mercredi, 05 septembre 2018 14:32

Québec solidaire, c'est le faux-nez des Libéraux

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Patrice-Hans Perrier

C’est ce qu’expose Jean-Yves Duthel dans un essai qui relate l’arnaque d’une extrême gauche au service du grand capital.

Nous avons rencontré Jean-Yves Duthel dans un petit café du Sud-Ouest de Montréal afin qu'il nous entretienne sur « Québec solidaire à vendre – vendu », son dernier livre publié aux éditions Michel Brûlé.

Remontant le cours de l'histoire jusqu'à la Révolution française, l'auteur nous rafraîchit la mémoire sur cette extrême gauche qui n'a jamais hésité à liquider les acquis des luttes ouvrières afin d'imposer son programme : une révolution mondiale au service d'une nouvelle oligarchie sans scrupules.

« La Révolution mange ses propres enfants »

Citant le socialiste français Léon Blum, l'essayiste nous rappelle en sirotant son café que « l'extrême gauche est à la démocratie ce que la verrue est au visage » et qu'elle semble, donc, prendre un malin plaisir à saboter tout ce que nos démocraties ont tenté de mettre en place depuis des lustres.

Revenant sur les tristes événements de la terreur française à la fin du XVIIIe siècle, Jean-Yves Duthel démontre que les révolutionnaires ont fait, en fin de compte, le jeu d'une nouvelle bourgeoisie d'affaire qui a fini par rafler la mise. Ainsi, il aime citer une phrase prémonitoire attribuée au révolutionnaire Saint-Just au moment de monter sur l'échafaud : « La Révolution mange ses propres enfants ».

Cette allégorie pourrait très bien illustrer ce qui s'est passé avec la récupération du mouvement étudiant des carrés rouges, en 2012, dans un contexte où une série de grèves étudiantes a inspiré un mouvement de contestation chez plusieurs couches populaires du Québec.

Rappelons que, sous la direction de Jean Charest, le Parti libéral du Québec (PLQ) était aux prises avec une cascade de scandales à gérer alors que les industries de la construction et du génie-conseil étaient montrées du doigt à cette époque. Une fois le mouvement de contestation calmé, certains leaders étudiants, à l'instar de Gabriel Nadeau-Dubois, en ont profité pour se joindre à Québec solidaire (QS) afin de prendre d'assaut le gouvernement de Pauline Marois.

Le projet de charte des valeurs torpillé par QS

Nous étions en 2013 et M. Duthel souligne que l'équipe péquiste n'a pas été en mesure de contenir l'ego de Bernard Drainville, le père de la Charte des valeurs québécoises. Ainsi, « l'erreur de Drainville, c'est d'avoir refusé les trois amendements que la Coalition Avenir Québec avait suggérés. S'il avait accepté [un compromis], on aurait une charte aujourd'hui », prend-il la peine de préciser.

Rappelons qu'en octobre 2013, un sondage CROP avait révélé que 50 % des répondants appuyaient le projet d'une charte qui devait, notamment, encadrer les prestations des services des employés de la fonction publique afin de neutraliser les « signes religieux ostentatoires ».

C'est aussi à cette époque que les troupes de Québec solidaire se sont mises à tirer à boulets rouges sur un Parti Québécois (PQ) que l'on qualifiait de réactionnaire et xénophobe. Le chef de l'opposition officielle d'alors, nul autre que Philippe Couillard, estimait que ce projet de charte était susceptible de semer inutilement la discorde. Il tentait, du même coup, de récupérer l'effet de peur généré par la propagande mise en scène par les ténors de la gauche québécoise.

Par ailleurs, M. Duthel tient à nous souligner que, bien avant la controverse entourant la charte des valeurs, le Parti Québécois avait déjà tenté de courtiser l'exécutif de QS à plusieurs reprises. Dès janvier 2012, Jean-François Lisée, que Pauline Marois avait nommé ministre des Relations internationales, organisera une rencontre avec Amir Khadir et Françoise David afin de discuter de convergence avec les solidaires.

Cependant, toute la démarche tombera à l'eau puisque « Pauline [Marois] avait refusé parce que Québec solidaire, à l'époque, ils voulaient des comtés et ils ne voulaient rien donner en échange », se remémore notre interlocuteur.

Gruger l'aile gauche du PQ

Malheureusement, Jean-François Lisée n'a pas tenu compte de la mise en garde de sa patronne et, une fois devenu chef du Parti Québécois, il s'est remis à courtiser Québec solidaire. On connaît la suite.

Jean-Yves Duthel note, toujours dans son essai, que « dès 2010, le PQ doit constater que plusieurs de ses membres le quittent pour rejoindre QS. J'habitais alors dans les Caraïbes, une île où de nombreux péquistes venaient au soleil. J'en ai reçu quelques-uns et quelques-unes. Le "danger QS" n'était pas dans leur champ de vision. C'est plutôt la nouvelle Coalition Avenir Québec de François Legault qui les préoccupait. On aurait dit qu'il leur était impossible de mâcher de la gomme et de marcher en même temps ».

Mâcher de la gomme et marcher en même temps

Presque une décennie plus tard, le PQ ne semble toujours pas capable « de mâcher de la gomme et de marcher en même temps ». Le Parti Québécois de Jean-François Lisée s'est mis à courtiser dangereusement l'électorat de Québec solidaire, en mettant non seulement son projet d'indépendance sous les boisseaux, mais aussi toute la question de l'identité nationale. Là encore, le subterfuge de QS saute aux yeux : pendant qu'il culpabilise le PQ sur sa droite, il fait semblant de détenir la vertu indépendantiste.

Et pourtant, M. Duthel nous prévient que « la déclaration par Québec solidaire qu'il est souverainiste est une supercherie pure et simple ». Il en a pour preuve ce slogan pigé à l'intérieur du programme de QS : « Nous sommes d'un Québec souverain et solidaire ».

M. Duthel développe son point en précisant que « pour arriver au ''Grand Soir'', Québec solidaire propose un outil vieux comme le monde : la création d'une Assemblée constituante. Une fois de plus, la charrue est mise avant les bœufs. En toute logique, les assemblées constituantes qui se sont tenues dans l'Histoire mondiale étaient élues une fois le nouveau régime proclamé. L'aspiration à la liberté ne peut être canalisée qu'en son tout », conclut-il.

« Québec solidaire À VENDRE -VENDU », un essai de Jean-Yves Duthel, a été publié par les éditions Michel Brûlé, en 2018. ISBN : 978-2-89485-696-3

Source : le-peuple.ca

 

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