mardi, 25 septembre 2018 09:47

Multiculturalisme canadien et diversité culturelle authentique

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VanPelt

En ces temps de campagne électorale, il est toujours bon de flatter l’immigré et de jouer sur la sensibilité humaniste de nos chers contemporains. Puisque parler d’immigration est désormais de «l’intolérance», on se contentera de nuancer un peu le débat.  Redonner du sens aux mots est toujours bon pour lire entre les lignes de la novlangue politicienne.  

Le Multiculturalisme canadien et la diversité culturelle authentique.

Ne confondons pas la «diversité» vantée par le multiculturalisme canadien et la diversité culturelle mondiale. La première est locale et artificielle ; la seconde, internationale et authentique. La diversité est effectivement une richesse pour l’âme lorsqu’une juste curiosité intellectuelle et l’amour de l’altérité [i] nous poussent, hors de nos frontières, à découvrir les richesses culturelles que recèle le monde. Le voyage est à l’initiative de cette découverte. C’est dans celui-ci que l’individu chemine vers la diversité bien comprise, élargit ses horizons et remet en question sa vision du monde. On est loin de ce projet politique d’inspiration anglo-saxonne dans lequel les communautés culturelles ghettoïsées sont sommées de vivre les unes à côté des autres pacifiquement, mais dans une parfaite division. «Rassemblées en tant que séparées», pour parler comme Guy Debord.

«La diversité est toujours une force»!

 

«Une force» pour qui? C’est ça la question qu’il faut se poser! Une force pour une communauté nationale en souffrance ou pour le capital?

Je réitère ici ce que j’ai dit lors de notre Webradio [ii] : le Canada multiculturaliste n’attend pas nécessairement que l’immigré s’intègre à la communauté nationale – communauté nationale liquidée et non reconnue comme communauté pérenne et historique par les libéraux – parce qu’elle ne représente, à leurs yeux, qu’une masse servile et bon marché. L’immigration massive n’a rien a voir avec de l’humanitaire, de l’altruisme ou de l’amour de la diversité culturelle : elle est d’abord motivée par des raisons économiques, c’est-à-dire qu’elle profite intégralement à la machine capitaliste qui cherche à limiter ses couts de production. Comme le dit si bien Francis Cousin : «Si le capital […] met en valeur le migrant, ce n’est pas parce qu’il est attaché au bien des hommes, mais parce qu’il voit dans les hommes des biens qu’il va rentabiliser!». Belle manière de respecter la «diversité»!

D’où le fait que l’immigré soit systématiquement déclassé [iii]. Le docteur chinois, le juge algérien et l’ingénieur syrien, ne pouvant obtenir d’équivalence, devront se résoudre à trouver de plus petites jobs, souvent des postes ingrats dans le secteur du service ou à reprendre des études, ce qui est difficile si on veut remplir le réfrigérateur.

D’où la paupérisation des quartiers à forte population immigrée, occasionnant la pollution, la violence et le repli communautaire. Oui, le «repli communautaire» parce qu’entre un quartier pauvre et un autre quartier pauvre, l’immigré, qui est tout sauf un imbécile, va choisir le quartier pauvre de sa communauté pour des questions d’entre-aide communautaire évidentes.

Le spectacle de la diversité

Le spectacle de la diversité culturelle est là pour donner bonne conscience aux responsables de ce manège. On multiplie les festivals culturels comme pour réaffirmer notre intérêt aux coutumes étrangères …ou pour s’excuser de ne pas tout à fait offrir aux nouveaux arrivants le rêve américain qu’ils convoitaient. Ainsi, on réduit des cultures magnifiques à une série d’artifices folkloriques pour amuser la galerie tout en oubliant qu’on les exploite. Du vrai racisme de gauche [iv].

Pour ne donner qu’un exemple rapide, je pourrais parler du festival ukrainien [v] qui a eu lieu du 7 au 9 septembre à Montréal. C’est un formidable moment de gaité et de découverte et il n’est pas question de nier le remarquable raffinement de la culture ukrainienne, sauf que…  …sauf qu’on exalte là que ses aspects les plus superficiels. La bouffe, les costumes, la musique, c’est excellent, mais la Montréal égalitaire, progressiste et laïque est-elle seulement capable d’accepter les aspects les plus profonds de la culture ukrainienne? Son christianisme? Sa conception de la famille? Son fort nationalisme? …j’en doute fort! Nous, par contre, oui.

L’altermondialisme comme nouvel humanisme

Les apologètes altermondialistes [vi] de Québec Solidaire refusent de faire les liens entre politique d’immigration et capitalisme décrits plus haut.  S’ils peuvent produire une critique pertinente du capitalisme ou accepter une certaine forme de protectionnisme culturelle (loi 101), ils se refusent de manière dogmatique à considérer la question migratoire autrement que comme un humanisme, alors même que des penseurs de gauche (Francis Cousin, Robert Clavijo, Jacques Sapir, … ) réaffirment le caractère éminemment économique de la politique d’immigration. 

 

QS persiste dans sa volonté d’offrir une autre mondialisation, même si cette dernière est décriée par tous les analystes sérieux. Pour eux, le contrôle des frontières, c’est du nationalisme, donc du repli sur soi, donc c’est du racisme, bla bla bla… …vous connaissez la musique.

C’est pourtant la mondialisation qui est la première menace à la diversité du monde. À l’étranger, elle liquide les cultures locales pour y substituer les modèles culturels hyper standardisés d’aspiration américaine. Il en va de même dans les métropoles cosmopolites, comme Montréal, qui recréent les effets de la mondialisation. L’avenir de la diversité, qu’elle soit globale ou locale, c’est de s’uniformiser sur le modèle anglo-américain. Où sera passée la «diversité», quand tout le monde parlera anglais et ne verra le monde qu’à travers la lorgnette du néolibéralisme?

Culture et nation sont indissociables. C’est l’indépendance d’une nation qui garantit au mieux l’intégrité de sa culture. Il n’y a pas de culture sans peuple libre.

Compte tenu de ce principe universel, on  devine facilement la contradiction de la ligne de ce parti qui prétend être à la fois «souverainiste» et «altermondialiste». Ses militants devraient comprendre qu’on ne bâtit pas l’avenir sur un oxymore. 

La diversité locale du Québec

Encore faut-il le rappeler : le Québec est déjà d’une grande diversité! Je fais bien sûr référence à ses premières nations. Celles-ci pourraient effectivement enrichir le génie québécois si on les laissait s’intégrer à la communauté nationale. Hélas, les partis soi-disant ouverts à la diversité préfèrent opposer l’autochtone et le Québécois de souche pour des questions historiques. C’est ce que propose le programme de QS, en grand arbitre de l’histoire, avec le «droit à l’autodétermination». Ils feraient bien mieux de s’inspirer du Mexique qui, malgré des problèmes qui persistent, a su accepter sa douloureuse histoire afin de créer une cohésion nationale durable.


[i] Ce qui, chez l’autre, le rend différent de moi. La différence culturelle, en somme.

[ii] http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/video/item/20710

[iii] Descend dans l’échelle sociale.

[iv] Le racisme de gauche consiste à vouloir qu’un individu issu de l’immigration ne s’imprègne pas du génie culturel local pour le réduire à une vision simpliste et stéréotypée de la culture étrangère, mais qui fait le jeu des politiques multiculturalistes et antinationnalistes.

[v] http://ukefestmontreal.org/fr/accueil/

[vi] Extrême gauche post communiste. Les altermondialistes produisent une critique pertinente du capitalisme et des aspects financiers de la mondialisation, mais demeure fermement antinationalistes et pro immigration par antiracisme.

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