samedi, 21 janvier 2017 12:29

Hasan Ibn al-Sabbah, Seigneur de la montagne et fondateur de L'Ordre des Assassins

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Il naquit en Perse dans la ville de Rey. Fils d'un marchand bois, il fit ses études à l'université de Nichapour. C'est là qu'il rencontra deux camarades, Abou-Ali-Hassan et Qhiyath-ed-tin, surnommé Omar-el-Khayyam, le "dresseur de tentes" (v. 1047-v.1122). A la fin de leurs études, les trois amis firent un pacte: «Celui d'entre nous qui atteindra la gloire ou la fortune devra partager à égalité avec les deux autres.»

Sous le titre de Nizam-al-Mulk, la "lumière du royaume" Abou-Ali-Hassan (vers 1040-1092) devint le dernier grand vizir du sultan Alp Ars-lan (1030-1073). Observant le pacte, il fit venir ses deux camarades et leur offrit loyalement de partager avec lui son pouvoir et ses richesses. Omar Khayyam, après avoir étudié puis enseigné les mathématiques à Samarkand, fut très heureux d'obtenir le poste de directeur de l'Observatoire de Merv à Ispahan.

Fin lettré et bon vivant, il s'adonnait avec jubilation à toutes les sciences. Il réforma le calendrier persan, écrivit des poèmes, chanta le vin et les femmes dans des vers qui resteront immortels (Roubayat).

Hasan ibn Al-Sabbah, plus ambitieux, accepta une haute charge administrative, mais, pressé "d'arriver", il se mit très vite à jalouser Abou-Ali, s'estimant à un rang trop inférieur par rapport à sa valeur. Laissant souvent libre cours à ses récriminations publiques contre le grand vizir il finit par le lasser. Après maintes disputes, son protecteur se fâcha et ordonna son arrestation. Hasan ibn al-Sabbah ne dut la vie sauve qu'en sautant par une fenêtre et en prenant la fuite. Il retourna à Rey, sa ville natale, où un vieil Ismaélien l'initia dans la doctrine secrète de sa secte.

Ismaélisme

L'Ismaélisme est une branche du chi'isme modéré ou "septimain" qui fonde sa croyance sur l'imamisme. Pour les Ismaéliens, Ismael est le septième imam, désigné par son père Djafar al-Sadiq, et qui entra en occultation avant de revenir en mahdi, parmi les vivants.)

Vénérant Ismael, fils cadet du sixième imam chi'ite, comme septième imam, les Ismaéliens professaient également une science secrète conférant à leurs adeptes des pouvoirs magiques, science à laquelle les initiés accédaient par degrés, en apprenant les arcanes des "Sept Sebayah", ou doctrine du droit chemin.

La doctrine du Droit Chemin

L'apprentissage du premier degré comportait le bon usage du haschich. Pour accroître leur courage physique et connaître l'illumination, les zélateurs de la secte s'accoutumaient à la drogue sous toutes ses formes: tisanes, confitures, fumée du narguileh, loukhoums.

Le second degré de l'initiation comportait l'étude des techniques d'autoguérison par le rêve.
Le troisième, le bon usage des poisons et la manière de s'en protéger.

La quatrième l'invocation des esprits et l'influence à distance.

La cinquième l'hypnotisme et l'envoûtement. Résidant en Egypte, les chefs de la secte tissaient peu à peu un réseau d'influence à travers tout l'empire.

A la mort du sultan, Abou Ali-Hassan fut maintenu à son poste de grand vizir par son fils, le sultan Malik Chah (1055-1092). Devenu ainsi le véritable maître de l'empire seldjoukite, il fonda à Bagdad la fameuse Nizamiyya, école supérieure d'études religieuses. Auteur du Seyaset Namè, un traité politique fameux, le vizir Abou-Ali-Hassan tomba sous les coups d'un tueur ismaélien (1092).

Un songe prémonitoire

Des historiens prétendent que ce fut sur ordre de son ami Hasan Ibn-Al-Sabbah. Gagné à la cause ismaélienne, Hasan tomba un jour très malade. Mais appliquant le pouvoir de guérison dont l'avait doté son initiation, il s'endormit, eut un songe qui l'éclaira sur son destin, et se réveilla guéri.

En 1072, il se rendit en Egypte à la Cour du Calife Mustansir (1036-1094) pour y prêcher les idées de la secte. Il passa plusieurs années à propager la doctrine ismaélienne, tout en continuant sa propre initiation à la Grande Loge Ismaélienne, jusqu'à ce qu'il atteigne le degré suprême, où il put enfin donner libre cours à son ambition.

Mais de sombres rivalités éclatèrent entre fidèles et des complots l'obligèrent à s'éloigner. Il s'embarqua pour l'Occident où il voulait parfaire ses connaissances. Une énorme tempête s'éleva et le navire faillit sombrer. Hasan ibn Al-Sabbah l'apaisa.

