Quelqu’un a-t-il songé aux Musulmans ?
Le SPD (parti socialiste allemand) et les Verts sont sur la même longueur d’onde en Basse-Saxe. En mars, leurs groupes parlementaires avaient réclamé dans une motion que soient complétés les « cursus de base » à « tous les niveaux scolaires », de manière à ce que « la réalité des personnes d’identité sexuelle différente soit prise en compte et traitée de façon adéquate ». Des groupes de travail tels que le réseau SchLAu (SchwullesbischeBiTrans*Aufklärung - éducation LGBT) doivent mettre en place des projets éducatifs en bénéficiant du soutien du Land, préconise la motion.
Ce qu’il faut entendre par « façon adéquate » fait actuellement l’objet de débats dans une consultation écrite. Le département bas-saxon de la CDU (Union chrétienne-démocrate) a refusé de soutenir la motion et renvoyé la question de l’éducation aux lois sur l’instruction publique et aux droits parentaux. La démarche a également paru exagérée aux yeux de nombreux parents qui craignent l’hypersexualisation par le biais de l’enseignement. Les enfants ne doivent en aucun cas subir quelconque forme de discrimination si leur sexualité connaît un développement différent, a déclaré aux lycées de Basse-Saxe la dirigeante de la Fédération allemande des conseils de parents d’élèves Petra Wiedenroth.
La fédération s’exprime au nom de 250000 parents bas-saxons. Cependant, ces derniers n’auraient pas été inclus dans les discussions, d’après les plaintes émises par les conseils de parents d’élèves. On constaterait également l’absence de dialogue avec les parents d’origine étrangère : « A-t-on requis l’avis des associations musulmanes sur cette affaire ? », s’interroge Mme Wiedenroth. Les parents s’irritent surtout de la disparition de toute limite d’âge. En outre, on ne définit pas qui contrôle les groupes de travail dans les classes en l’absence du professeur.
La diversité sexuelle dans toutes les disciplines scolaires
Ce point est effectivement resté inchangé dans les cours d’éducation sexuelle. Dans l’idéal, le professeur est censé sortir de la classe. Tout de même, au lieu de se contenter de faire tourner le même disque en boucle comme auparavant, il faut aujourd’hui mettre fin à l’inhibition. Sexopédagogues indépendants et éducateurs remplaceront l’enseignant, aussi bien lors du projet étudiant « Amoureux en toute sécurité » que de « La jeunesse contre le SIDA », partie du projet scolaire « Une école positive », sans oublier le groupe d’activistes bénévoles SchLAu. L’objectif est de permettre la représentation de la diversité sexuelle à une échelle multidisciplinaire.
Bien entendu, cela se passe également dans les manuels scolaires. Petra Wiedenroth a examiné l’un des nouveaux livres de mathématiques, dans lequel figure l’image d’une maison où habitent deux femmes bisexuelles avec un enfant adopté, image suivie d’un énoncé. On retrouve d’autres maisons dans ce livre, raconte-t-elle, et aucun d’entre elles n’abrite une famille avec père, mère et enfant.
Rien d’étonnant : certains groupes estiment en effet que cette vision de la famille date d’« avant-hier ». Dans l’invitation lancée par « Vie et environnement », fondation basse-saxonne proche des Verts, au colloque « Homosexualité et hétéronormativité dans les manuels scolaires », sont employés les termes suivants : « Cette domination de l’image d’une famille traditionnelle semble d’autant plus incompréhensible que les désirs sexuels, relevant autrefois du privé, font à présent l’objet de débats publics sur une base quotidienne ». Cette image doit donc disparaître, ou dans l’idéal être abordée sur un pied d’égalité avec les autres représentations de la famille à l’école. Ce serait toutefois loin de faire l’unanimité auprès de tous les parents gais et lesbiens.
