dimanche, 12 aout 2018 14:14

Les valeurs familiales au service du Capital

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Mike Deschamps

À l’heure où les valeurs familiales disparaissent sous le poids du rouleau-compresseur capitaliste, les petites et moyennes entreprises ainsi que les multinationales cherchent désespérément une stratégie pour fidéliser et pour tirer le meilleur de leurs employés. Les entreprises l’auront compris.Lorsque l’individu est consommateur, le système dominant qui s’acharne à briser la structure familiale traditionnelle, pousse ce dernier dans l’individualisme afin qu’il n’y ait  aucune entrave à la consommation. La situation s’inverse lorsque celui-ci est employé : le Capital utilisera les codes de vie familiale  afin d’obtenir un meilleur rendement dans le milieu professionnel.

« Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux»

Le Capital, par l’intermédiaire des entreprises, n’hésitera pas à employer la ruse pour amadouer le prolétaire. Ainsi, la stratégie qui consiste à rapprocher les gens, afin qu’ils se connaissent mieux n’est rien d’autre qu’une approche libérale. C’est donc en utilisant les valeurs de la famille, que le Marché (qui prend ses racines dans l’ultra-libéralisme anglo-saxon) organise des événements : parties de golf, parties de Noël, « get together » pause-café, repas du midi, etc. L’entreprise qui dit posséder un « esprit de famille » ne compte que sur le rendement de ses employés. Tranquillement, l’État-nation, garant du peuple et de ses valeurs, cède sa place au libéralisme qui prendra le peuple sous son aile pour en faire un peuple de prolétaires dociles et dévoués à sa cause. Mais pour que la sauce prenne bien, il faut ajouter un élément : l’émotion.

Joindre l’utile à l’agréable

Pour que le prolétaire soit résilié à accepter sa condition d’esclave, l’entreprise usera de l’émotion. C’est ainsi que dans les événements qui se veulent ludiques, entre deux blagues, on rappellera aux prolétaires qu’il est important que ceux-ci se donnent à fond, qu’ils participent à la vie d’un « club social », qu’ils font partie d’une « famille soudée » qui contribue à  un meilleur chiffre d’affaire annuel…tous les discours sont bons pour enfumer le prolétaire. Mais c'est la réaction de ce dernier qui est parfois désespérante : il mord à l’hameçon, il participe volontiers au spectacle feignant d’ignorer qu’il s’agit d’une mascarade, il écoute de manière attentive et il applaudit chaque discours du grand patron. Quand le prolétaire devient « l’employé de l’année », il se sent tel un enfant encouragé par son père, alors que c’est à ce moment précis qu’il vient d’atteindre un stade supérieur dans la servilité.

Se confier dans la famille libérale

L’entreprise qui a gagné la confiance du prolétaire, poussera ce dernier qui ne s’est rendu compte de rien, à se confier. On finira donc par savoir si l’employé est juif, musulman, homosexuel ou transgenre et dans certains cas, il sera applaudi par l’ensemble des esclaves qui y voient là, l’adhésion à la vie de famille en entreprise. Pour certains, cette confession sera un atout, pour d’autres un obstacle s’ils sont trop honnêtes.

Une expérience vécue

Tout le monde se présente et indique sa fonction dans l’entreprise lors d’un « get together » pause-café. Une s’écrit après avoir décrit sa fonction dans l’entreprise « …et je suis mariée à un juif » et son collègue juif renchérit « elle part bientôt en Israël ». Tout le monde applaudit! On ose à peine imaginer ce qu’il se serait passé si elle avait déclaré être mariée à un Palestinien. La personne qui s’exprime donc ici d’un point de vue personnel sait qu’il s’agit d’un atout.

S’émanciper d’une société qui est à l’image de son mode de production

Quand on pense à la société marchande, on pense souvent au consumérisme et à ses effets sur les consommateurs, sans nécessairement penser à la servitude qui sévit en entreprise. Est-ce le matérialisme qui pousse l’individu à la servilité ou le simple fait de devoir survivre et donc d’accepter son sort ?  Quoiqu’il en soit, le désir d’être valorisé dans un environnement qui pousse à la compétition entre les individus est un fait. Dans un passé pas si lointain, l’ouvrier faisait confiance à son employeur qui traitait ce dernier avec respect. Aujourd’hui dans un monde ou l’émancipation personnelle passe par le travail, et où la stratégie consiste à enfumer ses employés à coups de « valeurs familiales », il est important de se rappeler le sens que l’on donne à la vie afin de s’émanciper de la  société marchande.

Commentaires   

 
0 #1 Louis-Philippe 12-08-2018 16:33
Mon employeur, une institution financière, participe fièrement à la Fierté LGBT et il se targue d'être une entreprise inclusive. J'ai pris la ferme décision de rester discret sur ma vie privée quand je suis au travail.
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