mercredi, 11 mai 2016 09:59

Vendez-nous l'indépendance SVP

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4 commentaires

Eric Tremblay

Ça discute fort sur la chefferie du Parti Québécois ces temps-ci. Mais franchement Hivon, Cloutier ou un autre on s’en fout. Il y a un problème dans le mouvement indépendantiste et celui-ci n’est pas le choix du chef, ni la nature de la social-démocratie du PQ, ni combien à gauche il se situe par rapport à Québec Solidaire.

Le problème est que le peuple ne porte plus l’indépendance dans son cœur. Puisqu’il n’en est plus convaincu sur le plan émotionnel, il faut donc le convaincre avec d’autres arguments. Le malheur pour la cause est que les gens les mieux habilités à vendre la salade – nos politiciens et journalistes – ne font pas le moindre effort en ce sens.

On a vu Pauline Marois refuser de faire un référendum durant son mandat; madame attend toujours les conditions gagnantes qui vont tomber du ciel. On a vu le grand communicateur Bernard Drainville concentrer son intérêt sur l’identité nationale lors de l’épisode de la Charte des valeurs… alors que les gens rejettent de plus en plus les arguments identitaires. Ça fait un peu raciste, ça crée un malaise.

Personne n’a accepté qu’on est à l’ère du dollar. Aujourd’hui, avec les pressions financières qui pèsent sur nous tous il faut répondre à une question avant toute autre : « Qu’est-ce que ça me donne? ». C’est malheureux mais les idéaux sont pour les idéalistes. Le peuple, lui est dans le concret – et le concret est une augmentation constante du coût de la vie et une érosion du pouvoir d’achat. Notre concret est la perte d’indépendance financière – drôlement la même réalité que le Québec!

Le Parti Québécois se fait déchirer par la Coalition Avenir Québec (qui attire la droite économique non-fédéraliste) et se fait gruger par Québec Solidaire (qui attire sa gauche en prétendant qu’elle l’est encore plus). L’hémorragie doit cesser si le PQ veut sincèrement être le parti rassembleur qui nous mènera vers l’indépendance.

Malheureusement, le PQ refuse de nous vendre sa raison d’être sur des bases économiques. C’est pourtant la seule façon de rallier la droite économique perdue à la CAQ, car les nationalistes mous rendus à la CAQ pensent plus à l’argent que leurs rêves de jeunesse. C’est aussi la seule façon de reprendre la gauche extrémiste absorbée par QS, car en principe l’extrême-gauche devrait accueillir favorablement les idées qui enrichissent la collectivité.

À cette heure, je m’en fous si les gens ont embarqué dans le bateau de la gauche ou de la droite. «  L’indépendance n’est ni à gauche ni à droite, elle est en avant. » Le contexte était différent, mais Pierre Karl Péladeau avait raison de reprendre cette phrase de Bernard Landry. En empruntant une vision économique nationaliste on peut dire que la richesse du Québec est une marée : quand elle montera, tous les bateaux de l’indépendance monteront avec. C’est dans ce contexte qu’un positionnement de gauche ou droite sur le spectre politique n’a plus d’importance.  Il est donc impératif pour le PQ de se poser des questions existentielles avant de choisir un chef. Si c’est réellement un parti indépendantiste, il doit expliquer au peuple en quoi l'indépendance serait plus payante que le statut quo. Sinon, on manquera tous le bateau.

Commentaires   

 
0 #5 abcdef 27-09-2018 13:01
Ce qu'il nous faudrait ce serait être indépendant de la franc-maçonneri e mais bon...
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+1 #4 Gilles Verrier 16-06-2016 22:31
Si l'identitaire n'est «pas vendable» sur le plan national c'est que toutes les identités doivent de concurrencer sur le territoire québécois. Sans que l'une, convergente sans être privée de racines, ne soit proposée comme socle de rassemblement national. Quelle différence avec le Canada dans ce cas ? Si votre motivation pour l'indépendance est l'argent, pourquoi vouloir l'indépendance ? Pour en gagner plus ? Ce n'est pas une raison pour que l'Alberta se sépare du Canada et la logique s'applique aussi au Québec. Votre approche multiculturalis te et mondialiste ne justifie en rien que le Québec devienne un pays indépendant car il n'aura rien à témoigner au monde et ne procure à la cause aucun motif autre que matériel. Elle pourrait remplir les poches des uns et des autres mais elle n'enrichirait pas le monde.
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0 #3 Guy 11-05-2016 19:05
Premièrement, le référendum de 1995 ayant été volé, je pense que beaucoup de gens se disent que le prochain aussi le sera, à moins d'un score en haut de 60%, disons. C'est déprimant. Comme le Québec n'a pas d'armée, une révolution est impossible. De toute façon aucune révolution dans l'histoire qui a réussi n'a pu le faire sans aide extérieure. Le Québec n'a pas d'état puissant ami. Des trois pays en devenir, soit l'Écosse, la Catalogne et le Québec, aucun n'a encore réussi son coup. Donc on n'est pas plus poches qu'eux, ou ils le sont autant que nous. Ensuite la charte, une grande majorité était en faveur mais elle a été mal vendue par le PQ, le calcul électoral était malhabile et transparent. Ça sentait la manipulation et combiné à la stratégie du PLQ sur le référendum, ç'a donné ce que ç'a donné. Marois n'a jamais eu d'instinct politique et était mal conseillée par son entourage. La gynéocratie a donc été essayée et ça n'a pas marché. Et oui, l'économie devrait être le cheval de bataille. Nantel fait un excellent travail sur Youtube. Le centre de recherche créé par PKP sera au centre de cette stratégie économique. Le problème, c'est le PQ, et ça depuis un bon bout. Finalement, il faut prêter attention à comment le pouvoir nous manipule émotionnellemen t. Le regain d'enthousiasme pour l'indépendance entre le décès de Parizeau et l'élection fédérale a été tué par des opérations de propagande Radio-Canada - La Presse et consorts 1: le Bloc est mort, Duceppe est fini. 2: les jeunes ne s'intéressent plus à l'indépendance. Personne n'a vu le "timing"? L'effet est là en tout cas, ça c'est sûr. Ça montre que les Desmarais et co. on très peur de ce sentiment de fierté qui peut remonter n'importe quand. Ce sentiment est le ressort et la condition nécessaire pour l'indépendance. Finalement, en politique, le levier c'est l'élection. 20 personnes volontaires peuvent effrayer un député à craindre pour sa réélection. On peut constater l'effet sur les députés des régions au sujet du registre des armes à feu.
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0 #2 Andrée 11-05-2016 18:30
Merci pour cet article Éric, je suis bien d'accord avec vous. Suffirait que les vidéos de Jean-Jacques Nantel soient plus connu, car ses analyses sont très bonnes et le ton est bon. Mon coeur bat pour le Québec. vous avez parfaitement raison : les élites sont pour la plupart carriéristes... . PKP était bon mais il est parti.....Le Québec a tout à gagner financièrement à être un État indépendant et souverain: la voie maritime du St-Laurent....l 'argent qu'on perd en faisant pas payer ceux qui passent par là.....ça n'a pas de sens....Prions St-Laurent de nous envoyer de l'aide ops
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0 #1 Eric Tremblay 11-05-2016 15:31
L'analyse de Mario Dumont sur l'erreur stratégique d'instrumentali ser la Charte à des fins électorales est fort pertinente, mais je ne suis pas d'accord sur la question identitaire. D'après-moi les gens vont chercher leur intérêt financier avant tout.

http://www.journaldemontreal.com/2016/05/06/un-pq-sans-identite
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