mercredi, 03 octobre 2018 13:38

Montréal : « The land of confusion »

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Réjean DeGaule

Quand j'entends cette chanson du groupe anglais Genesis c'est Montréal qui me vient en tête. Ça pourrait tout autant être Paris, Londres, etc., Dans ces métropoles, personne ne sait rien de son voisin. Les divers quartiers sont géographiquement rapprochés, mais des univers entiers les séparent les uns des autres en ce qui a trait à la façon de vivre. Les cloisons mentales sont légions sur l'île de Montréal.

Mon travail m'amène aux quatre coins de Montréal et même en dehors de Montréal et ma clientèle est diversifiée. Lorsque je m'adresse à un client qui a vécu toute sa vie dans le même quartier et que je lui parle de ce qui se passe à Ville-Saint-Laurent, à Rosemont, Côte-Saint-Luc, Côte-des neiges, Notre- Dame-de-Grâce, Lasalle, Verdun ou de tous les autres quartiers dans lesquelles il n'a jamais vécu, j'ai l'impression de lui parler d'un autre univers. Les moins habitués à Montréal, ceux qui y habitent que pour étudier ou qui habitent depuis moins de 2 ans ne sont pas en mesure de repérer où les pauvres se logent et où les riches se cachent. Certains immigrants croient que la bonne marche de l'économie rend Montréal à l'abris des problèmes et n'ayant jamais vu d'altercations violentes, certains se croient dans un paradis ouateux. Ne leur viendrait jamais à l'esprit qu'il y a des suicides, des inégalités monstrueuses, que l'armée canadienne, commandée par le père de notre actuel Premier ministre, a pris l'assaut de Montréal pour enfermer arbitrairement des gens suspectés d'apartenir au FLQ, il y a seulement 38 ans. Je parle d'Hochelaga. Certains ne savent pas que ça existe. Je leur dit que ça a déjà été le 3e quartier le plus pauvre en Amérique et, soudainement, Hochelaga devient une attraction touristique pour humaniste en manque de cause humanitaire. À tous ces gens qui n'ont en commun que de ne rien connaître des quartiers dans lesquels ils ne vivent pas (parfois, on peut se demander s'ils ont déjà fréquenté un Québécois en dehors d'un édifice gouvernemental), je leur parlerais de la vie sur la planète des singes ou dans un univers de film de science-fiction qu'il s'y reconnaitrait davantage. Dans cette confusion la plus totale, une conception de l'argent totalement abstraite règne, car personne n'a suivi le déroulement du processus qui a permis la construction des objets qu'ils consomment. Dans cette confusion la plus totale, quoi de plus logique que de voter pour ces parties qui vivent déjà dans cet univers abstrait où personne ne se comprend totalement ? Le rouge et l'orange de la carte électorale montréalaise est aussi représentatif de la vie montréalaise que Justin Trudeau est représentatif des Québécois. Si le résultat de l'élection peut aider à comprendre l'état d'âme du Québec en dehors de Montréal, il n'en n'est rien pour le résultat de l'élection à Montréal. Le résultat du vote montréalais serait annulé qu'on arriverait à comprendre bien mieux Montréal... et peut-être aussi le Québec.

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