samedi, 13 janvier 2018 10:51

La communication 3.0, ou le délitement des rapports humains au 21ème siècle

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Comme les PDG des Mac Donalds, Coca Cola, LIDL ou autres nombreux avatars de la malbouffe, qui à l’abri des regards, ont leurs habitudes aux tables des meilleurs restaurants, on sait aussi depuis quelques années que les dirigeants des géants des télécommunications qui régissent désormais nos modes de vie, tels les facebook, Apple, Microsoft, et consorts interdisent à leurs enfants l’utilisation des propres services et technologies qu’ils développent pourtant à grand renforts de propagande et de publicité, voire d’exode fiscal pour les plus consciencieux.(facebook contre Facebook( AgoraVox), Bill Gates et ses enfants( BFM), "Notre obsession du smartphone ressemble beaucoup à l'épidémie d'obésité, d'après une psychologue de MIT"(business insider) ) Peut-être le fameux «  faites ce que je dis, pas ce que je fais  » si cher aux politiques, mais cette fois-ci à la sauce industrielle. Nul ne sait comment ces énergumènes parviennent toujours à s’accommoder de telles contradictions, dont il faut reconnaitre que nous sommes tous plus ou moins atteints à des degrés divers, ceci -au passage- ne devant pas pour autant être une excuse, si souvent présentée comme explication fourre-tout et assez facilement dédouanante pour tout un chacun.

Ainsi, si les inventeurs se méfient de leur création, c’est qu’il pourrait y avoir -peut-être- de véritables raisons de s’inquiéter et d’insister un peu plus sur cette problématique, dont nous agoravoxiens utilisateurs du net, ne saurions trop nous soustraire…

On reprend rapidement ce qui est maintenant connu  : outre les multiples scandales liés aux atteintes à la vie privée, la surveillance généralisée, la censure, la manipulation des utilisateurs et des données, la conservation et l’exploitation des historiques, la propagation de fakenews ou de contenus violents, l’orientation politique, la modération, le conditionnement social et la gestion "comptable" de nos relations, facebook est accusé de rendre tout simplement ses utilisateurs plus malheureux (intrusion, espionnage, publicité sociale mensongère, jalousie, baisse de l'estime de soi, stress, comportement asocial et isolement, dépressions, suicides, addiction, course au « like » et au nombre d'amis, net-narcissisme, « bulles de filtres », baisse des facultés cognitives, nomophobia (no mobile phobia), revenge porn, "destruction du tissu social", etc..)(L'ExpansionLe monde, Les échos sur l'addiction, wikipédia)

Quid des profils fantômes constitués sur les non-membres à leur insu ?...(Le Soir.be)

 

 Etrange et terrifiant non ?

Et on ne parle pas du danger physique des smartphones qui au delà du zombie urbain qu'il fait de nous comporte des risques de maladies physiques ou d'accidents de la voie publique...

On rappellera que Zuckerberg construit son pactole par la publicité et notamment le pistage très élaboré de ses utilisateurs, dont le temps de cerveau disponible est secrètement très étudié lui aussi…

IA quand tu nous tiens…

 

 

« Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit » célèbre maxime contemporaine

 

Et on pourrait en rajouter beaucoup d’autres, sans avoir à faire d’études spécialisées pour çà. Un simple bons sens suffirait.

Car en réalité, il est nul besoin d’arriver jusqu’à l’ère des « réseaux sociaux » pour établir un diagnostic de décrépitude communicationnelle, celui-ci a été fait depuis bien longtemps, même s’il n’a jamais été entendu, allez dire à la bande d’ados rebelles que nous sommes devenus que la fête ce soir se finit à 21h, cela nous fera une belle jambe, et si nous parlons de « communication 3.0 » ce n’est pas tant le « 3 » qui nous intéresse ( même si apparemment on serait déjà passé au 4, comme 4G pour les « digital native connected », ils se reconnaitront...), que le chiffre zéro, comme «  Zéro sociaux », nous semblant par là-même beaucoup plus symptomatique.

 

Car le problème que pose internet et ses corollaires est évidemment celui du « progrès » d’une manière générale - dans un contexte capitaliste en particulier- et qu’évidemment celui-ci on l‘a dit ne date pas d’hier. Certains chercheurs marquent ainsi un des débuts du délitement massif des rapports humains traditionnnels au moment de l’apparition de l’écriture, consubstantielle à celle de l’agriculture et de la sédentarisation durant le néolithique et la disparition très progressive de la transmission orale (révolution néolithique : wikipédia), question qui avait d’ailleurs opposé déjà anciens et modernes en leur temps (sur la technologie de l'écriture, wikipédia ), on sait lesquels ont fini par gagner, malgré quelques foyers de résistance dont les chansons, proverbes populaires, contes pour enfants ou autres confréries secrètes en sont quelques dernières reliques.

Est-ce au passage à ce moment-là que nous serions passés du bâton à parole aux conversations à bâtons rompus ?

 Les experts en communication savent en tout cas tirer très bien partie de la moins-value qualitative qu’engendre l’utilisation généralisée du langage écrit concis à distance, devenu aujourd’hui email, twitt, like, sms, ou émoticon mais que sait-on des conversations de demain, assistera-t-on à un retour en force de l’onomatopée ? A en croire les échanges des jeunes, on peut penser que même ici sur AV on est déjà un peu has been… Mais c’est vrai que dans une société totalitaire, pourquoi aurait-on besoin de littératurer ?

