mardi, 05 juin 2018 10:50

Ça en a le goût, la couleur….et c’en est!

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« Mon enfant aurait pu faire la même chose. » Une formule qui revient souvent dans les allées des musées « d’art moderne ». Quelques minutes à traîner ses guêtres dans ces instances du snobisme que sont les Fondations Cartier, l’amas de tuyaux à la Pompidou, ou les clownesques expositions au Grand Palais le justifient bel et bien.
Car franchement, certaines « œuvres » du contemporain sont proches de la blague à Toto. « Oui mais les goûts et les couleurs », et « non mais c’est ton avis », et gratte-moi voir le dos pour voir si on entend la marée qui monte !
Tout comme pour justifier un capitalisme malade de lui-même, tel un cadavre pourrissant qu’on tente de ranimer à coup d’argent fictif, l’art contemporain est un de ces phénomène qui doit toujours justifier de son escroquerie pour pouvoir être considéré comme de l’art, comme du beau. Ce qui est pourtant évident, ne devrait pas avoir à se justifier.

 

De l’idéal à la table rase

Vestige d’un sacré qui s’est peu à peu perdu dans les eaux du dollar, ce qui est communément appelé de l’art est une recherche d’harmonie. De Vitruve à Cimabue, Michellangelo ou Ingres, la représentation du monde à travers l’art de la représentation fait écho à cette harmonie perdue, ce lien avec le monde que nous n’avons plus.
« L’art est mort, et bien mort », lance Hegel. Une formule froide qui en dit long sur notre éloignement progressif d’avec le monde, notre besoin de l’idéaliser alors que nous ne pouvons plus le vivre.
En bout de chaîne vient l’art contemporain, ou le stade avancé de son pourrissement cadavérique.
Alors « c’était mieux avant ? » Un Pierro della Francesca, un Caravage, un Velasquez ou un Goya avaient au moins la décence de laisser des œuvres, de laisser un savoir-faire et une empreinte de transcendance du monde. Le temps, la constance et la maîtrise des maîtres restent leur meilleurs juges.
Suivant un progressif cortège d’innovations techniques: la perspective (autant symbolique que stylistique, en mettant Dieu parmi les hommes), la représentation de la lumière, les matériaux, l’exécution (intérieur-extérieur)… Oui, l’art évolue, mais en fonction de son passé. Sans lui cracher à la gueule.
Tout comme la sagesse du père se transmet au fils, l’élève sait tirer le meilleur de la palette du maître. Bosch, Poussin, El Greco, Vinci, Titien, sont admirés par Delacroix, Corot, Monet ou Cézanne. Les derniers savent ce qu’ils doivent à leurs prédécesseurs.
Van Gogh use de sa mélancolie pour peindre la Provence. Mais il n’y touche pas. Elle reste ce qu’elle est.
Dans sa logique d’emprise sur toutes choses et de liquidation du trop plein de marchandises (canons comme hommes), le XXème ne sera plus un siècle de transmission, mais de destruction, de soustraction.

Les ténèbres du XXème

Avec l’explosion générale de la Première Guerre Mondiale, le mouvement du capital, passant de la domination formelle à la domination réelle, appliquera de nouvelles méthodes. La boue des tranchées, la viande de rat, la perte de toute dignité pour le prolo des « temps modernes ». L’art n’échappe pas à la règle de la dé-volution.
Et c’est par des maîtres du mondain comme Duchamp, Warhol, ou Koons, nouveaux papes de la « hype » artistique, que la supercherie trouve toute justification. C’est le point de non retour. Le « no-future » du bourgeois, repu des galeries branchouilles du Upper East Side à New York, aux rives de Seine à Paris. La bohème prolo disparaît pour laisser place à l’internationale de l’enchère, aux Sotheby’s,-Drout-Bergé, la nouvelle gauche !
L’art n’est plus à la transcendance (Une annonciation/Une Vierge à l’Enfant), ou à une émotion profonde devant la banalité du monde (Un bateau qui chavire/ Un angélus/Une partie de cartes). Non, désormais tout est de l’art. Donc rien ne l’est. Du p.q, aux balais chiottes (les artistes hypes aiment bien tourner autour du trou de bal apparemment), tout objet, dans une messe sacrée de la marchandise, s’étiquette « Art ».
Le figuratif disparaît, le monde réel n’intéresse plus. C’est le concept frelaté qui fait bander le bourgeois rotant son champagne, ou le petit branché lecteur de Tecnikart qui finit son coca. La représentation qui pouvait émerveiller le populo est mise au rencard. Hormis un couillon d’étudiant en histoire de l’art (et encore…), qui peut lire une image religieuse dans nos temps éclairés ?

