jeudi, 26 avril 2018 11:10

Attentat « À Cash city »

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Victor Rumilly

Ce n'est pas exactement le contact de la mort qui fait tant souffrir, puisque cette punition a été sanctifiée (rendue sainte) par Celui qui s'est appelé la Vie.
-Léon Bloy

Il a fallu que facebook m'avertisse qu'un des « amis » était en sécurité dans les environs de Toronto un peu après l'attentat du 23 avril pour apprendre que quelqu'un y vivait. «Vivre à Toronto ?», ai-je pensé avec étonnement. Est-ce possible que quelqu'un y vive ? Je ne croyais pas qu'on puisse y vivre, alors comment croire qu'on puisse y mourir ?

Remarquez, on pourrait dire la même chose de Vancouver et, dans une moindre mesure, de Montréal...

Quand Lionel Groulx dit : « Nous sommes la génération des vivants. Vous êtes la dernière génération des morts. » Notre chanoine national n'y incluait certes pas les citadins de notre modernité qui, je m'yinclus, ne sont ni morts ni vivants. Nous errons comme des damnés enchainés à nos codes barres pour éviter que nous puissions effrontément vivre et ainsi mourir.

Le conducteur présumé du véhicule qui a fait 10 morts et 15 blessés à Toronto, ce lundi 23 avril, se disait contraint de vivre seul en raison des femmes... selon les réseaux sociaux.

Son acte était-il motivé par de la mysogynie ? Ça ne fait rien, faisons comme si c'était le cas. Ce sera interprété ainsi de toute façon.

Sans cette embardée spectaculaire, lui non plus je n'aurais pas su qu'il habitait Toronto et j'imagine que « les femmes » non plus ne pouvaient jusqu'alors le savoir.

Tout le monde est seul à Toronto. Autant les hommes que les femmes. Tout le monde le sait.

L'anonymat est la règle. Si vous ne sortez jamais de cette ville... aucun chalet... aucune famille...aucune maîtresse... aucune spiritualité... rien à l'extérieur de cette ville... Si quelqu'un réside en permanence à Toronto sans rien de tout ça, j'imagine mal ce que ce torontois peut avoir de vivant. D'autant plus qu'on y parle anglais... et pas l'anglais de Shakespeare, plutôt cette langue qui ne nécessite qu'une trentaine de mots de vocabulaire. Celle utilitaire. Celle qui ne permet pas de vivre autrement qu'en mécanisme d'une machine. Celle des immigrants économiques qui l'ont apprise sur le tas. Celle avec laquelle on est le seul à véritablement se comprendre. Celle avec laquelle on ne peut qu'être seul
ou imcompris.

Ceux qui apparaissent moins seuls ont de l'argent, mais lorsque votre entourage n'est retenu que par l'argent, aussi bien dire que vous êtes seuls. Donc, voilà, tout le monde est seul à Toronto. Les femmes, les hommes, tout le monde.

Une chanson qui en dit long sur Toronto

Luc De LaRochelière chantait : « Quand les yeux qui supplient tout l'monde danse avec sa solitude...sa folitude.

A Cash City

Tout l'monde rêve à l'amour chacun a son histoire de cul
Et quand revient le jour tout l'monde reste déçu
Tout l'monde fait son petit numéro et danse seul dans un coin
Tout l'monde fait l'même rêve porno de se tenir la main »

A Cash City » https://www.youtube.com/watch?v=CpdU1hjHBQo

De Larochelière confiait, lors d'un concert auquel j'ai assisté il y a quelques années, avoir puisé l'inspiration de cette chanson, parue en 1990, dans un passage à Toronto.

Toronto a peut-être changé depuis le temps, mais ce que l'on sait de l'auteur de l'attentat confirme qu'il y a encore beaucoup de vrai dans la chanson Cash city de Luc De Larochelière.

Ce qui est incroyable de Toronto, c'est qu'à partir d'aujourd'hui on pourra dire qu'il n'y aura eu que la mort pour rendre la ville vivante. Même les excellentes performances sportives des différentes équipes de la ville par les temps qui courent n'auront su donner que l'illusion d'une exaltation vivifiante à comparer au regain réel de vie qu'a permis l'attentat. Qui sait ? Peut-être pourra-t-on parler de communion torontoise d'ici la fin de la semaine. Et la solitude des uns et des autres reprendra ses droits ensuite.

Raison pour laquelle il faudra un jour qu'on m'explique ce qui attire autant de gens là-bas...

Pour arriver à ce résultat, j'ai l'impression que le Ministère de l'Immigration et de la citoyenneté du Canada a besoin de raconter beaucoup de conneries aux immigrants... et ce, depuis fort longtemps.

Si le Ministère de l'Immigration et de la citoyenneté du Canada raconte toute la vérité aux immigrants sur ce qui les attend au Canada, il ne me reste plus qu'à supposer que certains refusent de vivre par peur de mourir...

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