jeudi, 17 decembre 2015 06:56

Feuilleton : correspondance entre un québécois et un canadien-français (2eme partie)

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Juriste Curé

 

Moé : Canadien-français

Toé : Québécois

 

Cher toé,

Je suis ému que tu aies pris le temps de m’écrire dans une langue qui ne t’es pas familière. Fort distrayant est ce langage oral transformé en écrit. Mais il ne fallait pas. Je crois qu’il faille apprendre à marcher avant d’apprendre à courir. Je suis donc plutôt un adepte de l’existence d’un français classique, d’une grammaire commune et des insolences du frère Untel.

Voici l’extrait qui résume le mieux l’ensemble des insolences du frère Untel : « On est amené ainsi au cœur du problème, qui est un problème de civilisation. Nos élèves parlent joual parce qu'ils pensent joual, et ils pensent joual parce qu'ils vivent joual, comme tout le monde par ici. Vivre joual c’est Rock’n Roll et hot-dog party et balade en auto, etc. C’est toute notre civilisation qui est jouale. On ne réglera rien en agissant au niveau du langage lui-même (concours, campagnes de bon parler français, congrès, etc..). C’est au niveau de la civilisation qu’il faut agir. »

« Toé » t’emploierais peut-être pas l’expression « joual » plutôt les mots « permissif » ou « néolibéral ». Une société permissive à l’excès dans laquelle plus personne n’est contraint d’apprendre la grammaire commune ou un français somme toute classique. Mais ça revient au même.

Je comprends que la race canadienne-française, ce que vous appelez la culture canadienne française, se compose de plusieurs éléments de familiarités qui pourraient la protéger de l’influence étrangère, donc américaine, profondément « libérale » opposée à toute contrainte individuelle qui ne soit pas monétaire, profondément mortifère en ce qui concerne les races et cultures. Toutefois, à nos heures et à vos heures aussi, à en croire vos paroles, les insolences du frère Untel peuvent nous être « à toé et moé » très utiles :

« Pour échanger entre primitifs, une langue de primitif suffit ; les animaux se contentent de quelques cris. Mais si l'on veut accéder au dialogue humain, le joual ne suffit plus. Pour peinturer une grange, on peut se contenter, à la rigueur, d'un bout de planche trempé dans de la chaux ; mais, pour peindre la Joconde, il faut des instruments plus fins. »

Comme disait le frère Untel en ce qui concerne l’utilisation du joual : 

« Il est bien entendu que j'ai surmonté une fois pour toutes la tentation du perfectionnisme. Le perfectionnisme consiste à préférer le néant à l'imperfection. » 

Sur ces belles paroles, je retourne travailler mon champ. Et je ne peux que me désoler de votre « 1 ½ toute décrisse » ainsi que vos demoiselles qui « pète[nt] plus haut que leur cul ». Que Dieu vous donne la force de surmonter l’épreuve qu’il a placée sur votre chemin. Pourquoi ne pas se rencontrer, ce dimanche à la sortie de l’église – j’ai toujours voulu assister à une messe en ville – afin de poursuivre cette rencontre entamée épistolairement ?

Affectueusement,

Le canadien-français

Suite si Dieu le veut

Commentaires   

 
0 #2 Mariam 18-12-2015 19:01
J'attends la suite.
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0 #1 Frederic 17-12-2015 21:59
Un régal, on en veut encore!
Brillant!
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