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Eric Tremblay
Ça discute fort sur la chefferie du Parti Québécois ces temps-ci. Mais franchement Hivon, Cloutier ou un autre on s’en fout. Il y a un problème dans le mouvement indépendantiste et celui-ci n’est pas le choix du chef, ni la nature de la social-démocratie du PQ, ni combien à gauche il se situe par rapport à Québec Solidaire.
Le problème est que le peuple ne porte plus l’indépendance dans son cœur. Puisqu’il n’en est plus convaincu sur le plan émotionnel, il faut donc le convaincre avec d’autres arguments. Le malheur pour la cause est que les gens les mieux habilités à vendre la salade – nos politiciens et journalistes – ne font pas le moindre effort en ce sens.
On a vu Pauline Marois refuser de faire un référendum durant son mandat; madame attend toujours les conditions gagnantes qui vont tomber du ciel. On a vu le grand communicateur Bernard Drainville concentrer son intérêt sur l’identité nationale lors de l’épisode de la Charte des valeurs… alors que les gens rejettent de plus en plus les arguments identitaires. Ça fait un peu raciste, ça crée un malaise.
Personne n’a accepté qu’on est à l’ère du dollar. Aujourd’hui, avec les pressions financières qui pèsent sur nous tous il faut répondre à une question avant toute autre : « Qu’est-ce que ça me donne? ». C’est malheureux mais les idéaux sont pour les idéalistes. Le peuple, lui est dans le concret – et le concret est une augmentation constante du coût de la vie et une érosion du pouvoir d’achat. Notre concret est la perte d’indépendance financière – drôlement la même réalité que le Québec!
Le Parti Québécois se fait déchirer par la Coalition Avenir Québec (qui attire la droite économique non-fédéraliste) et se fait gruger par Québec Solidaire (qui attire sa gauche en prétendant qu’elle l’est encore plus). L’hémorragie doit cesser si le PQ veut sincèrement être le parti rassembleur qui nous mènera vers l’indépendance.
Malheureusement, le PQ refuse de nous vendre sa raison d’être sur des bases économiques. C’est pourtant la seule façon de rallier la droite économique perdue à la CAQ, car les nationalistes mous rendus à la CAQ pensent plus à l’argent que leurs rêves de jeunesse. C’est aussi la seule façon de reprendre la gauche extrémiste absorbée par QS, car en principe l’extrême-gauche devrait accueillir favorablement les idées qui enrichissent la collectivité.
À cette heure, je m’en fous si les gens ont embarqué dans le bateau de la gauche ou de la droite. « L’indépendance n’est ni à gauche ni à droite, elle est en avant. » Le contexte était différent, mais Pierre Karl Péladeau avait raison de reprendre cette phrase de Bernard Landry. En empruntant une vision économique nationaliste on peut dire que la richesse du Québec est une marée : quand elle montera, tous les bateaux de l’indépendance monteront avec. C’est dans ce contexte qu’un positionnement de gauche ou droite sur le spectre politique n’a plus d’importance. Il est donc impératif pour le PQ de se poser des questions existentielles avant de choisir un chef. Si c’est réellement un parti indépendantiste, il doit expliquer au peuple en quoi l'indépendance serait plus payante que le statut quo. Sinon, on manquera tous le bateau.
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http://www.journaldemontreal.com/2016/05/06/un-pq-sans-identite
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