 

Moi aussi j'ai osé...

 

Il ne faut pas oublier qu’un des moteurs essentiels de l’innovation est le souci de rentabilité et de recherche de profit, exacerbés bien entendu à l’heure du smartphone, on pourrait même dire en accélération exponentielle, et nul ne sait où cela va se finir, dans les étoiles ? Non, plus probablement dans un dénouement beaucoup plus terre à terre... A ce titre, l’attitude protectrice de nos PDG vis-à-vis de leurs progénitures devrait en ce sens nous rappeler que quand on parle de progrès, ce n’est pas de progrès humain qu’il s’agit véritablement, mais plutôt de compte en banque- désolé pour le scoop- malgré les discours techno-scientistes récurrents, véhiculés de manière subli-minable dans les nombreux affichages médiatiques publicitaires dont le phénomène rassurant de sponsoring est devenu marqueur de réussite professionnelle.

Alors l’argument massue qui est traditionnellement rétorqué face à la critique du progrès, et qui arrive inévitablement dans les diners quand on arrive à parler d’autre chose que du dernier record de transfert au Barça, des enfants d’aujourd’hui qui sont devenus insupportables, ou des bourdes inoffensives des présidents de la république, est le suivant :

 

« le problème ce n est pas la le progrès, c’est la façon dont on l’utilise, on peut bien l’utiliser et mal l’utiliser, çà dépend des gens… »

 

C’est d'ailleurs le message officiel de Facebook, l’outil serait « neutre  ».(cf lien précédent les échos sur l’addiction)... Bien sûr...

Déjà, une chose que l’on nous a tous appris, tout du moins pour ceux qui sont allé à l’école c’est que le « çà dépend des gens  » est proscrit en dissertation. déjà.. 

Ensuite voyons que vaut cet argument du progrès qui ne serait pas mauvais en soi, auquel nous répondons personnellement par un changement d’angle de vue, qui sera probablement utile à tout un chacun. La réponse à la question du progrès ne serait donc pour nous pas de savoir effectivement si c’est bien ou mal, d’ailleurs celui-ci a toujours existé et existera probablement toujours. La question est de savoir qui en est à l’origine ?

Et c’est là toute la différence, si collectivement nous choisissons d’accepter une nouvelle technologie dans notre vie, cela n’aura pas du tout le même impact que si c’est un seul homme ou groupe d’hommes qui imposent à toute la communauté, par une multitude de biais et pour tout un tas de raisons, notamment de gains individuels, leurs choix et visions personnels…

Inutile de nous répondre que la main invisible du marché et le mythe de l’offre et de la demande traduit les besoins réels et authentiques des individus pour le bien commun, il n’en est rien, toutes ces théories (fumeuses) ont été réfutées depuis longtemps, même par les économistes les plus éminents(Les échos, "Si la main invisible d’Adam Smith est invisible, c’est qu’elle n’existe pas !"). Non le problème n’est pas économique, domaine trop soumis aux bas instincts et à notre crédulité, le problème est éminemment politique, censé élever un peu plus le débat :

Choisissons-nous ou subissons-nous le progrès ? La simple réponse à cette question devrait suffire à notre compréhension de l’origine véritable de l’effondrement actuel. Car la vie est fragile, et l’homme rancunier dans son coeur, et notre fin a probablement commencé lorsqu’un seul d’entre nous a voulu choisir pour tous les autres, jusqu’ à qu’une infime poignée d’individus arrivent aujourd’hui à posséder la majorité des richesses disponibles sur Terre …

Ainsi la théorie selon laquelle le progrès serait toujours négatif s’il n’est pas accepté par tous, incluant notamment les sages de la communauté(en particulier les femmes, les enfants et las anciens), ne serait-elle pas très difficile à démontrer si l’on voulait s’en donner un peu la peine…

 

 

Alors que dans certaines cultures l’on a compris depuis des milliers d’années que seule la pratique assidue du consensus, tout du moins pour les décisions importantes, (hommes femmes enfants vieillards compris), quel que soit le temps que cela prenne (kogis wiki, 10 valeurs essentielles des kogis), permet de pérenniser les rapports sociaux, et de pouvoir parler réellement d’intelligence collective, autrement que par des slogans de community managers, l’homme autoproclamé civilisé, lui, a laissé petit à petit sa liberté personnelle dans la main de quelques habiles usurpateurs qui savaient mieux parler que les autres, et qui grisés par une quête de pouvoir sans fin et sans retour, ont fini par se prendre pour des incarnations de Dieu sur Terre, avec la "Civilisation" moderne pour royaume éternel...(heureusement, celui-ci ne devrait pas durer en fait encore très longtemps…)

Je vois les gens qui vont me traiter d’utopiste ou de je ne sais quel autre quolibet et qui me répondront qu’on peut pas changer tout comme çà, qu'on va pas revenir en arrière, que « la démocratie est le moins pire des système », selon la formule consacrée de Churchill, mais qui commence à dater sérieusement et qui émanait d’un chef de guerre il faut le rappeler, alors oui, effectivement on ne peut pas à cause de gens qui disent qu’ « on ne peut pas »…. Et heureusement la politique ne s’arrête pas à l’assemblée nationale, elle commence dans notre couple, dans notre famille, au travail, avec nous-même,….

Oui, peut-être faudrait-il commencer par le commencement et retrouver déjà le goût de se regarder en face ?

Source : agoravox.fr

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