jeudi, 16 fevrier 2017 10:45

Une zone économique africaine sous tutelle de la Banque de France

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Note du Bonnet : La colonisation peut prendre différentes formes. Les intérêts économiques des élites mondialistes en Afrique sont loin d'être négligeables, on comprend donc l'intérêt de transformer l'Afrique en un immense champs de bataille. On comprends aussi l'intérêt de placer des dictateurs qui veilleront au bon déroulement des affaires. Cette même élite qui s'accapare des richesses de l'Afrique, organisera ensuite des levées de fonds au sein des peuples occidentaux pour aider les peuples africains. La stratégie du mensonge est toujours aussi rentable.

Introduction

Si vous êtes un entrepreneur désirant travailler avec les pays de la zone franc, ou opérer à partir d’un pays de la zone franc, vous devez savoir que le fonctionnement des échanges entre ces pays et la France a des particularités dont vous pouvez éventuellement tirer parti ou subir en fonction de votre situation. C’est par ailleurs un fonctionnement à connaitre car la plupart des pays d’Afrique subsaharienne francophone appartiennent à la zone franc.

Des particularités étranges

Naïvement, j’avais toujours pensé, que la zone du franc CFA était une zone monétaire comme celle de l’Euro par exemple, avec une banque centrale par pays et une super banque centrale qui chapeautait le tout, comme la Banque Européenne vis-à-vis de la Banque de France et des autres banques centrales des pays membres de la zone Euro.

Mais, dès qu’on zoome sur la zone CFA, on remarque plusieurs curiosités et on comprend, qu’il s’agit d’un modèle différent.

UNE zone CFA ? Non DEUX !

Déjà, en fait il n’y a pas une zone CFA mais deux :

 

1- L’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) avec :  Sénégal, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Cote d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Bénin qui relève de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO à Dakar) et qui utilise le franc de la Communauté FinancièreAfricaine (XOF)

2- la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) avec : Tchad, RCA, Guinée Equatoriale, Cameroun, Gabon, Congo qui relève de la Banque centrale des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC à Yaoundé) et qui utilise le franc de la Franc de la CoopérationFinancière en Afrique Centrale (XAF)

On note que le sigle CFA ne signifie pas la même chose partout et qu’en fait nous sommes face à des monnaies distinctes, CFA n’est pas le sigle qui désigne la monnaie de façon universel, c’est un simple surnom, une sorte d’enseigne commerciale en quelque sorte, et bien qu’elles apparaissent comme une seule monnaie vu de la France et qu’elles aient la même parité, elles ne peuvent être utilisées que dans leur zone propre.

Par exemple un tchadien qui voyage chez ses voisins au Niger devra convertir ses FCFA XOF en FCFA XAF, et paiera une commission de change (in fine à la Banque de France en fait).

Enfin, il faut noter qu’au sein des zones CFA, les différents pays posent des barrières douanières, le fait d’appartenir à une même zone monétaire n’implique pas d’appartenir à une zone de libre échange à l’image de l’Europe, ce sont 2 concepts distincts.

Récapitulatif des zones CFA

Zone

Institut
d’émission

Code
Monnaie

Parité
Pour un Euro :

UEMOA BCEAO XOF 655,957
CEMAC BEAC XAF 655,957

Les relations avec la Banque de France

La BCEAO et la BEAC ne sont pas vraiment les équivalents d’une Banque Centrale gérant un espace monétaire comme l’est la Banque Européenne vis-à-vis de l’Euro par exemple. En réalité, ces 2 banques dites “Centrales” n’ont pas toute la souveraineté habituelle d’une banque centrale. En fait, elles relèvent toutes 2 de la Banque de France, elles ont un compte à la banque de France et chaque état membre des unions a un compte ouvert par le Trésor Public français auprès de la banque de France. (On verra plus loin comment ces comptes fonctionnent)

Les principes de fonctionnement

Depuis sa création en 1945, quatre principes sont supposés régir le fonctionnement de la zone CFA :

1- Fixité des changes FCFA Euro

2- Libre convertibilité entre XOF/XAF et Euro

3- Libre transférabilité des capitaux de la zone CFA vers la France

4- Principe des comptes d’opérations (Centralisation des changes)

Les CFA arrimés à l’Euro

On note déjà que la fixité des taux avec l’Euro est inhabituelle, une monnaie d’un espace monétaire standard fluctue vis-à-vis des autres monnaies en fonction des échanges (de biens, de services, de capitaux) qui s’opèrent entre elle et des pays d’autres zones monétaires. Ici ce n’est pas le cas, le CFA est arrimé à l’Euro et il suit donc les fluctuations de l’Euro vis-à-vis des autres monnaies, si l’Euro s’apprécie par rapport au Dollar, le CFA s’apprécie de même et les produits exportés par les pays des zones CFA vers les USA deviennent plus coûteux pour les américains etc.