Qui sont les précurseurs de cette nouvelle vague éducative ? Du reste, celle-ci est-elle vraiment nouvelle ? La Société de pédagogie sexuelle (Gesellschaft für Sexualpädagogik, GSP), ainsi que son président et cofondateur Uwe Sielert, professeur de pédagogie à Kiel, exercent une influence particulière. Sielert est le représentant d’une pédagogie sexuelle axée sur le genre, et grâce à laquelle il a l’intention de « dénaturaliser » trois postulats : noyau familial, hétérosexualité et générativité, ainsi que limites d’âge entre générations.
Un sexopédagogue de premier plan qui s’est constitué un réseau solide
Sielert a également effectué des recherches sur les processus de socialisation et sur l’encadrement des garçons. Il provient de l’école de recherche sexuelle dite néoémancipatrice fondée par Helmut Kentler, pédagogue social et chercheur en sexualité autrefois honoré auprès d’un large public. Kentler a recueilli des jeunes garçons. Au début des années soixante-dix, il a confié des adolescents abandonnés à des pédérastes présentant des antécédents judiciaires. Ceux-ci ont reçu des pensions du Sénat et Kentler passait régulièrement leur rendre visite, à des fins de « supervision ». Ces évènements n’ont jamais suscité de tollé. Prise en charge d’enfants contre du sexe, tel était l’accord, à l’instar du cas Gerold Becker à l’Odenwaldschule[2]. Kentler s’était alors lui-même discrédité en tant que scientifique et tout particulièrement en tant que pédagogue. Quiconque de nos jours se réclame de lui depuis cette affaire, doit disposer de raisons valables.
Unique en Allemagne, la société de Sielert dispense leurs lettres de noblesse aux sexopédagogues. Sielert dispose de bonnes relations, notamment avec le Centre fédéral pour l'éducation à la santé où il a travaillé par le passé. Il a également cofondé l’Institut de pédagogie sexuelle. Dans les années quatre-vingt-dix, en collaboration avec le photographe Will McBride, il a réalisé le livre « Fais-m’en voir plus ! », dont le titre est une allusion au livre pour enfants controversé du même McBride « Fais voir ! »[3] auquel Kentler avait consacré une préface.
Sielert a par ailleurs été membre de plusieurs commissions, dont la commission sur l’« Éthique sexuelle de l’Église évangélique » ou la commission « Sexualité, violence et pédagogie » de la Société allemande pour les sciences de l'éducation dont il fait partie également. Il est possible de consulter le programme Gender-Mainstream (genre à l’attention de masses) de Sielert dans le service d’information du Centre fédéral pour l'éducation à la santé.
Le professeur Elisabeth Tuider, de Kassel, est elle aussi membre de la GSP. Elle a publié, en collaboration avec Sielert, un livre intitulé « Repenser la pédagogie sexuelle » et sous-titré « Décloisonnements postmodernes ». Elle est en outre auteur, avec plusieurs collègues tous membres de la GSP, de l’ouvrage de référence « Pédagogie sexuelle de la diversité ». Ensemble, par le biais de « méthodes pratiques », ils entendent enseigner aux enfants et aux adolescents où il est « donc possible de glisser le pénis » afin de fournir des éclaircissements sur l’aspect « diversité ».
Dans la préface, Elisabeth Tuider se réfère ouvertement à Sielert et Kentler. Dans un exercice, des écoliers de dix ans sont invités à faire part de leur « position ou pratique sexuelle préférée » tout en se déplaçant avec entrain à travers la salle de classe sur une musique dynamique.
Ce livre s’adresse à des pédagogues et des animateurs jeunesse, avec un tirage de trois mille exemplaires. Il est recommandé par SchLAu et le syndicat bas-saxon Pro-Familia. Pro-Familia est une association d’utilité collective encouragée, subventions à l’appui, par les pouvoirs publics du fédéral, des Länder et des communes. Le livre est également étudié dans les locaux de la Volkssolidarität (organisme de secours populaire). Un membre du comité directeur de la Société allemande de prévention et d’action l’utilise même dans des ateliers destinés aux enfants et aux adolescents.