En débarquant sur les côtes de Syrie, l'équipage et quelques passagers subjugués par ses pouvoirs ne voulurent plus le quitter. Hasan forma alors ses nouveaux adeptes à un dévouement total. "Il faut que votre foi vous rende entre mes mains aussi dociles que le cadavre entre celles du laveur des morts", disait-il à ses fidèles.

La forteresse d'Alamont

Prêchant et enseignant sur leur passage, Hasan et ses disciples gagnent le nord de la Perse où, dans les environs de Qazwin, ils s'emparent de la forteresse d'Alamut, la fameuse "Alamont" des Croisés.

Il rend son nid d'aigle inexpugnable et, formant ses affidés aux techniques secrètes, il fut bientôt à la tête d'une bande redoutable. Ses sectateurs, les fidawis, formèrent un véritable corps armé mystique. L'usage du haschich en fumigations, au cours d'opérations magiques et comme stimulant pour l'exécution des missions périlleuses, rendit les fidawis invincibles.

A la mort de Mustansir (1094), Hasan ibn al-Sabbah prit ouvertement parti pour Nizar contre Musta'li dans la querelle de succession au Califat. Rallié aux Nizarites, il fonda son célèbre ordre des "Gardiens de la Lumière" plus connu sous celui d'Assassins, déformation franque d'Hashishins, dont il devint le grand maître en 1107.

Allié des chevaliers du Temple

De sa forteresse, Hasan se mit à harceler le pouvoir seldjoukide. envoyant ses tueurs empoisonner et étrangler vizirs et hauts dignitaires récalcitrants. La petite histoire raconte comment le Sultan de Bagdad échappant de peu à la mort fit supplicier son agresseur qui psalmodiait et souriait sous les plus terribles tortures, apparemment insensible à la douleur.

Lors des croisades, les guerriers d'Alamont, combattirent souvent aux côté:s des Croisés. Pas seulement pour des raisons de basse politique, mais également parce qu'il existait de réelles affinité:s entre la doctrine des moines combattants de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et la gnose ismaélienne.

Le Seigneur de la Montagne

Appelé le Cheikh du Djebel ou "Vieux de la Montagne" par les Croisés, son pouvoir occulte se répandit sur tout le monde musulman. Il décima, par le poison et le fer, les plus fidèles soutiens des califes de Bagdad, du Caire et même de Cordoue.

Un jour, Sindjar (1086-1157), le dernier sultan seldjoukide décida de l'anéantir et assiégea Alamont (1119). Une nuit, il trouva un poignard enfoncé dans un parchemin maléfique à la tête de son lit.

Il comprit la menace et leva le siège. Il délégua ses ambassadeurs à Hasan pour lui offrir la paix. Reçus dans la forteresse, les émissaires du sultan assistèrent médusés aux démonstrations du pouvoir de leur hôte. Vêtus de blanc, coiffés et ceinturés de rouge, les Fidawis montaient une garde d'honneur. Sur un signe du cheik, l'un d'eux prit un poignard et se trancha la gorge. D'un autre geste, le cheikh incita un jeune homme à se jeter du haut d'une tour. Obéissant, l'adolescent vint s'écraser à leurs pieds sur les dalles de pierre.

Hasan détenait un extraordinaire pouvoir personnel sur ses initiés ismaéliens. Le soir, dans sa forteresse, après la prière rituelle, le cheik réunissait ses guerriers et ses fidèles, leur parlait doucement de la gloire du Prophète et de son gendre, l'imam Ali, tout en dégustant une boisson magique à base d'orgeat où avaient macéré des feuilles de chanvre.

Un sommeil hypnotique

L'assemblée entière sombrait dans un irrésistible sommeil hypnotique peuplé de songes fabuleux et de visions enchanteresses. Transportés dans ce paradis de fleurs, de parfums et d'amour, les disciples y goûtaient les voluptés les plus rares dans les bras des houris, mêlant les délices de la table aux plaisirs de la chair. Au réveil, les adeptes se sentaient plus que jamais soumis à leur maître.

Hasan mourut le 12 juin 1124 dans toute sa gloire. Le "Seigneur de la Montagne" emporta dans la tombe quelques-uns des secrets de ses pratiques magiques. D'autres, recueillis par ses disciples, furent transmis oralement de génération en génération.

L'Ismaélisme survit jusqu'à nos jours

En 1265, les hordes mongoles s'emparèrent d'Alamont, mais les Ismaéliens, réfugiés dans la péninsule indienne, survécurent et leur doctrine entretenue par des initiés, parvint jusqu'à nous.

La lignée des Aga Khan en est l'héritière. Elle nous donna au vingtième siècle Muhammad Chah, Ali Khan et Karim (né au Creux-de-Genthod - Suisse - en 1936), prince moderne et grand-maître des Ismaéliens.

Source : science-et-magie.com

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