On déduit donc que ces pays sont par ricochet accrochés à la zone Euro en terme de la valeur relative de leur monnaie, ce qui est peu réaliste compte tenu de la différence de niveau de développement. En effet une communauté monétaire se fonde sur une relative homogénéité, ou au moins complémentarité des économies de cette communauté.

Les principes 2 & 3 signifient qu’en termes d’échange monétaire, il n’y a pas de contrôle de change entre un pays d’une quelconque zone CFA et la France ni entre les pays d’une même zone CFA.

Il faut toutefois noter que la convertibilité est limitée aux transferts bancaires entre la France et l’un quelconque des pays d’une des zones CFA. Par contre, les billets ne sont pas convertibleset il n’y a pas de convertibilité entre les zones UMEOA et CEMAC.

Ainsi, une entreprise française aura beaucoup de facilités pour travailler avec des pays de la zone franc : pas besoin de devises, transfert de capitaux sans entrave entre le pays d’une zone CFA et la France (notamment rapatriement aisé des bénéfices). Les mêmes règles s’appliquent pour les échanges entre les pays de l’UEMOA d’une part et pour les échanges entre les pays de la CEMAC d’autre part, mais encore une fois, pas entre un pays de l’UEMOA et un pays de la CEMAC.

Architecture des zones

 

Donnez moi votre montre, je vous dirai l’heure

Le principe 4 est le plus technique. D’abord, il faut préciser que la banque de France ouvre d’une part un compte pour chaque banque centrale (Un pour la BCEAO et un pour la BEAC), d’autre part un compte pour chacun des états membres des zones.

Voila comment cela fonctionne :

Exportation d’un pays du CFA vers la France

Imaginons une exportation de 5 M d’Euros de la Cote d’Ivoire vers la France, c’est simple, le Gouverneur de la banque de France prend son crayon et ajoute + 5 M dans le compte d’opérations associé à la Côte d’Ivoire et le tour est joué !

Exportation d’un pays du CFA vers un autre pays que la France

lorsqu’un pays de la zone CFA exporte vers un autre pays que la France, il récolte des devisesqui alimentent la Banque Centrale considérée. Et cette banque Centrale a alors obligation de transférer sur son compte d’opération ouvert à la Banque de France au moins 50 % de ses rentrées de devises. (A la création des zones CFA, la règle était 100 %, puis une première réforme en 1973 a ramené l’obligation à 65 %, puis 50 % depuis 2005).

A ce jour donc, c’est la Banque de France qui gère 50 % des devises des pays des zones franc. Si par exemple, vous exportez des vêtements vers les USA à partir du Cameroun, pour un montant de 50000 USD, 25000 USD devront être transférés par la BEAC à la Banque de France.

Pourquoi cela me demandez-vous ?  Et bien officiellement, en échange d’une garantie par la France, de convertibilité du CFA en Euro !

En pratique, la Banque de France place les devises présentent sur les comptes principalement en obligations d’état émises par la France et d’autre part ces devises sont utilisées pour racheter du CFA qui en vertu du principe de libre transférabilité vu plus haut a tendance à revenir vers la France … On voit alors les banques centrales africaines, racheter leur propre monnaie avec leurs propres devises afin de maintenir le taux de parité vis-à-vis de l’Euro …

Enfin, il faut préciser que les instances de gouvernance et d’exécution de tout ce système (Conseil d’Administration, de surveillance, …) incluent des représentants de l’état français qui possèdent un droit de veto et qui sont payés pour préserver les intérêts de leur pays (Ce qu’on ne saurait leur reprocher par ailleurs).

Conclusion & conséquences

L’observation du fonctionnement des zones francs montre que les pays qui y participent auront tendance à avoir moins de capitaux disponibles sur le marché financier local, en clair, qu’il sera plus difficile à l’entrepreneur local de trouver des crédits sur le marché bancaire de son pays. Ensuite l’exportation des produits locaux sera handicapée à cause de l’arrimage de la monnaie à l’Euro.

Donc si votre business demande des capitaux et ou si vous envisagez d’exporter, vous devrez prendre soin d’anticiper les difficultés très soigneusement. Éventuellement, tournez-vous vers lefinancement participatif (ou crowdfunding).

Par contre si vous avez développé un business local rentable, et que vous voulez jouir de votre argent en Europe, pas de problème, vous aurez toute facilité pour y rapatrier votre argent ! Mais ce sera au détriment de votre pays …

Source : business-en-afrique.net

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