mercredi, 13 avril 2016 13:35

Les auteurs que l’on doit craindre…

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Peinture de Michael Konrad Hirt, Vanité à la bougie, encrier, plume, crâne et livres, 1630

 

Juriste Curé

Léon Bloy a écrit : « Je sais bien que quelques-uns qui savent prier prieront pour moi de tout leur cœur, mais qu’ils seront loin alors et quelle solitude épouvantable devant mon juge ! Plus on s’approche de Dieu, plus on est seul, c’est l’infini de la solitude. ] »

Seul face à Dieu qu’il s’est tant préparé à rencontrer par la lecture des paroles saintes qu’il a tant lues dans sa cave obscure, la tentation d’ « haïr père, mère, enfants, frères et sœurs pèseront sur moi comme une montagne de granite incandescent [Méditation d’un solitaire en 1916, p.19] » ajoute-t-il. 

Bloy est l’âme sœur de l’un de nos écrivains les plus connus. J’ai nommé Claude-Henri Grignon, dit le lion du Nord.

 

Le lion du Nord

Apprendre que l’auteur d’« Un homme et son pêché » est un Alexis qui se dit de droite, catholique anticléricale, antiféministe [i], maurassien donc monarchiste, mais du roi de France… ou peut-être bien dévoué au roi du Québec, vu qu’il est nationaliste au point de prêcher par l’exemple pour un retour à la terre, a de quoi ébranler.  C’est pourtant ce qu’on apprend dans son ouvrage paru aux éditions Trois-Pistoles « Olivar Asselin, le pamphlétaire maudit. » L’on apprend aussi dans cet ouvrage de Grignon qu’avant d’écrire « Un homme et son péché » et la télésérie « Les belles histoires des pays d’en haut », il sévissait avec fracas par de virulents pamphlets sous le pseudonyme Valdombre.  Le seul ami de Valdombre : Olivar Asselin !

 

Bolivar Asselin

Asselin un auteur que l’on se doit de craindre. Mis à part son célèbre coup de poing au visage de ce qui allait devenir le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau (et qui lui valut d'ailleurs de faire de la prison [ii]), s’il y a bien une chose à retenir d’Olivar Asselin donc c’est qu’il fut l’un des seuls Canadiens-français nationalistes et éduqués qui allèrent à la première guerre mondiale. C’est-à-dire qu’il avait le choix d’y aller ou pas et y est allé pareil ! Célèbre à ce moment pour avoir dirigé le journal ' Le nationaliste ', tout était en place pour lui montrer que sa vie valait davantage que celle des autres. Pourtant, au moment de former son bataillon pour l’Europe, les nouvelles des fronts canadiens ne pouvaient être pire : 6035 hommes perdus à la deuxième bataille d’Ypres et 2468 à Festubert en Allemagne.[Olivar Asselin et son temps, le volontaire p.11] Avaient-ils des envies suicidaires ? Ce serait bien mal le comprendre. Sa vie ne valait que ce que vaut un individu, sa nation par contre… et il y avait Dieu, Asselin étant très catholique. Il craignait le jugement dernier. Il craignait ce moment où « pèserait sur lui une montagne de granite incandescente ».

 

« Le désespéré »

Bloy écrit : 

- « Abusant effroyablement de l’Évangile quelques-uns osent parler de pardon, disant que la haine est aussi contraire à la justice qu’à la miséricorde et que les chrétiens ont le devoir de donner à leurs ennemis tout de ce que ceux-ci leur demandent et même au-delà »

- « si quelqu’un veut prendre ta tunique, abandonne-lui encore ton manteau, ainsi parle Jésus dans le sermon dans la montagne ».  

Autrement dit, ajoute-t-il : « vous voulez la moitié de la France messieurs les prussiens, prenez donc jusqu’aux Pyrénées.  Vous voulez détruire nos églises après les avoir profanées.  Il vous faut les âmes de nos enfants pour les étendre en les pourrissant. Ne vous gênez pas. […] et ça continue comme ça jusqu’à : « Et si vous voulez faire de nous des musulmans nous y consentirons volontiers… » Mais Bloy change de ton soudainement : « Eh bien, moi je ne consens rien à rien, je ne renonce à rien et je me persuade que la haine infinie de tous les saints pour les démons est exactement ce qu’il faut offrir aux ennemis de la France [Méditation d’un solitaire en 1916, p.23].

Voilà, voilà, un vrai chrétien qui parle ! Et je comprends que Grignon ait dit que Bloy l’avait convaincu, l’avait empêché « de tomber dans ce gouffre noir de l’Athéisme, pas de l’Anticléricalisme ».

 

« Le salut par les juifs »

Bloy écrit : « « La France est assassinée par ses évêques », disait souvent la Bergère de Salette. Ces hauts pasteurs, souvent choisis dans les conciliabules maçonniques où préside le diable, peuvent-ils ne pas souscrire à l’occulte volonté qui les installa sur leurs sièges ? »

Catholique anticlérical ! Tout s’explique. Mais au fait, pourquoi devrait-on les craindre [iii]... « comme une montagne de granite incandescent » sur notre dos ?

 

 

[i] Regardez comment son ami l’antiféministe Olivar Asselin (il déteste LA femme mais pas les femmes, écrit Grignon) concluait sa correspondance : « Mes  hommages à Madame G., et à vous l’assurance de ma parfaite amitié. » Antiféministes mais d’une courtoisie qui n’existe plus. Peut-être parce que rares aujourd’hui sont les femmes à mériter ce genre de courtoisie. À toutes les femmes que j’ai vouvoyées, je me suis fait ordonner de les tutoyer. Et si la bonté de Donalda, personnage phare de l’œuvre de Grignon, ne vous convainc pas de son appréciation des femmes, vous ne méritez que d’être féministe ou, encore pire, de baiser une féministe. Comme disait un ami mafieux de je ne sais trop quel pays latin : el beso de la muerte !

[ii]http://www.ledevoir.com/opinion/blogues/mots-et-maux-de-la-politique/336695/asselin-a-l-asile

[iii] http://www.journaldemontreal.com/2015/12/22/claude-henri-grignon-avait-il-tout-faux Est-ce ce qui est  dangereux qui est craint ou ce qui est catholique ?

Commentaires   

 
0 #1 Mathieu Plourde Turcotte 13-04-2016 15:16
"Mes hommages à Madame G" Je n'ai pu m'empêcher à une certaines partie sensible du corps féminin... haha Comme dirait Dieudonné, il faut bien rire.
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