ça prend combien de docteurs en chaloupe pour repêcher des corps en haute-mer?

Assez suspect l’article publié cette semaine sur le service public Radio-Canada : « De 700 à 900 migrants auraient péri en mer cette semaine » (29 mai). Le verbe au conditionnel passé est utilisé parce que l’information n’est pas confirmée. Personnellement, je trouve qu’il y a une différence non-négligeable entre 700 et 900, estimations avancées par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Par contre, la limite supérieure est corroborée par un « tweet » de l’organisme non-gouvernemental Médecins sans frontières (MSF). Donc l’information incertaine est peut-être vraie. Cependant selon son site internet MSF apporte une assistance médicale à des populations dont la vie ou la santé est menacée. Je ne veux pas nier des faits – car il y a surement beaucoup de morts – mais publier des estimations de noyades sur Twitter fait partie du mandat de MSF depuis quand?

 © Marine italienne/Masimo Sestini

Qui sont Ces migrants noyés?

La photo ci-dessus est tirée de la source originale du UNHCR dans le communiqué officiel sur lesdites noyades[i]. Il est clairement spécifié dans le texte qu’il s’agit de migrants africains, dalleurs on voit bien que ces malheureux sont noirs. Il ne s’agit pas de Syriens. Ces derniers sont peut-être un peu basanés mais ils sont blancs.

Pourtant, en publiant une nouvelle image-choc produite par une autre organisation non-gouvernementale (cette fois c’est l’allemande Sea-Watch) d’un bambin noir noyé tout en citant le nom d’Aylan Kurdi dans la première phrase d’un article le lendemain (30 mai) Radio-Canada et Agence France-Presse font un lien assez contestable entre les crises migratoires syriennes et africaines.

Rappel : Aylan Kurdi est le jeune garçon syrien (d'origine kurde, d’où le nom de famille) mort noyé le 2 septembre 2015 à l'âge de trois ans. Originaire de Kobané, sa famille tentait de fuir un conflit armé. La photographie de sa dépouille gisant sur une plage de Turquie a entraîné une onde de choc mondiale et a relancé la question de l'accueil des immigrants syriens au Canada. Les réfugiés syriens entraient par milliers au Canada seulement deux mois plus tard, soit le 4 novembre 2015.

Cette nouvelle photo frappera-t-elle notre imaginaire de la même façon?

Mais soyez plus créatifs pour nous enfumer, voyons! Il y a des centaines de milliers d’enfants qui crèvent littéralement de faim chaque année, et on veut nous faire pleurer avec cette nouvelle histoire d’enfant noyé?

C’est quasiment une autre Shoah

Pour bien ébranler les esprits occidentaux, notre média national nous explique le lendemain matin à quel point tout cela est terrible : la mer Méditerranée devient le tombeau des migrants (31 mai). En soirée, Roméo Dallaire – celui qui serra la main du Diable en personne au Rwanda – nous sermonnait sur notre inaction face au « génocide syrien ». Le point Godwin est atteint lorsque notre sénateur déclare :

« … nous espérons faire pour les Syriens ce qui n'a pas été fait pour les Juifs durant la Deuxième Guerre mondiale : mettre en lumière leurs souffrances et faire pression pour que les autres posent des gestes afin de prévenir ces crimes et  protéger ces communautés. »

La boucle est bouclée : victimes africaines = victimes syriennes = victimes juives du nazisme.

Cependant, le petit est africain, pas syrien… mais en quelque part tout est lié, n’est-ce pas? L’enfant transitait par la Lybie. La Syrie et la Lybie sont tous deux sur la Méditerranée. C’est la même région. Les deux enfants sont des migrants quittant des zones de conflits. Le Canada était contre Khadafi qui, on prétend, faisait des exactions contre son peuple tout comme on est contre Assad qui fait pareil, paraît-il. Les deux font partie de l’axe du Mal. Les réfugiés quittent des monstres, quittent la guerre, les terroristes et l’État islamique sont dans les deux pays, des Libyens combattent en Syrie et des Syriens se battent en Lybie. Difficile de ne pas faire d’amalgames. On finit par se dire qu’ils sont tous pareils, les islamiques, peu importe le pays c’est tout arabe. Alors, pôvres zenfants!

Réaliser un objectif politique

Notre organe de propagande national entretient cette confusion avec ses liens douteux et un matraquage idéologique incessant. Radio-Canada, largement mieux subventionné par l’actuel gouvernement libéral sous Justin Trudeau que sous les conservateurs de Stephen Harper (qui mettait la hache au budget) fait le lien entre l’hécatombe en Méditerranée et la crise migratoire syrienne à travers ces enfants noyés pour qu’on accepte plus facilement l’influx de réfugiés.

Données en date du 15 mai 2016, image tirée du Gouvernement du Canada

Dès le départ, nous savons que la résidence permanente est accordée aux réfugiés canadiens. Les 27,190 Syriens déjà installés au pays ne font pas exception. Il leur faut donc 1,460 jours (4 ans) avant de devenir citoyens canadiens et obtenir le droit de voter pour le gouvernement qui leur a offert l’asile et le filet social financé par un peuple subissant l’austérité.

Erreur, me dites-vous! Les réfugiés sont entrés juste après les élections d’octobre 2015. Les prochaines élections seront dans quatre ans, donc en principe nos réfugiés obtiendront leur droit de vote après les prochaines élections. Mais je ne fais pas erreur, les amis! car le gouvernement libéral propose aussi de réduire d'un an la durée de présence effective au Canada qui serait exigée des résidents permanents avant qu'ils puissent avoir droit à la citoyenneté. C’est John McCallum, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, qui a lui-même déposé un projet de loi en ce sens février dernier.

Entre-temps, dans son délire raciste d’islamophobie antisémite, la Hongrie érige des barbelés pour renforcer sa clôture antimigrants.