Toute la duplicité de l’art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu’on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n’importe qui. (…) Un aveu d’inoriginalité, de banalité et de nullités, érigées en valeur, voire en jouissance esthétique perverse. L’autre versant de cette duplicité, c’est, par le bluff à la nullité, de forcer les gens, a contrario, à donner de l’importance et du crédit à tout cela, sous le prétexte qu’il n’est pas possible que ce soit aussi nul, et que ça doit cacher quelque chose. L’art contemporain joue de cette incertitude, de l’impossibilité d’un jugement de valeur esthétique fondé, et spécule sur la culpabilité de ceux qui n’y comprennent rien, ceux qui n’ont pas compris qu’il n’avait rien à comprendre. » – Jean Baudrillard (De la conjuration des imbéciles)

Les visages, les corps, les émotions, deviennent triviales, ringardes, et laissent place à l’arrogance. Du slogan à T-shirt sérigraphié, ou du petit coussin avec sa Marylin wharolée, tout finira bien par devenir marchandise.
Provoc, infantilisme, justification par l’absurde, latex et merde en conserve, tout un programme. Et l’outrecuidant un minimum sensé, considérant cet amas de couillonnades en barquette frôle très vite le fascisme si il ose le prendre pour ce qu’il est. Car en effet, défigurer une place publique avec un god anal, revient ni plus ni moins qu’à semer la merde. A vous de voir si vous aimez la renifler ? Mais tout comme l’amateur de vin, la différence se fait très vite entre un grand cru, et le cubi plastique à 3.50.
« Le plus grand danger pour la plupart d’entre nous n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignons. » rappel Michelangelo. Oublié depuis.

Faire fructifier de la merde avec de l’argent inexistant

Avec la libération du joug germain par nos bienfaiteurs McDo, la capitale de l’art qu’était Paris se déplace à New York. Le marché de l’art s’établit du coté de Wall Street, adopte définitivement ses mœurs, et devient une vraie foire à la thune.
Avec Duchamp comme maître à penser, pimentant par-ci par là sa logorrhée avec l’aide de son pote Breton, le moindre foutage de gueule plastique devient surréaliste et preuve de génie. La règle d’or est comme en politique : faire de la marge, la norme. Courbet a certes peint une origine du monde bien touffue. Mais il n’y en a qu’une et elle fut découverte des décennies après sa réalisation. Montrer de la chatte et de la bite est aujourd’hui règle de galeriste, et par paquet de douze.
Le messie Duchamp justement qui reprochait à un de ses comparse (Bernar Venet) de « vendre du vent. » Formule superbe, qui résume tout. Et surtout l’essentiel : vendre !
Pour faire prendre la sauce, la recette est simple : un ministère de la culture passant à un ministère de la création dans les années 1980 sous l’égide du sémillant Jackouille Fripouille Lang, en créant un corps administratif de fonctionnaires au dessus des lois pour l’achat et la commande d’œuvres (pas de justification et de critères à donner), et une réduction fiscale massive sur les « œuvres d’art contemporain » achetés par les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC). Du grand boursicoteur François Pinault, à l’ancien dirlo du Louvre, Henri Loyrette, le réseau y a que ça de vrai ma gueule !
A cela, un peu de diktat intello, avec l’obligation à l’ouverture sur ces « nouvelles formes d’expressions », et « l’abandon de tout jugement et tout préjugé » organisé par les Inrocks/Télérama et consorts. Laisser mijoter. Subventions et sommations. Même du temps de l’art d’État soviet on faisait pas mieux.
Spéculant sur leur propres cotes, les petits fripiers de l’art moderne vont jusqu’à vendre leurs déjections avant même de les avoir « pondues», comme l’a fait Damien Hirst avec son Crane incrusté de pierres précieuses. Tout comme les matières premières, il s’agit de spéculer sur le produit pour faire grimper la mise.

Le grand atout de l’art contemporain, concept polymorphe, couché sur un contrat exécutable partout, circulant sous forme de fichier, est sa fluidité planétaire. (…) Le Financial Art est incernable et furtif, sauf pour ceux qui le fabriquent ! Ses experts sont toujours impliqués dans la fabrication de la cote, c’est leur gagne-pain. Le conflit d’intérêts est inévitable. » – Aude de Kerros, L’imposture de l’art contemporain. Une utopie financière.

Par un juste retour des choses, ce « Financial Art » plagie bien le monde de la bourse : du faux dollar, pour de fausses œuvres.
Au crépuscule de son existence, le capitalisme marchand digère et chie tout ce qu’il avale. « L’art contemporain », son petit poulain et l’une de ses dernières chiures. Et il applique les mêmes règles.
Alors à la différence de votre enfant de deux ans qui ne sait pas ce qu’il fait quand il barbouille sa feuille, « l’artiste contemporain » lui, si. Il fait de la merde, et il finira bien par la vendre.

Source : diktacratie.com

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