Les écoliers censés inventer de nouvelles pratiques sexuelles
La méthode employée par Elisabeth Tuider et ses collaborateurs s’appuie explicitement sur la « confusion » et l’« ambiguïté[4] ». Les enfants sont censés montrer les pratiques sexuelles qu’ils ont toujours voulu essayer. Instruction à l’attention des pédagogues : « L’animateur modère l’activité et y prend part s’il le désire ». Personne ne s’enquiert des souhaits de l’enfant. Au cours de séances de massage destinées à des enfants de dix ans, le mot d’ordre est « chair de poule » et une mince couche de vêtements suffit, d’après les consignes, afin que puissent être pleinement ressentis les effets de massages effectués dans des directions différentes, à des pressions différentes. À ces fins, les participants peuvent recourir à diverses techniques de massage, avec « démonstration à l’appui par l’animateur ». Les auteurs conseillent également de faire en sorte que personne ne puisse jeter un œil dans la salle de classe depuis l’extérieur.
Est également recommandée la présence d’un « journal mural » où les enfants doivent consigner leurs pensées, « même les plus dégoûtantes, les plus perverses et les plus défendues en apparence ». L’animateur explique cette consigne tout naturellement. Les écoliers doivent ensuite, en petits groupes, inventer des « pratiques sexuelles intergalactiques » interdites sur Terre. Un exercice oral consiste également à pousser des « gémissements sonores » et à tenir un « langage obscène » ; un autre, à enduire d’une grande quantité de vaseline des moules en plâtre ludiques représentant certaines parties du corps ; quant à l’exercice « Sexualité durant les menstruations », il permet à des enfants, dès l’âge de douze ans, d’élaborer des situations de sexe à plusieurs au moyen de jeux de rôle. Les écoliers reçoivent également des explications sur le sexe oral et anal, le gang bang, l’ingestion de sperme et sur le « nouveau bordel pour tous ».
Ursula Enders, de l’association « Zartbitter » contre l’abus sexuel de garçons et de filles, considère ces pratiques comme transgressives. Elle affirme que les centres de consultation spécialisés font quotidiennement état d’une large proportion de violence sexuelle commise par des adolescents et constatent l’évidence de la confusion déclenchée par la forte pornographisation de la société chez de nombreux jeunes gens, garçons et filles.
Elle ajoute que la pédagogie sexuelle doit faire office d’intermédiaire entre l’orientation sexuelle et la sexualité dans un environnement qui observe scrupuleusement les limites, et proposer un espace de discussion protégé entre identités sexuelles différentes. « Une pédagogie sexuelle de la diversité » qui recourrait à des méthodes levant les limites sexuelles, serait une fumisterie. « Il s’agit d’une nouvelle forme de violence sexuelle qui encourage en outre les agressions sexuelles chez les jeunes », déclare Ursula Enders. Dans les années quatre-vingt, des pédocriminels auraient vendu les abus sexuels et le mépris pour les différences entre générations comme de la pédagogie progressive.
D’après Ursula Enders, certains auteurs et sexopédagogues se servent à présent des revendications légitimes du mouvement transgenre pour entraîner des enfants plus âgés et des jeunes gens vers une confrontation avec des formes de sexualité qui lèsent leurs limites personnelles. Elle fait remarquer à titre d’exemple que réfléchir dans le cadre d’un exercice de groupe à la façon de se procurer des accessoires tels qu’un vibromasseur, des stimulants sexuels, des menottes, des photos de nu ou des tenues de cuir, ne fait aucunement partie des questions que se posent des garçons et des filles de quatorze ans. Et la militante de s’interroger : « Comment une jeune personne vendue dans le cadre d’un réseau de prostitution enfantine est-elle censée se sentir si on lui demande de concevoir « un nouveau bordel pour tous » en cours d’éducation sexuelle ? »
« C’est extrêmement dangereux », renchérit Christina Hennen, psychothérapeute pour enfants et adolescents, membre de l’Association des psychothérapeutes allemands. Une telle pédagogie serait une tentative pour faire éclater toute limite de pudeur chez l’enfant et l’adolescent. Christina Hennen estime que des pédagogues se servant de l’état de dépendance des écoliers pourraient les forcer à l’obéissance.
Elle considère le prétendu aspect de « diversité » et de « holisme[5] » comme un prétexte. « On essaie ici de cacher la réalité de l’enfant, y compris les expériences négatives potentielles telles que l’abus sexuel et la violence », poursuit la psychothérapeute. D’après elle, ce type de pédagogie sexuelle constitue du réchauffé. Sous le couvert du « genre » reviendrait ici ce qui avait déjà été reconnu comme transgressif dans le mouvement « Kinderladen[6] » et dans le courant de l’Education nouvelle[7]. « Les enfants sont délibérément embrouillés. Ils ont précisément besoin de tolérance pour développer leur personnalité, bien entendu, mais également de clarté et de structures ». Elle constate par ailleurs que les différences biologiques existent bel et bien, et que tout ne se transmet pas, loin de là, uniquement par l’éducation, ce qui vaut également pour l’orientation sexuelle.
Le mariage et la famille sur le devant de la scène
Un procureur va plus loin. D’après cet enquêteur, qui travaille depuis dix ans sur l'abus sexuel des enfants et la pornographie sur Internet, le livre contiendrait des instructions très claires qui pourraient servir d'encouragement à des actes pédocriminels sur les enfants. Selon ses dires, le procureur avait toujours trouvé des textes similaires dans les ordinateurs des pédocriminels actifs.
En 2008, le professeur Tuider avait rédigé l’épitaphe de Helmut Kentler avec le concours du sociologue Rüdiger Lautmann . Ce dernier, qui officiait à l’Université de Brême, avait publié en 1994 un livre intitulé « Soif d’enfants. Portrait du pédophile ». Malgré tout, en 2006, Lautmann était encore membre du Conseil consultatif du projet de recherche« Enquête pratique et conforme au droit sur la situation des enfants au sein de partenariats ou communautés composés d’individus de même sexe ». Il y avait été convié par le ministère fédéral de la Justice.
Seul le Land du Baden-Württemberg a vu la dite diversité se heurter à une résistance plus farouche. Bernd Saur de l'Association des philologues allemands se réjouit que les parents et les enseignants aient pu, ensemble, mettre des barrières à ce type d'enseignement. Le mariage et la famille sont à nouveau la figure de proue des lignes directrices imprimées au plan d’action pour l'éducation, reporté à 2016. Saur a également consulté les enfants à ce sujet. Des élèves de sixième[8], qu’il surnomme « Fünferle[9] », ont reçu sa visite dans la salle de classe, après le cours de biologie. « Que venez-vous d'apprendre ? », a-t-il demandé. « L'éducation sexuelle », répondent les enfants. Une jeune fille a ajouté: « Nous avons appris tout cela, mais nous n’en aurons besoin que plus tard. »
[1] Ndt : 2e secondaire au Québec
[2] Ndt : « Théologue de formation et de réputation nationale », « réputé pour ses publications spécialisées sur l'”Éducation Nouvelle” », Becker était le proviseur de l’Odenwaldschule et a « violenté plus de 80 jeunes garçons âgés de 12 à 15 ans », au long de « 15 années de service ».
[3] Ndt : Ce livre d’éducation sexuelle montrant des jeunes nus avait suscité la controverse et fait, entre autres, l’objet d’une tentative de censure au Canada. Après avoir été saisi aux douanes, il avait finalement été accepté en appel.
Source : faz.net
Commentaires
«Allemagne : à nouveau de la prison pour une mère refusant des cours d'éducation sexuelle»
http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com/2014/11/allemagne-nouveau-de-la-prison-pour-une.html
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.